à l’auteur
Votre raisonnement serait acceptable à condition de considérer qu’il existe encore « une gauche », qu’il existe encore en France des « syndicats » ; bref, des forces d’opposition et de proposition cohérentes. Ce n’est malheureusement plus le cas. Il y a longtemps que les syndicats ont pris la fâcheuse habitude de se mettre à la botte du pouvoir : La FEN, par exemple, quand les socialistes ont entrepris de détruire l’Education nationale. Lesquels socialistes sont depuis longtemps dressés à se faire l’anesthésiant qui permet de réaliser sans trop de mouvements sociaux les grandes amputations que rêverait la droite mais qu’elle n’oserait se risquer à entreprendre. Il y a bien une extrême gauche, mais elle est d’inspiration totalitaire et même, aujourd’hui, carrément fascisante : les méthodes du FN sont désormais partout, et à l’extrême gauche comme ailleurs. Je mets dans le même sac les fanatiques de la peste verte, le Front populiste et les vieux gâteux du stalinisme ou du trotskisme.
Autrement dit, et pour reprendre la formule célèbre de l’un de ces antiques crétins, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Dans les deux cas, le pire est à craindre et voter, c’est choisir d’être dupe, accepter d’avance d’être pris pour un con par des politicards incompétents et cyniques en quête de légitimité. L’abstentionniste n’est pas quelqu’un qui a peur, comme vous paraissez vous complaire à le faire croire, et qui se terrerait dans son coin, c’est au contraire quelqu’un qui voit clairement que le système n’est plus démocratique que de nom et qu’il faudra bien finir par crever l’abcès. Quand l’abstention sera devenue massive, la crise sera très évidente, il faudra nécessairement y faire face au lieu de continuer à tourner autour du pot. Vous faites semblant de croire qu’en changeant les acteurs ou leur maquillage on pourra faire quand même un bon film, mais quand c’est le scénario qui est pourri, quoi qu’on fasse, on n’obtiendra jamais qu’un navet.