Et vous avez grand tort d’agir ainsi car vous vous privez ainsi de l’évolution sur le long terme de la pensée et des conceptions du monde, ce qui précisément vous empêche de saisir comment s’est affiné l’universalisme français.
Au passage, au Moyen-Âge, les savants ne pensaient pas que la Terre était plate (c’est une légende du XVIIème siècle qui se fonde sur les « cartes » cosmologique catholiques, qui étaient purement symboliques et à usage non des diplomates et des ambassadeurs mais des médecins et des théologiens), l’Afrique et l’Asie étaient plutôt bien connues, surtout à partir du XIIème siècle, mieux en tous cas que sous la haute Antiquité et le titre de fille aînée de l’Église est une déformation du titre que reçut le Royaume de France sous le règne de Louis IX : « terre très chrétienne d’un peuple aimé de Dieu », titre à vocation essentiellement politique, précisément car Louis IX entendait exercer (avec succès) une mainmise sur le clergé français et s’est appuyé pour cela sur une jurisprudence coutumière faisant du Royaume de France une terre catholique (ie universelle) au même titre que l’Église elle-même.
Quand on parle de vision du monde et d’histoire des idées, on est obligé de raisonner sur le temps long, et même le temps très long, peut-être plus encore que lorsqu’on parle de transformations économiques et sociales (et il est fréquent d’atteindre le millénaire lorsqu’on mène ce type d’analyses).