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Commentaire de Pierre Régnier

sur Le vingt-et-unième siècle sera religieusement correct


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Pierre Régnier Pierre Régnier 23 mars 2012 19:27

@ JL1
Rassurez-vous, je « ne prends pas mal ».

Mais je le répèterai inlassablement : c’est la conception criminogène de Dieu dont je demande la destruction. Elle est selon moi, entre autres horreurs qui reviennent épisodiquement, la principale cause de la tuerie de cette semaine à Toulouse.

A propos de Comte Sponville, et pour rester bien dans le sujet, voici un extrait du chapitre « La démission politico-philosophique » de mon petit essai de mars 2000 « Désacraliser la violence religieuse », que je n’ai pas pu publier :

"La laïcisation inachevée se confond souvent avec l’athéisme sectaire, une impasse aussi certaine que le dogmatisme religieux. Un même respect du pouvoir, de la puissance acquise, conduit le premier à conforter le second. Comme le besoin de Dieu reste très fort, même chez de nombreux scientifiques, on compose par calcul avec les courants religieux les plus puissants, même si ce sont les héritiers - continuant de transmettre l’héritage - du crime « divin », de l’Inquisition, des « saintes » guerres inter-religieuses, des « saintes » conquêtes coloniales ou de la théologie de la domination ; on crée dans la République, pour ces courants, un domaine de non-droit.

L’attitude philosophique dominante n’aide pas à sortir de cet état de fait. Cela s’explique fort bien par une forme d’orgueil, de suffisance née après le « désenchantement du monde » : le sentiment que l’homme est enfin devenu, grâce à la science, le « surhomme » longtemps rêvé (et maintenant l’homme « post-humain » de Fukuyama !) enfin « débarrassé de Dieu ». Le concept philosophique de "fin de l’histoire religieuse« conduit à la réanimation de celui de  »l’homme-Dieu", et Luc Ferry, artisan de cette renaissance, croit pouvoir tranquillement, avec André Comte-Sponville pourtant en désaccord sur ce dernier concept, chercher la sagesse "après la religion et au-delà de la morale" (*) en un temps où la dissociation de la politique et de la morale provoque un « non-sens » généralisé, et désespère une bonne partie de l’humanité, dans sa composante athée comme dans sa composante théiste."

(*) dans La sagesse des modernes, éd. Robert Laffont 1998.


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