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Commentaire de Pierre-Marie Baty

sur Quand la Marine vogue vers le grand large !


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Pierre-Marie Baty 15 avril 2012 18:17

Puisque vous me donnez licence de sortir du sujet de l’article, dans ce cas allons-y smiley

Je n’ai même pas besoin d’aborder le programme de M. Mélenchon sous l’angle économique. L’angle social suffit (ce qui est d’ailleurs le comble quand on est de gauche).

Mon opinion est que toute société se définit par des valeurs partagées. Bien davantage qu’une ethnie, une langue ou même des coutumes : on l’a vu avec l’expérience soviétique qui a réussi à créer une société d’individus d’ethnies, de langues et de coutumes différentes, dont tous les membres se sentaient avant tout soviétiques, avant de se sentir biélorusses ou géorgiens. C’est la Grande Guerre Patriotique qui a soudé ces peuples, le fait qu’ils aient partagé une histoire, un sort commun. Ils se sont sentis soviétiques tant que le poids de cette histoire commune supercédait le poids de leur histoire séparée ; et les nationalismes ont repris le dessus au moment où les réformes irréfléchies de M. Gorbachev ont commencé à leur faire vivre une réalité quotidienne économique, sociale et culturelle différente de celle de leurs voisins (par effet d’un excès de décentralisation du pouvoir, et donc de la culture dont ce pouvoir était le medium). Cette décentralisation fut le terreau d’un communautarisme qui a mené à l’éclatement de la société soviétique.

Or, on constate en France que les gens se font de moins en moins confiance. Le Français ne considère plus automatiquement son compatriote comme son semblable. Il y a de la méfiance, voire même de la défiance entre les différentes parties de la société française, qui se fondent essentiellement sur la culture affichée, le lieu de vie et la situation sociale. Ce qui me fait dire que la société Française est menacée d’éclatement. Ni plus ni moins.

Nous avons en France de plus en plus d’individus qui se définissent autrement que Français de prime abord, même quand ils disposent d’une carte d’identité, qui revendiquent leur appartenance à d’autres groupes ethniques ou culturels (réels ou tout à fait imaginaires, d’ailleurs), avant la nationalité. Ce ne serait pas un problème si l’heure était venue de dissoudre notre nation dans un ensemble plus vaste. Mais aucun ensemble tel n’existe : l’Europe telle qu’elle est se fait contre l’intérêt des peuples, et la « culture Européenne », les « valeurs Européennes » sont des concepts inconnus : culturellement parlant, il y a autant de différence entre un Grec et un Allemand qu’entre un Portugais et un Autrichien. Ces gens-là ne peuvent pas se mélanger et vivre ensemble harmonieusement sur la base d’un socle culturel commun : ce socle est pour l’instant trop maigre, et l’état des relations entre la Grèce et l’Allemagne l’illustre trop bien. L’Europe ne peut donc pas suppléer la France, et si la société française explose, il n’y aura rien pour ramasser les miettes.

A plus forte raison, le Monde ne peut pas suppléer la France : il y a encore moins en commun entre le mode de vie béninois, chinois ou nord-américain et le mode de vie français. Vouloir faire de notre nation une « nation internationale » n’a donc aucune chance d’aboutir à autre chose qu’à son éclatement et à sa disparition pure et simple. Il est beaucoup trop tôt pour envisager une telle convergence, le socle commun est quasiment inexistant.

Les causes de cette situation sont évidemment symptômatiques d’une intégration échouée. Les responsabilités de cet échec sont partagées : il y a d’une part, le réflexe identitaire qui sécurise les nouveaux arrivants en les faisant s’installer dans des lieux où existe déjà une communauté de leurs semblables ; et d’autre part le réflexe de méfiance qui sécurise les accueillants (en l’occurence, nous) en repoussant ces nouveaux arrivants dans ces mêmes lieux, nous déchargeant de la responsabilité de les accueillir, de les fréquenter, bref de les former à la culture française (à ce titre, la suppression du service militaire, non pas pour apprendre quoi que ce soit de la chose militaire, mais simplement pour fréquenter d’autres représentants de la société française fut une grave erreur).

Ce communautarisme va faire éclater la France à la fois parce que les migrants ne font pas, ou plus, l’effort de s’assimiler à la société française, et parce que nous les accueillants les dissuadons d’entreprendre un tel effort, par crainte ou par simple fainéantise.

L’intégration est un choix, le choix d’adopter les valeurs et la culture du pays accueillant  : si on va chez les papous et qu’on y exige de vivre comme un occidental, on n’y fera pas de vieux os. Identiquement, si un papou immigre en France et entreprend de planter sa hutte et de chasser à la sagaie les lapins autour d’un rond-point, il va avoir quelques problèmes avec la maréchaussée et je ne crois pas qu’il y restera longtemps. On ne peut pas vivre en France autrement qu’en adoptant le mode de vie de la majorité des français. Sinon, on s’exclut de facto de cet ensemble qu’on nomme la société et on devient ce qu’on appelle un asocial. Et à ce titre, une proportion inquiétante et surtout croissante de familles sont en train de diverger explicitement du corpus culturel qui fait la nation française.

Actuellement, le moment de cette force ne va pas dans le bon sens. C’est une tendance qui ne va pas s’annihiler, et a fortiori qui ne va pas se renverser d’un simple claquement de doigt. Il est donc urgent de stopper le processus et de travailler à son inversion, ce qui ne va pas être simple, plutôt que de continuer à l’alimenter en préconisant des mesures qui vont au contraire favoriser l’immigration dans les conditions actuelles (telle que la régularisation automatique de tous les sans-papiers qui mettront le pied sur le territoire qui est, selon moi, une mesure proprement suicidaire, de nature à provoquer un flux migratoire que nous ne pourrons pas encaisser : rappelons qu’en 30 ans, la France a accueilli pas loin de 15 millions de personnes qui n’y étaient pas auparavant ! Mettez tous les Français en rang et intercalez un citoyen de culture différente tous les quatre citoyens de culture française !)

Inverser ce processus suppose de dispatcher ces populations sur l’ensemble du territoire afin qu’elles se mêlent au plus grand nombre possible, et le plus souvent possible, de leurs concitoyens qui n’ont pas les mêmes origines. L’intégration se fait par la fréquentation, et la fréquentation de force s’il le faut. J’ai dit en début de commentaire que le sentiment de « fraternité » en France était déterminé par trois critères, la culture affichée, le lieu de vie et la situation sociale. C’est triste mais c’est comme ça.

En ce qui concerne la culture, il va falloir faire comprendre à ces familles — y compris les familles d’un groupement cosmopolite qui se reconnaîtra — qu’il est dans leur intérêt d’abandonner leur culture pour adopter la nôtre, sinon les indécrottables chauvins que nous sommes, le peuple français, va avoir de plus en plus de mal à outrepasser sa méfiance à leur sujet. La tentative de passer par la voie législative est peut-être maladroite (voir la loi sur le port du hijab), mais il se pourrait qu’à l’avenir elle devienne de plus en plus nécessaire si on veut éviter l’éclatement de la société, car à l’évidence compter sur les bonnes volontés est ici illusoire.

En ce qui concerne le lieu de vie, il va falloir prendre des mesures, incitatoires pour commencer, mais il est clair pour moi qu’il ne faudra pas s’en tenir à l’incitation, pour dissoudre les ghettos où sévit le communautarisme afin de les faire fréquenter de force la population française. Ca passe par le rétablissement d’un substitut au service militaire, qui pourrait être un service civil, de longue durée, ainsi qu’une politique de l’urbanisme fortement agressive couplée à un volet social. Bref, faire du Chaban-Delmas, exactement comme vous l’évoquiez.

Et enfin en ce qui concerne la situation sociale, il va falloir revoir complètement la manière dont nous formons nos enfants, et malheureusement serrer les dents tant que la génération pour laquelle nous ne pouvons plus rien n’aura pas passé l’arme à gauche. Monter le SMIC à 1700 euros ne changera rien au problème : l’employeur, confronté à un Français qui affiche une culture de Français qui parle bien français et à un Français qui affiche une culture différente et qui baragouine un français moyen, s’il sait qu’il doit les payer au même tarif, il prendra le premier et laissera le deuxième, automatiquement. Et rien ne sera réglé. Il faut revoir la politique d’aides sociales et les assortir à des conditions d’action : on vous accorde une allocation, mais en contrepartie, effectuez tel ou tel travail — même symbolique — pour montrer que vous la méritez et surtout pour vous forcer à sortir le nez de votre quotidien communautaire en fréquentant d’autres gens. Travailler pour les mairies par exemple.

Et enfin, à ceux qui refuseront ces mesures et qui ne veulent pas s’intégrer à la société française, il faut les accabler d’inconvénients, afin que s’ils ne choisissent pas le mode de vie et la culture françaises par coeur, ils le fassent au moins par intérêt.

Voilà pourquoi je pense que le programme de M. Mélenchon, qui affiche des intentions qui ne prennent ni la mesure du problème ni évidemment ne vont dans le sens de les régler mais bien pire, de les accélérer, est suicidaire pour la France.

Voulez-vous maintenant que j’aborde les questions économiques ? Nous pouvons aussi en rester là, il me semble que ce que je viens de dire étaie déjà assez mon opinion.

Quoi qu’il en soit, je vous remercie d’accepter mon point de vue. En période électorale, on est souvent agressé par des fanatiques de tous bords quand on ne pense pas comme eux.

Je ne sais toujours pas pour qui je vais voter, ceci dit ; M. Dupont-Aignan n’est pas assez social à mon goût, et de toute façon je pense inutile de voter pour quelqu’un n’ayant aucune chance d’être élu. Peut-être que je ne voterai pas du tout. Mais je ne voterai probablement pas pour M. Mélenchon, sauf s’il se retrouve au deuxième tour face à MM. Sarkozy ou Hollande. Nous verrons.

Cordialement smiley


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