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Commentaire de Paul Barthe

sur La méthode Dukan, un régime jugé « inefficace sur la durée et aux conséquences sanitaires graves » selon l'ANSES


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Paul Barthe 1er avril 2012 10:01

Monsieur Dukan


Sur un point je suis formellement de votre avis, sans équivoque, avec toutefois plus de modération. L’obésité est un danger pour l’individu. De là à dire qu’il s’agit d’une maladie, je n’en prendrai pas le risque. C’est un danger évident, comme un surpoids important. Il est donc nécessaire d’apporter des solutions à ces problèmes de santé qui sont, avec du recul, un phénomène plutôt récent dans nos sociétés. Cette importance est multipliée davantage selon qu’il s’agit d’enfants, cela va de soi.

Mais au regard de l’histoire, on constate que l’obésité est apparue franchement dans nos sociétés occidentales en même temps qu’une détérioration des habitudes alimentaires et des modes de productions agricoles et industrielles. Je ne m’étendrai pas sur le sujet, chacun en connait des exemples, notamment au niveau de la consommation de viande qui a considérablement augmenté en trois générations, également la consommations de glucides... On voit aujourd’hui aussi de plus en plus de personnes ne pas manger à heures fixes, sauter des repas ou au contraire les multiplier. Je suis le témoin quotidien dans le cadre de mon travail, des effets de ces dérèglements sur les enfants. La plupart de mes élèves reconnaissent ne pas prendre de petit déjeuner. Une partie d’entre eux vont manger à la cantine en reculant pour n’en garder que la madeleine emballée qu’ils ont au dessert. Ces mêmes enfants mangent des bonbons durant les récréations, quant au soir, j’ignore en détail leurs pratiques. Ces élèves sont très irritables la journée, très fatigués aussi, et il est très difficile de les mettre au travail. Sur 300 élèves je n’en ai que deux qui sont en surpoid. La grande majorité donc souffre d’une très mauvaise pratique alimentaire et ça leur est préjudiciable.

Tout cela pour en venir au point qui nous distingue considérablement. Vous combattez l’obésité (et le surpoids en général) chez les jeunes. Moi je m’insurge contre toutes les pratiques alimentaires à risque, celles qui font grossir mais aussi, au même titre, celle qui ne permettent pas à l’enfant d’être en bonne santé et dans de bonnes conditions physiques et mentales. Le problème n’est pas le poids mais la pratique alimentaire dont le poids est une conséquence. En considérant les choses sous cet angle nous pourrons être plus vigilant à tous types de problèmes et non plus seulement à ceux qui se voient.

Ceci nous amène à ce détail de mots qui fait toute la différence. Vous évoquez défendre le « apprendre à maigrir ». Moi je défends le « apprendre à manger » et même le « réapprendre à manger ». Car ça n’est qu’avec un travail de fond qu’on permettra à celui qui connait des dérèglements majeurs de retrouver un certain équilibre. Ce travail de rééducation alimentaire est bien plus lent toutefois que votre méthode. Il est moins spectaculaire sur le court terme, raison pour laquelle trop peu de gens s’y intéressent.

Pour ce qui est de cette option au bac, je pense en effet que l’école doit avoir un rôle à jouer dans ces problèmes alimentaires (et non pas seulement d’obésité). Mais de là à rapprocher l’alimentation à une notion de note, d’appréciation et d’examen, à un âge justement où la principale difficulté des jeunes c’est leur corps, je pense que c’est hautement préjudiciable au bon développement de l’enfant. Le principe de notation ne va malheureusement pas sans esprit de compétition, sans jugement personnel et des autres, sans associations entre résultats et compétences... Je vous laisse imaginer l’effet que produira ce principe sur des élèves qui auront de mauvaises pratiques alimentaires ? Isolement des « gros », starification des plus maigres. Ce phénomène existe déjà dans nos écoles. Je ne vois pas comment le chiffrer avec une note et l’officialiser pour un résultat d’examen scolaire permettra aux élèves en difficultés alimentaires de s’en sortir.

Pour moi ce problème doit être géré comme celui de la sexualité, en discrétion mais avec efficacité, par un professeur ou membre éducatif référant, le médecin scolaire ou l’infirmière et dans certains cas par l’assistant social. C’est ce que nous faisons dans notre établissement, de la manière la plus active possible et la plus discrète possible aussi car les élèves ont besoin de se sentir en confiance pour, à cet âge, se confier. (je répète que dans mon établissement il n’y a que très peu d’obèses et surtout des élèves qui connaissent d’importants troubles alimentaires).

Enfin je me permets de revenir sur ce que vous dîtes des lobbies agroalimentaires, des laboratoires pharmaceutiques et autres qui s’opposent à votre régime de peur de voir leurs chiffres d’affaire baisser. C’est un peu exagéré de la part de quelqu’un qui fait fortune en vendant tant de produits estampillés « Dukan », notamment en pharmacie... Seriez vous à même de nous révéler ici les revenus que vous tirez de le vente de vos livres et des produits « régime Dukan » ? La vérité c’est que vous êtes le plus visé et que tout ce que vous reprochez aux lobbies est exactement ce qu’on pourrait vous reprocher, de voir votre chiffre d’affaire diminuer.

Vous tapez également sur la presse. Mais encore un paradoxe. N’est ce pas cette même presse qui vous a permis de faire connaître votre premier livre qui ne marchait pas depuis plusieurs années ?

La critique est facile et atteint aujourd’hui, grâce à nos moyens de communication, des sommets dans l’acharnement. Tout se dit, et son contraire. Tout le monde est visé, tout est soumis à la question et parfois de manière impitoyable. Les médias dissèquent, montent, mentent, fabriquent des vérités... Je vous l’accorde et je l’accorde aussi à ceux qui s’opposent à votre médiatisation extraordinaire. Mais pourquoi dans ce cas utiliser ces outils là ? Et pourquoi dans ce cas ne pas vous plier à une étude scientifique sur du long terme pour mettre enfin en lumière les effets de votre régime sur des résultats autres que les seuls commentaires que vous nous rapportez des gens qui affirment que vous leur avez changé la vie ? A ce moment là vous aurez des arguments de réponse à tous vos détracteurs. Des arguments recevables.

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