Mon cher π,
Rassurez-vous, je
n’analyse pas tout sous l’angle « linguistique » (ma formation de base
étant certes la linguistique mais avant tout l’anthropologie suivie de la
cybernétique" et donc c’est sous plusieurs angles que je tente de saisir
les processus en cours) et n’ai jamais considéré une répétition de l’Histoire
de quelque forme que ce soit : d’ailleurs le fait de considérer des processus
similaires n’entend pas que nous parlons de phénomènes similaires, de pensées
similaires et de causes/effets similaires : si je dis qu’en posant une casserole
d’eau sur le feu et qu’en posant une casserole de lait sur le feu : cela engendrera
un processus qui culminera par l’ébullition du lait et de l’eau : cela ne veut
pas dire que je considère qu’eau et lait sont similaires, de même nature, etc…je
ne parle que d’un processus qui en soi est similaire : syncrétisme, hybridation,
convergence puis émergence.
Je n’use de
termes tels que « fascisme » que par facilité de langage mais aussi et
surtout par le fait qu’il est impossible de définir tel ou tel
« objet » (politique, historique, culturel, idéologique, etc...) pas encore achevé (pas plus qu’il n’aurait été possible de
définir nazisme ou fascisme avant leur émergence et formation plus ou moins
définitive). De plus, je répète sans cesse que le problème majeur est la non
prise en compte des boulversements fondamentaux qui ont eu cours ces dernières
décennies (finalisation de la globalisation : donc un monde autant plein que
fini, progrés technologique, évolution économique vers l’
« e-capitalisme » et/ou capitalisme cognitif, etc..) à l’évidence en
pointant du doigt ces éléments remettant en cause les représentations et paradigmes
antérieurs : je prends à l’évidence acte que nous ne sommes pas du tout dans une
situation qui aurait quoi que ce soit d’approchant avec celle précédant la GM2 :
je dis juste que la possibilité d’une forme de néo-fascisme voir techno-totalitarisme
me semble à sérieusement prendre en compte si nous ne pouvons sortir de
positions de nature « conservatrices » et/ou de type réactionnaires : les deux ayant
pour point commun la volonté d’ignorer le Réel.
Donc oui certes les
mêmes éléments ne produisent pas les mêmes faits sur le plan de l’Histoire et je ne dis pas autre chose :
j’use de parallèles uniquement pour tenter de décrire des processus en cours
qui par nature ne peuvent être encore définis puisqu’en cours justement. Par
contre, j’ai quelques doutes quant au tableau idyllique que vous présentez
concernant nos contemporains « plus ouverts, plus informés, etc… »
certes mais vous semblez ignorer qu’à côté de cela individualisme et
particularisme sont en passe (voir déjà devenus) devenus la norme : à partir de
là ce que je pointe à nouveau du doigt en parlant de faiblesse du consensus
démocratique actuel revient à rappeler que ces changements sur le plan
individuel ont un impact sur le plan social/sociétal d’où mon insistance sur le
concept de Culture (là, ce sera l’anthropologue qui parle) et la
création/préservation de méta-liens formant le liant de nos sociétés : ces
méta-liens me semblent de plus en plus faibles ce qui en soi est un danger que
l’on ne peut ignorer. Enfin je constate qu’aucun discours politique ne
s’intéresse à cette question de la Culture (pas sa réduction aux productions
matérielles, ni au folklore ou aux traditions ni le financement d’expos de peinture
inuit ou littérature papoue mais bel et bien comme système fondant notre
paradigme, nos représentations, etc…) qui est tout simplement absente de TOUT
discours politique contemporain.