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Commentaire de Forest Ent

sur Ces méchants fonds d'investissement, la suite


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Forest Ent Forest Ent 24 janvier 2007 20:15

Il est des voix qui portent plus que d’autres. Celle de Claude Bébéar est de celles-là. Lorsque le fondateur et président du conseil de surveillance d’AXA juge « malsain » le jeu des « hedge funds », des fonds d’arbitrage, on ne peut l’ignorer. Lorsqu’il dénonce le « décalage grandissant » entre l’objectif de beaucoup de ces fonds - « faire un profit économique sans cause » - et le monde de l’entreprise, on ne peut l’éluder.

D’autant que la voix de Claude Bébéar n’est pas isolée. En juin, la Banque centrale européenne (BCE) s’inquiétait du « risque majeur » que font peser les fonds d’arbitrage sur le système financier en raison de la forte corrélation de leurs stratégies d’investissement. Autrement dit, par leur caractère moutonnier. Depuis, la Bundesbank a enfoncé le clou. Angela Merkel, la chancelière allemande, devrait s’en faire l’écho au G8, qu’elle préside cette année.

Aux Etats-Unis, ce sont les appels à plus de transparence qui se multiplient, à l’image du sénateur Paul Sarbanes dénonçant « ce grand et sombre vide ». Il est vrai que la tentative de la - pourtant redoutée - Securities and Exchange Commission d’y voir plus clair s’est soldée jusqu’ici par un échec. La SEC voulait contraindre les « hedge funds » à lui communiquer les noms de leurs fonds, leurs adresses, leurs actifs, et à se soumettre à des inspections régulières. Elle a été déboutée... en justice. Elle cherche depuis le moyen de rouvrir le dossier, en cherchant notamment à réserver leur accès aux investisseurs les plus avertis.

C’est que le temps où l’on faisait crédit aux fonds d’arbitrage de leur utilité semble révolu. On a d’abord vu en eux les professionnels qui assuraient la profondeur et la liquidité des marchés financiers. Ils étaient ceux qui permettaient d’absorber les chocs. Quand une entreprise était en difficulté, quand tous les gérants traditionnels pratiquaient le sauve-qui-peut et cédaient leurs titres en catastrophe, ils étaient ceux qui achetaient. Les fonds d’arbitrage huilaient le système.

Aujourd’hui, l’univers des « hedge funds » inquiète, bien que la chute du fonds Amaranth n’ait eu aucun effet systémique, pas plus que le trou d’air des marchés boursiers au printemps 2006. Il inquiète par sa puissance. Les 8.000 à 9.000 sociétés du secteur, qui gèrent désormais 1.300 milliards de dollars, représenteraient 40 à 50 % des volumes des transactions des grandes places financières.

Et ce qui était acceptable hier ne l’est plus pour des acteurs devenus aussi structurants pour les marchés. Comment surveiller ces derniers, si leurs principaux acteurs avancent toujours masqués. D’autant qu’une frange d’entre eux, petite mais visible, a abandonné le rôle qui leur était traditionnellement dévolu, pour se muer en fonds activistes pesant sur la stratégie des entreprises en fonction de leurs intérêts immédiats. Pour les « hedge funds », comme pour toutes les institutions qui réussissent, le succès crée des obligations.

http://www.lesechos.fr/info/analyses/4528338.htm


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