Le problème de Madame Royal et des autres candidats est leur impossibilité à faire un choix. Elle nous dit que le Québec a droit à la liberté comme toute nation souveraine. Mais précisément le Québec n’est pas une nation mais une province. Et il deviendra une nation le jour où précisément il aura acquis sa liberté et son indépendance. Sa remarque tautologique - à moins que ce ne soit une de ces « lapalissaditudes » dont elle nous régale - n’a donc aucun sens.
Il ne sert à rien de nous faire un cours sur le droit des nationalités, car à ce compte pourquoi pas effectivement la Corse : culturellement, historiquement et géographiquement, la même chose pourrait être dite que pour le Québec. On voit qu’il doit s’agir dans ces deux cas d’un choix politique, et non d’une sorte de transcendance objective et rationnelle du style « 14 points de Wilson » par laquelle, sur des bases pseudo-ethniques, religieuses et culturelles, le président américain nous avait imposé en 1919 (avec la complicité revancharde et aveugle des Français) le démantèlement de l’empire austro-hongrois, les premières purifications ethniques dans les Balkans et en mer Egée, avant que le principe ne nous soit renvoyé dans la figure à Munich lorsque Hitler nous mit au défi de faire une guerre pour empêcher les Allemands des Sudètes de décider, par référendum, de leur rattachement au Reich.
Il y a donc loin du rappel de principes de Madame Royal à ce qu’on attend d’une future président de la République. Ou alors il fallait la boucler. Lorsque Charles de Gaulle prononce son fameux discours du haut du balcon de la mairie de Montréal, il prend une position diplomatique, fait un choix politique, exprime un vœu au nom de la France. « Je me (trouve) dans une atmosphère du même genre que celle de la Libération ! » Trois minutes avant la fameuse apostrophe, les choses sont déjà claires, et le « Vive le Québec librrrrre ! » n’est que le bouquet final d’une visite tout entière portée vers cette apothéose. Lorsque Madame Royal dit qu’elle se serait exprimé autrement, on a envie de lui répondre qu’il s’agit précisément là de toute la différence entre un homme d’Etat et une présentatrice de JT.
Bon, allez Ségolène, vous avez quelques semaines pour nous convaincre. En attendant, prenez des leçons (http://gaullisme.free.fr/DGQuebec.htm).