http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/05/04/l-etat-d-exception-et-la-guerre-menee-par-nicolas-sarkozy_1696005_3232.html
Dans cette campagne, Nicolas Sarkozy ne s’est jamais préoccupé du fond de ce qu’il disait. Il a d’ailleurs accumulé les positions contraires. Sa seule préoccupation, à chaque fois, à chaque conjoncture, a été : est-ce que cela me permet de porter un coup à l’ennemi et de rallier des « amis » ? C’était sa seule véritable question. Il est devenu brusquement un ardent défenseur de la Nation, un sévère critique de l’Union Européenne, voire quelqu’un d’hostile à la mondialisation. Tout cela pour gagner les voix du FN, et plus largement de tous ceux qui pensent pâtir de l’ouverture de la France au monde qui l’entoure. Dans d’autres circonstances, il aurait tout aussi bien pu défendre une position favorable à la mondialisation. Il l’a fait par le passé...
La question est alors : est-ce que Nicolas Sarkozy n’a aucun projet, aucune conviction, ne défend aucun intérêt ? Non, bien sûr. Il défend un projet tout à fait cohérent avec la politique de la terre brulée, de la dramatisation et de la guerre. Son projet est simple : faire table rase de tout ce qui empêche les riches et les puissants de s’imposer par le pur rapport de force, en utilisant, comme simple masse de manœuvre, la plèbe, la foule des exclus et des souffrants. La force avant tout. Et une force qui, spontanément, profite aux plus puissants, à une caste minoritaire, qui sont ses « vrais amis ». Et au passage, soutenir le système économique dominant, le capitalisme sous sa forme actuelle, qui s’impose de lui-même malgré et dans sa crise.