@ JL1
Rassurez-vous,
je « ne prends pas mal ».
Mais
je le répèterai inlassablement : c’est la conception criminogène de Dieu dont je demande la destruction. Elle est selon
moi, entre autres horreurs qui reviennent épisodiquement, la principale
cause de la tuerie de cette semaine à
Toulouse.
A
propos de Comte Sponville, et pour rester bien dans le sujet, voici un extrait
du chapitre « La démission politico-philosophique » de mon petit essai
de mars 2000 « Désacraliser la violence religieuse », que je n’ai pas pu publier :
"La
laïcisation inachevée se confond souvent avec l’athéisme sectaire, une impasse
aussi certaine que le dogmatisme religieux. Un même respect du pouvoir, de la
puissance acquise, conduit le premier à conforter le second. Comme le besoin de
Dieu reste très fort, même chez de nombreux scientifiques, on compose par
calcul avec les courants religieux les plus puissants, même si ce sont les
héritiers - continuant de transmettre l’héritage - du crime « divin », de l’Inquisition, des
« saintes » guerres inter-religieuses, des « saintes »
conquêtes coloniales ou de la théologie de la domination ; on crée dans la
République, pour ces courants, un domaine de non-droit.
L’attitude
philosophique dominante n’aide pas à sortir de cet état de fait. Cela
s’explique fort bien par une forme d’orgueil, de suffisance née après le
« désenchantement du monde » : le sentiment que l’homme est enfin
devenu, grâce à la science, le « surhomme » longtemps rêvé (et
maintenant l’homme « post-humain » de Fukuyama !) enfin
« débarrassé de Dieu ». Le concept philosophique de "fin de
l’histoire religieuse« conduit à la réanimation de celui de
»l’homme-Dieu", et Luc Ferry, artisan de cette renaissance, croit
pouvoir tranquillement, avec André Comte-Sponville pourtant en désaccord sur ce
dernier concept, chercher la sagesse "après la religion et au-delà de la
morale" (*) en un temps où la dissociation de la politique et de la morale
provoque un « non-sens » généralisé, et désespère une bonne partie de
l’humanité, dans sa composante athée comme dans sa composante théiste."
(*) dans La sagesse des modernes, éd. Robert Laffont 1998.