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Le jour d’après : Philippe Poutou
Hé bien voilà, il semble bien que celui qu’on a
pris pour « lou ravi » de cette élection, sorti de son usine comme un faux
diable de sa boite, représentant, faute de Besancenot, un parti en
dérive que certains de ses membres s’attachent à disloquer (et moquer
son candidat), voilà que ce prétendu « sectaire doux » qu’on disait faux
nez de la branche archéo et radoteuse du trotskisme, celui que la
nomenklatura médiatique (et philosophique, Onfray qu’est ce qui t’a
pris ?) giflotait en public en pensant pouvoir s’en gausser sans
dommage, celui que déploraient au nom de l’unité les ennivrés des
envolées lyrico-ronchonnantes d’un ex-trotskiste, vrai républicano
social démocrate, franc maçon interclassiste (mais si), sénateur à vie
(presque) et vaguement néostalinien, bref voilà que l’égaré de service
qui ne savait pas rester à sa place (et a eu du mal à s’en déshiniber),
redonne au NPA son visage attractif et son air de "Nouveau parti
anticapitaliste", nouveau là encore !
Drôle de mélange ? beaucoup d’insolence rieuse d’abord, les
institutions il s’en fout, les riches il faut les plumer, le travail
c’est trop dur, rien faire c’est bien mieux, bref un joli vent au parfum
libertaire qui porte la lutte des classes ailleurs que dans les xièmes
républiques et les révolutions par les urnes ("les urnes sont tristes et
on a lu tous les programmes" - hum). Il n’en exige pas moins
l’impossible autrement dit la seule solution raisonnable dans ce monde
de fous furieux : l’interdiction des licenciements parce qu’avant de
licencier on pourrait pomper sur les profits, non ? et qu’en fait
d’assurance obligatoire le patronat pourrait s’assurer pour garantir le
salaire à ses salariés, non ? la socialisation du capital et la décision
collective des investissements, planifiée mais au plus près des
populations, du travail pour tous avec baisse massive du temps de
travail pour que la productivité profite aux salariés et pas aux
rentiers, la révolution productive pour qu’on cesse de tirer sur la
planète comme on a tant tiré sur les peuples (au propre et au figuré) et
qu’on produise « à l’essentiel », pour les besoins, bêtement, et selon ce
qui est soutenable, ben oui, enfin la répartition des richesses créées
(ça alors, quelle idée folle).
Bref un programme qui ne raconte pas d’histoire mais qui veut faire
l’Histoire, la grande, celle qui ne se concocte pas dans les think thank
de soi-disant « sachants » payés par les possédants, l’Histoire qui ne se
maquille pas sous les apprêts des entreprises de comm’, celle qui ne la
joue pas rencontre d’un homme avec La France (laquelle d’ailleurs ?
Versailles ? La commune ? Le Fouquet’s ou l’usine Ford ? Le XVI° ou les
quartiers nord de Marseille ? Les massacres de Tlemcen ou l’abolition de
l’esclavage ?). Leur France qui me débecte. Je changerais bien de nom à
ce pays si taché de souffrances infligées, de crimes et de rapacité,
mais bref... Mélenchon va se fâcher.
Donc voilà, le jour d’après, mission étant accomplie, il va retourner
d’où il n’est jamais parti, avec ses collègues, ses camarades, et
requinqué par cette campagne au départ fragile et si bien assumée. Nous
avec. Merci Philippe, merci les quelques uns qui contre vents et marées,
malgré les sectaires et les désorientés, les inquiets et les
démoralisés, ont voulu que l’anticapitalisme dans ce pays ait toujours
sa place aujourd’hui, et dans l’esprit, la continuité du projet NPA.
D’autres pensaient qu’il faudrait s’arc-bouter sur d’improbables
fondamentaux comme autant de boucliers bavards et oiseux contre la
dureté des temps, d’autres encore cessaient de penser et pris de panique
s’en sont allés vers d’autres mirages, encore des mirages. Ah les
mirages !
Voilà. L’anticapitalisme a sa place, quel que soit le score, il va
devoir ferrailler ferme pour éviter que les mirages n’emportent ceux
qui, en désespoir de cause, s’y adonnent une fois de plus dans notre
histoire. Ferrailler en étant unitaire pour tous. Unitaire pas
unitariste, une unité résolument indépendante de toutes les politiques
qui font vivre ou survivre le libéralisme, résolument résistante à tous
les arrangements, résolument décidée à ce qu’il n’y ait ni sauveur
suprême ni parti guide ni tacticaille « en attendant que... », décidée à
ce que « prenez le pouvoir » ne soit pas un slogan attrape mouche pour
occuper plus de fauteuils institutionnels, mais un objectif direct, puis
une réalité pour et par les millions de Mr et Mme Poutou qui le valent
bien.
Le jour d’après, ce sera à eux, à nous...