Cool Mel, vous êtes cruel avec Sisyphe. Je ne vous avais pas compris tout de suite.
Notez que Sisyphe a quand-même mis des parties en gras. Il fait passer son message ainsi.
Par exemple :
"Cette heure qui est comme une respiration et qui revient aussi sûrement que son malheur, cette heure est celle de la conscience. A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s’enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher.«
Je ne suis pas d’accord avec cette idée que par la conscience il est plus fort que son rocher et supérieur à son destin. La conscience - mais peut-être faudrait-il définir plus précisément ce terme - ne change pas automatiquement les données objectives. Elle peut changer l’angle de vue ou la perception de la causalité et de la finalité, ou simplement faire se demander comment changer les choses. Pour moi la conscience n’est pas automatiquement activation d’un nouveau processus. On pourrait se dire que le fait d’être conscient de sa condition le rend nécessairement plus libre que le rocher. Mais, qu’il l’oublie ou qu’il s’en rappelle, qu’il soit ou non conscient, il continue à obéir à l’injonction ds dieux. La descente pour aller reprendre le rocher peut n’être vue que comme une pause, pas comme une maîtrise. Même si j’entends bien l’intention de Camus de différencier l’effort de poussée et le relâchement de la descente.
Et aussi :
»La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n’est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris.«
Ce pourrait être du Cioran ou un quelconque traité du désespoir. Le mépris me paraît une maigre consolation pour surmonter le destin. Les grands appels à la vie ont toujours été porteurs d’une volonté et d’un sentiment de la possibilité de changer objectivement son destin. Mais Camus faisait bien de ramener les choses à ce niveau de la »résignation heureuse« plus proche du bouddhisme que du positivisme. On sait ce que les envies de puissance héritées du 19e siècle avaient produit comme monde de guerre et d’horreur.
Et enfin :
»La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. "
Oui et non. Pour le philosophe ou le moine zen, probablement. Pour le politicien il doit amener des réponses concrètes et prendre des décisions, et ne pas se satisfaire de penser qu’il va les amener. Dans ce sens l’image de Sisyphe superposée à l’homme politique anticipe sur sa probable impuissance à remplir le mandat et à basculer le rocher de l’autre côté.
A part cela j’aime bien Camus. Une de ses qualité est d’être discutable. Et je conviens que sa lecture du mythe est originale et très intéressante.
23/03 13:33 - hommelibre
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23/03 12:02 - hommelibre
J’avais compris. Et je fais quand-même une autre lecture du mythe de (...)
22/03 10:58 - sisyphe
Juste un point. Je cite : Le prêcheur de paix alimente ensuite la guerre : « Il est (...)
22/03 10:40 - hommelibre
Belle rhétorique qui inverse les responsabilités : c’est vous qui avez commencé (...)
22/03 10:33 - sisyphe
22/03 10:29 - hommelibre
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