@PapaDop
@Romain Desbois
Je vous accorde qu’un retour à un état de la civilisation (si j’ose dire) antérieur à l’utilisation du feu, c’est-à-dire au fond à la condition des gorilles et des chimpanzés, ce serait un peu obscurantiste, mais les partisans de la deep ecology ne sont pas si éloignés de ces objectifs. Leur culte de la pure nature est tel qu’au fond ils ne souhaitent rien tant que la disparition de leur propre espèce. Et le brave Jean-Jacques Rousseau, ce crétin, écrivait déjà que « l’homme qui médite est un animal dépravé ».
De vrai, la nature « naturelle » a fait son temps, on ne la reverra plus sur cette petite planète et il faut s’en faire une raison. Et je ne contredirai pas René Descartes qui voulait que l’homme se rendît « comme maître et possesseur de la nature ».
Ce qui vous attend est bien plus extravagant que vous ne l’imaginez. Dans quelques dizaines d’années, on saura interfacer le système nerveux et les systèmes électroniques. Le téléphone mobile sans lequel vous ne sauriez plus vivre (moi, je m’en sers trois fois par an) sera installé à demeure dans votre oreille interne, vous porterez des lunettes qui superposeront quantité d’informations à celles que vous percevez naturellement, vous baignerez dans la réalité « augmentée » et la plupart des enfants qui naissent aujourd’hui finiront leur existence avec, dans le corps tout un tas d’organes artificiels qui pallieront les déficiences de la nature et du veiillissement. Par ailleurs, je vois tous les jours nos braves écologistes aussi empressés que tous les autres à s’acheter la dernière tablette numérique et le dernier gadget électronique, fût-il parfaitement inutile.
Ils aimeraient certes vivre comme les Pygmées d’Afrique centrale, qui travaillent si peu et produisent de si belles polyphonies, mais je n’en ai pas vu beaucoup partir vivre là-bas. Ils râlent quand ils croisent un passant qui fume et qui pollue leur précieuse atmosphère, mais ils ont des bagnoles, en général, pour retrouver le temps d’un week-end la pure nature de je ne sais quelle cambrousse. Bref, vous me faites rigoler, messieurs, et si je ressemble au Dr Folamour (je vous laisse la responsabilité de cette bienveillante comparaison) vous me feriez plutôt penser, vous, à ce général paranoïaque du même film, extrêmement soucieux de ses « précieux fluides vitaux » et qui croit que les Russes sont en train d’empoisonner l’eau des Américains au fluor ! De la peste verte à la peste brune, il n’y a pas si loin, et rien n’est plus fascisant que l’obsession écologique. A moins qu’il ne s’agisse d’une de ces terribles phénomènes de peur collective qui sévissaient dans l’Europe aux alentours de la grande peste du XIVe siècle. En tout cas, on est dans l’irrationalité pure.