Le mandat d’arrêt repose sur le principe
de reconnaissance mutuelle. Il considère, comme automatiquement
conforme aux principes d’un État de droit, toutes les dispositions
juridiques de l’État demandeur13.
L’installation d’une telle aire de coopération transatlantique
ferait que l’ensemble de l’ordre de droit étasunien serait reconnu
par les pays européens et que les demandes américaines
d’extradition seraient, après de simples contrôles de procédure,
automatiquement satisfaites.
Or, aux
États-Unis, le Military Commissions Act of 200614permet,
de poursuivre ou d’emprisonner indéfiniment, toute personne désignée
comme « ennemi combattant illégal » par le
pouvoir exécutif. Cette loi donne au président des USA le pouvoir
de désigner, comme ennemis, ses propres citoyens ou tout
ressortissant d’un pays avec lequel les États-Unis ne sont pas en
guerre. On est poursuivi non pas sur des éléments de preuve,
mais simplement parce qu’on est nommé comme tel par le pouvoir
exécutif. Si les américains inculpés sur base de la notion
d’ennemi combattant illégal, doivent être déférés devant des
juridictions civiles, ce n’est pas le cas des étrangers, qui peuvent
être jugés devant des « commissions militaires »,
des tribunaux spéciaux qui n’accordent aucun droit à la défense
et supprime toute séparation des pouvoirs15.
Cette loi, de
portée internationale, n’a été contestée par aucun gouvernement
étranger. Rien, dans les accords d’extradition, signés en 2003
entre l’Union européenne et les États-Unis16,
n’empêche que les personnes remises soient jugées devant ces
commissions militaires17.
La création d’un mandat d’arrêt, dans le cadre d’un « espace
de sécurité, de liberté et de Justice », entre les pays
membres de l’Union européenne et les USA rendrait la remise, sur
base de cette loi, quasiment automatique.
(...)
Le traité établit une dissymétrie
complète entre les deux parties. Une demande d’extradition en
provenance de Grande Bretagne doit toujours fournir des éléments de
preuve établissant une « cause probable »19
, c’est à dire être basée sur une présomption raisonnable que la
personne réclamée a commis l’infraction. Les États-Unis, quant
à eux, sont dispensés de fournir ces informations, la parole de
l’autorité américaine suffit."