A relativiser
La présidente argentine Cristina Kirchner
multiplie depuis des semaines les mesures de rigueur, réduisant les
subventions aux services publics et contrôlant les importations pour
faire face à la crise internationale.
Réélue
en octobre dans un raz-de-marée (53,9%), Mme Kirchner a rapidement
supprimé 852 millions d’euros de subventions, une mesure qui se traduit
par des augmentations des tarifs dans divers domaines.
Elle a appelé cela « la sintonia fina » ("le
réglage en finesse") de l’activité économique, un euphémisme pour
éviter le mot « rigueur ».
"La volte-face dans la politique fiscale et
de revenus est éloquente si on la compare avec l’année électorale", dit à
l’AFP l’économiste Marina Dal Poggetto du cabinet Bein & Associés.
En
2011, l’année de la campagne, les subventions avaient atteint un record
de 12 milliards d’euros, soit 50% de plus qu’en 2010, selon les
chiffres de l’Association argentine du budget.
Les Argentins vont
devoir désormais remplir un formulaire s’ils estiment qu’ils ont besoin
d’une subvention pour leurs factures d’eau, d’électricité ou de gaz. Les
premiers touchés ont été les services financiers, les casinos, les
aéroports, les compagnies pétrolières et de téléphone.
Dans la capitale, l’Etat a cédé le
métro à la ville pour n’avoir plus à le subventionner : le prix du billet a aussitôt augmenté de 127%.
Pour
Marina Dal Poggetto, après avoir enregistré 8% de croissance en moyenne
depuis 2003 (8,8% en 2011), l’Argentine "sait qu’elle ne pourra garder
ce rythme".
Cette économiste prévoit une croissance de 3,5% en 2012, en dessous des prévisions officielles (5,1%).
Le
pays sait aussi que son défaut de paiement record (76 milliards
d’euros) a fait de lui de 2001 un paria des marchés internationaux,
auxquels il n’a toujours pas accès.
L’Argentine est donc contrainte
de faire des économies et d’avoir une balance commerciale excédentaire,
afin de préserver ses réserves monétaires qui ont diminué de 4,5 mds
d’euros en 2011, passant de 39,5 à 35 mds d’euros.
Le gouvernement a
mis en place, dès le lendemain de l’élection d’octobre, une série de
contrôles draconiens sur l’achat de devises étrangères, afin de tenter
de limiter la fuite de capitaux.
La nécessité d’une balance
commerciale positive, est devenue « une question d’Etat », selon la
Fondation des recherches pour le développement (FIDE).
L’Argentine,
deuxième exportateur mondial de maïs, principal fournisseur
international d’huile et de farine de soja, troisième en graine de soja,
bénéficie depuis des années de la hausse du prix de ces matières
premières.
En 2011, le pays a eu un excédent commercial de 7,8 mds d’euros, de 11% inférieur à 2010.
Cette
année, le gouvernement prévoit une augmentation de 8,8% des
exportations (69 mds d’euros) et de 8,1% des importations (62,5 mds
d’euros), soit un excédent de 6,5 mds d’euros.
Pour y parvenir, il a
décidé de contraindre les importateurs à remplir des déclarations
détaillées de leurs achats en se réservant un délai pouvant aller
jusqu’à dix jours avant de donner son feu vert.
Ces mesures
protectionnistes ont été très critiquées par ses partenaires du Mercosur
(Paraguay, Brésil et Uruguay), qui représentent 25% des exportations et
31% des importations argentines.
« La solution trouvée par le gouvernement a été de contrôler les importations », dit à l’AFP l’économiste Orlando Ferreres.
"Ce
n’est pas une vraie solution, mais c’est assez logique« , estime-t-il.
»C’est du court terme, ajoute-t-il, car le manque de pièces détachées
importées freine la production industrielle".
L’inflation, qui a atteint 25% en 2011 selon les économistes indépendants, demeure la grande faiblesse du modèle argentin.
Le
gouvernement tente pour la première fois de limiter les hausses
salariales, au prix d’un conflit potentiel avec les syndicats.