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Commentaire de Pierre Régnier

sur Le vingt-et-unième siècle sera religieusement correct


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Pierre Régnier Pierre Régnier 23 mars 2012 10:12

@ Jullien

Si j’ai choisi ce propos de Luther rapporté par Hannah Arendt c’est parce qu’il me semble bien définir « Dieu » chez tous ceux qui croient à son existence. Bien sûr, en disant cela je fais bondir ceux qui croient à un Dieu « indéfinissable » et qui croient à une très grande vanité de l’homme cherchant à le définir.

Ceux qui « bondissent » ainsi d’indignation sont, selon moi, les croyants dangereux. Parce qu’ils se mentent à eux-mêmes, parce que ça leur permet de se sentir irresponsables devant la violence très explicitement et très justement, selon eux, commandée par Dieu.

Ils se mentent à eux-mêmes puisqu’ils attribuent à leur Dieu des caractéristiques très humaines. Ils lisent « ses paroles » dans la langue des humains, l’écoutent « leur parler », racontent son histoire, ses interventions dans la vie des humains, collationnent et transmettent ses ordres, ses exigences, ses bienfaits… et ses épouvantables méfaits qui ne doivent jamais, selon eux, être considérés comme tels. Ils justifient et enseignent ses appels à commettre le mal qui, selon eux, ne peut être qu’un bien puisqu’il vient de LUI.

Toute ma démarche, depuis maintenant vingt ans, vise à mettre ces croyants « auto-trompés » devant leurs responsabilités : si d’autres croyants commettent des crimes religieux c’est tout simplement parce que leur Dieu « le leur a demandé ».

Mais si j’ai choisi cette définition de Luther, c’est aussi parce que c’est celle qui me permet à moi-même, et bien que devenu agnostique, de "croire encore en Dieu" et, surtout, de croire que mes frères croyants au sens plus classique ne sont nullement condamnés à servir éternellement la prétendue « bonne » violence, celle qui serait commandée par le bon Dieu, pour des raisons qui nous échappent mais qui seraient « forcément bonnes ».

Je me sens toujours frère en spititualité des chrétiens dont je me suis éloigné, parce que je sais qu’ils connaissent aussi bien que moi les aspirations humaines à la perfection et, tout aussi bien que moi, les fuites devant le devoir à accomplir pour s’en rapprocher. C’est pour cela que je refuse de les condamner à toujours servir, directement ou non, la violence religieuse.

Donc oui, le Dieu dont je parle (dont parle Luther) est à l’intérieur et à l’extérieur de nous-même.


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