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Commentaire de Henrique Diaz

sur Le blog de Jean-Luc Mélenchon. (MélENchon !)


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Henrique Diaz Henrique Diaz 29 mars 2012 12:04

Maurice,
Il ne s’agit pas de réagir à des mots sans comprendre le fond des choses. Je ne doute pas de votre sincérité ni de votre souci de l’intérêt général. Je dis que vous croyez avoir tout compris des ressorts de la vie politique mais que vous vous trompez, ce qui s’appelle débattre. Acceptez vous la possibilité de débattre et ainsi que vous puissiez vous tromper en écoutant les arguments des autres comme moi aussi si on me donne des arguments valides ? Ou bien considérez vous que vous avez forcément raison et que les arguments des autres sont forcément des « réflexes pavloviens » ridicules ?

Vous dites qu’il faut stopper ou contrôler sérieusement l’immigration pour sauver notre système social et empêcher la guerre civile. Qu’est-ce à dire sinon que vous avez peur d’être envahi par la grande vague des étrangers qui menacent de détruire notre système social et de nous mener à la guerre civile ? Je n’ai pas argumenté ici, comme j’aurais pu le faire et comme Logan l’a fait sans que vous le compreniez, sur l’erreur de jugement sur laquelle se fonde votre peur. Je dis seulement que vous avez peur des étrangers et que vous reliez cela à une prise de parti politique. Or il se trouve que c’est précisément la définition de la xénophobie, la peur de l’étranger. Il faut donc simplement que vous assumiez ce que vous dites.

De mon côté, je ne dis pas qu’il ne faut pas contrôler du tout les flux migratoires, il existe des lois depuis des décennies qui en reconnaissant les droits de l’homme font la distinction avec les droits du citoyen. Je vous invite seulement à observer à quel point les mesures anti-immigration qui ont été prises cette dernière décennie sous l’impulsion de la lepénisation de la droite n’ont rien amené en termes de recul du chômage et de l’insécurité physique. J’imagine que vous pensez que ce n’est pas encore assez, mais si la politique anti-immigration était une bonne chose pour les problèmes mentionnés, il aurait dû s’en suivre des résultats positifs même insuffisants par rapport à ce que vous estimez qu’on pourrait obtenir avec une politique encore plus musclée. Or c’est bien le contraire qui se produit.

Quant à l’opposition droite/gauche, là aussi il faut assumer vos positions ou vous demander si vous avez vraiment choisi le bon côté. En politique, pour assurer le bien commun, qui est l’unité du peuple et ainsi la force commune, quand on est pour renforcer ceux que le hasard a déjà favorisé dans l’espoir que cela sera utile à toute la société, c’est la position à la droite du roi qui avait été adoptée par les parlementaires favorables au maintien des privilèges de la noblesse avant la fin de la monarchie, position qui sera conservée après la monarchie par ceux qui sont pour la conservation des inégalités sociales et donc de la classe bourgeoise, inégalités considérées comme utiles à l’ordre social. La gauche, c’est ceux qui pensent que le bien commun passe par l’égalité sociale et pas seulement formelle devant les lois (égalité sociale qui ne signifie pas l’abolition des inégalités naturelles).

Quand Sarkozy fait le « bouclier fiscal », c’est de droite comme tout personne pas trop ignare en histoire et en politique le reconnaîtra. Si il favorise les jeunes de banlieue pour qu’il puisse avoir accès aux grandes écoles, c’est plutôt de gauche. Et quand après de grands effets d’annonce, il ne fait rien pour sortir la banlieue de sa ghettoïsation, considérant que l’urgence est de sauver les banquiers, c’est de droite. Au final, il n’est pas difficile de voir que le rapport entre mesures de gauche et mesure de droite de Sarkozy est clairement beaucoup plus du côté de la droite que de la gauche, ce qui lui donne sa cohérence.

Quand Le Pen propose l’apprentissage dès 14 ans, ce qui revient à penser que certains ne sont faits que pour être des exécutants, de simples instruments entre les mains de ceux qui étaient plus doués pour les études, c’est clairement de droite. Quand elle veut supprimer la CMU pour les étrangers qui résident sur le sol français, qui n’ont pas eu le privilège de naître ici, comme si les microbes connaissaient la nationalité et allaient rester sur les seuls étrangers, c’est une position de droite extrême. Encore une fois, il faut assumer. Soit vous pensez que la naissance est une justification suffisante des inégalités sociales et vous êtes de droite ; soit au contraire, vous pensez que les inégalités sociales ne peuvent être justifiées que dans la stricte mesure où tous ceux qui vivent ensemble peuvent y trouver un avantage et alors vous ne pouvez vous reconnaître dans les programmes de Sarkozy et encore moins de Le Pen.

Quand Mélenchon propose de limiter de un à 20 l’écart des salaires en France, c’est de gauche. Il faut des inégalités salariales pour qu’il y ait une motivation à faire plus d’études, à s’engager davantage, à prendre plus ou moins de risques, ce qui s’avère utile à tout le monde au final, mais ces inégalités ne doivent pas être de nature à créer des mondes coupés les uns des autres dans la société, avec certains qui peuvent s’enrichir toujours plus quoiqu’il arrive et d’autres qui ne peuvent que se soumettre à un ordre économique qui les écrase. Aussi on peut penser qu’un écart de 1 à 20 est encore trop important, que pour au moins ne pas dépasser ce que peuvent être les inégalités naturelles, il faudrait plutôt un écart de 1 à 10, ce qui permettrait en augmentant les moins payés et en baissant les plus payés, d’obtenir une égalité réelle devant la république, et ainsi rendre possible une véritable fraternité dans la société, dont tous auraient à bénéficier, y compris les plus avantagés naturellement.

 


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