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Commentaire de Pierre-Marie Baty

sur Pâques 1096 : La Première Croisade


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Pierre-Marie Baty 6 avril 2012 13:20

La croisade avait aussi un but géopolitique. La France à cette époque était un conglomérat d’ethnies différentes, issues de souches gauloises et des invasions barbares (l’ouest Wisigoth, notamment). La tentative d’empire carolingien de l’an 800, c’est-à-dire seulement 200 ans avant ces événements, eût tôt fait d’exploser en vol : à la succession de Charlemagne, ses fils s’arrachent le trône et l’Empire est coupé en trois.

S’ensuivit alors une période bancale où le pouvoir central de chaque royaume n’était que formel, et la réalité du pouvoir séculier était assumée par de forts potentats locaux : comtes et ducs d’Aquitaine, de Bourgogne ou de Valois. Desquels les rois et les papes avaient grand-peine à se faire obéir.

Bernard de Clairvaux avouait lui-même à demi-mot, depuis sa chaire de Cluny, que l’une des vertus de la Croisade serait l’épuisement par attrition des ressources belliqueuses de ces turbulents vassaux. Il présentait ceci comme la meilleure offrande qu’ils pussent faire à Dieu.

La Croisade était prêchée au nom de la chrétienté, mais l’objectif politique de la manoeuvre transpirait déjà l’évidence. A Rome, le pape d’Occident allait retrouver, par le truchement du pouvoir renforcé des rois et des abbés, le pouvoir temporel qui le remettrait au rang du Basileus de Constantinople. C’est d’ailleurs à l’aune de cette rivalité entre les deux magistères qu’on peut lire le sac de la ville par les croisés, deux cent ans plus tard. Saccage qui marquera le début de la fin pour l’Empire Romain d’Orient.


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