Sur Longuet, qui m’a ici sucré un article où j’expliquais comment il avait fait bâtir sa maison...
Le rappel de Longuet, bombardé ministre de la Défense, qui est aussi le beau-frère de Vincent Bolloré (***), ne l’oublions pas, est bien la preuve d’un resserrement sur ce qui en définitive définissait au départ la pensée sarkozienne. Lors de sa campagne de 2007 ; je n’ai eu de cesse ici de dénoncer ses relents pétainistes, entretenus par ses scribouillards, dont Henri Guaino est le représentant le plus évident. Nicolas Sarkozy n’a jamais eu de projet politique pour son pays : il n’a eu, depuis le début qu’une ambition personnelle reposant sur une pensée politique qui se limite à une vie au jour le jour, et non à une vision à long terme. Tout se passe comme si celui qui a été élu pour changer la vie politique avait passé son temps à se construire son propre bunker à idées, qui se résument à fort peu de choses. L’insécurité, l’immigration, et aujourd’hui la religion : Nicolas Sarkozy chasse depuis toujours sur les terres du Front National, logique qu’il rappelle autour de lui une vieille garde qui a toujours eu des idées similaires. Le mouvement gaulliste, avec lui, a sombré dans ce qu’il avait lui-même combattu pendant des années. Il s’est « Tixier-Vignancourisé », versant dans un poujadisme sans autre but que de satisfaire les plus bas instincts d’une population apeurée tous les jours par des journaux télévisés devenus la rubrique journalière des chiens écrasés. La vie politique française, sous Sarkozy, est devenue l’annexe des journaux à sensation : quand on n’y parlait pas voici quelques mois encore des nouvelles toilettes de Rachida ou aujourd’hui du prochain album de madame première, on y étale en long et en large les corps découpés, pour susciter l’assentiment que l’on sait. Nicolas Sarkozy, pour résumer, est devenu le président des faits divers... (****) Encore quelques mois et des députés à la botte de ce pouvoir inepte vont réclamer le rétablissement de la peine de mort, c’est sûr.
C’est une suite logique, quand on dépiaute un peu la carcasse du dinosaure que Nicolas Sarkozy vient de remonter à la surface. Adhérent jeune à l’extrême droite, ayant contribué à la fondation d’Occident, en 1964, avec ses deux acolytes Alain Madelin et Patrick Devedjian, ou son soutien à la candidature à la présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour, celui qui est resté célèbre pour avoir été l’avocat de l’OAS... et dont les affiches de campagne électorale présidentielle étaient collées par un jeune militant fringuant et amateur de rixes de bistrot : un dénommé Jean-Marie LePen, qui y perdra un œil, lors de ses bagarres avinées nocturnes. Longuet, lui étant incarcéré en 1967 après avoir saccagé des locaux de l’Université de Rouen à la barre de fer ; sa principale activité politique de l’époque. Il sera condamné à une amende pour « violence et voies de fait avec armes et préméditation ». Aujourd’hui, la violence qu’il emploie est devenue verbale, mais le fond de commerce de sa pensée politique baigne toujours dans la même fange. Il ne faut pas oublier que le Front National, créé en 1972, s’était fait alors rédiger à la va-vite une ébauche de programme économique. Ce n’était pas un économiste qui s’en était chargé ; mais un Enarque. Le signataire s’appelait Gérard Longuet. Et là, ça devient croquignolet, car dans ce programme... il y avait tout ce qu’a essayé de faire ces derniers mois Nicolas Sarkozy
Car Gérard Longuet n’arrivera jamais à se départir de ses fantasmes frontistes, dans lequel le racisme a toujours été sous jacent. En mars 2010, alors qu’il sortait de ses problèmes judiciaires après de longues procédures, il n’a pas pu s’empêcher de s’en prendre à Malek Boutih, avec des propos dignes des pires saillies Lepenistes. Car au final, qui était venu accourir pour soutenir Longuet ? Le Bloc Identitaire ! Ou même Bruno Gollnisch ! Qui avait aussitôt déclaré que « la Halde est une organisation de persécution et d’intimidation des Français de souche. Le vrai scandale est son maintien sous la Présidence Sarkozy ». Aujourd’hui, où l’on évoque la disparition de l’organisme, on sait donc très bien qui a gagné... Voilà donc qui promet : au sein de l’armée française, les jeunes qui ne viennent pas tous de la métropole sont aussi représentés, on espère bien que des troufions vont le lui rappeler : on sait les envoyer à Sarobi, se faire tuer, mais on ne veut les accepter pleinement encore dans le pays. On rappellera alors à Longuet qu’un des dix jeunes tués à Sarobi s’appelait Melan Baouma, qu’il avait 22 ans seulement et qu’il était... Kanak. Une leçon qu’aurait dû retenir Eric Zemmour, si prompt lui aussi à condamner les gens de couleur. Même quand il sont... français.
Le ravages de Rachida n’ayant pas aidé, tout au contraire. Mais attendez, car il peut, comme celui qui vient de le rappeler faire pire encore, comme lors de cette incroyable sortie à une commission du 3 juillet 2008 interrogeant le ministre de l’éducation Xavier Darcos, et son allusion même pas cachée à l’homophobie... laissant le catholique pratiquant Darcos, pourtant bien emprunt de de valeurs traditionnelles, complètement abasourdi par un tel propos réactionnaire. Sa façon d’évoquer la Gay Pride, alors que Darcos lui parlait de suicides d’ados homosexuels, montre à quel degré d’abjection Gérard Longuet peut se complaire, sans beaucoup se forcer. Son sourire narquois en disait long : avec lui, c’est bien toute la frange la plus réactionnaire qui surgissait à nouveau. Quand ce ne sont pas des « arabes », ce sont des « pédés » en quelque sorte : Longuet est veule et le restera à jamais. Faire appel à lui dans une pareille situation, où le FN piaffe d’impatience d’imposer ses vues et plus que dangereux : c’est de l’irresponsabilité totale.
Cet homme est tout simplement odieux. Et ses propos étaient bel et bien homophobes, comme l’avait noté Bakchich, qui avait remarqué « qu’ outre l’abject amalgame, on remarque que Longuet croit que l’homosexualité est une nouvelle forme de sexualité ». Le quotidien Le Monde réagira lui aussi à de tels propos inadmissibles, en rappelant d’autres propos de Longuet tels que ceux accordés à un autre journal : « interrogé par le quotidien régional L’Est républicain, Gérard Longuet persiste et signe : »Ça ne me dit rien du tout. Je n’ai pas souvenir de ces propos. Mais qu’il y ait un lien entre homosexualité et pédophilie, ça peut arriver. Notamment dans des écoles catholiques, on a pu voir ça.« Pour Longuet, pédophilie et homosexualité sont donc liés. Logique donc qu’il se retrouve appelé par un Président qui lui-même avait, lors de sa campagne électorale, affirmé que la pédophilie était génétique. »Michel Onfray : (...) on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons. Nicolas Sarkozy : Je ne suis pas d’accord avec vous. J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie". Ces deux-là ne sont pas loin du tout des pires thèses eugénistes... chères à Prescott Bush, le grand-père pro-nazi de G.W.Bush. Il n’y a pas, Sarkozy est déjà en campagne électorale, et est prêt à ressortir les mêmes thèmes déshonorants et attristants, sinon scandaleux.