Quelques commentaires hors-sujet ou à contresens du livre m’amènent à ajouter, au cas où je n’aurais pas été clair :
-ce livre n’est pas larmoyant ni ne fait appel à la « sensiblerie ». Il est clair, net, cruel comme la vie, dont je ne sais qui disait « le problème dans la vie, c’est qu’on n’en sort pas vivant ».
- il ne traite que marginalement de la vieillesse (le personnage a 53 ans), mais plutôt de l’usure du corps, du mental, etc et de la perspective du déclin et de la vieillesse
-il ne traite qu’incidemment du suicide (dont je rappelle tout de méme que comme par hasard, hormis la période 15/25 ans, la plupart des suicidés ont 60 ans et plus, ce qui signifie bien que le déclin physique et moral n’est pas un long fleuve tranquille, comme certains ici voudraient feindre d’en étre persuadés...)
-Enfin et surtout, il traite des « emmurés » culturels, de la douleur devant l’absence de savoir, l’impuissance face au pouvoir des mots que beaucoup n’ont pas, et surtout n’avaient pas à l’époque. Le pathétique réside justement dans la relève du fils brillant et « intellectuel » qui ne « reconnait » pas son père, ou plutôt du père assez malin pour comprendre qu’il fait honte, et qu’il vaut mieux passer la main à un autre père de substitution, plus conforme à l’époque qui se profile, à l’aube des années 60.
C’est important, la honte.
Pour ceux qui en éprouvent, bien sûr.
Ce livre ne s’adresse donc ni aux éternels satisfaits d’eux-mémes, ni aux optimistes béats, ni non plus aux intellectuels qui croient qu’on peut changer les choses par les mots, méme si, à l’inverse, l’absence de mots pour le dire peut tuer, comme ici.
C’est une sorte de parabole des talents biblique à l’envers.
Ici, Albert ne se demande pas, comme le Christ y invite dans la Bible « qu’as-tu fait de tes talents ? ».
Il se demande : « que faire d’une telle absence de talents, d’une telle non-vie ».
Ben rien, justement.
C’est de cela que ça parle, ce livre.