Cinq ans après, le même homme, les mêmes lubies, les mêmes pénibles obsessions
Nicolas Sarkozy s'était présenté récemment affublé d'un nouveau costume sombre à la une de Paris-Match. C'était entre autre pour y parler de Mohammed Merah, et dire notamment que l'assassin de Toulouse ne s'était selon lui jamais rendu dans un camp d'entraînement au Pakistan. Cette apparence nouvelle, affublée d'un costume digne des témoins de Jéhovah, était censée nous présenter un homme neuf, très éloigné de l'embonpoint affiché en Camargue lors de sa campagne de 2007, dans laquelle il avait cette fois endossé le rôle de cow-boy, bien secondée par une Kosciusko-Morizet qui lui servait ce jour-là de chaperon. Le Sarkozy de 2007 affichait alors une admiration sans bornes pour G.W.Bush, qu'un staff de dirigeants du PS avaient comptabilisée dans un pensum le visant intitulé "les inquiétantes ruptures de Nicolas Sarkozy". Un document-choc, en majeure partie rédigé par un dénommé Eric Besson, qui s'apercevra au milieu de la campagne que le PS ne lui offrait pas de ministère, et qui ira en négocier un avec celui qu'il chargeait tant dans son rapport incendiaire. Un rapport qu'il convient pourtant aujourd'hui de relire avec attention, à la fois pour s'apercevoir que Nicolas Sarkozy n'a en rien changé depuis, et que le traître à son parti d'origine n'avait pas grand chose à espérer de son revirement en forme de quitte ou double, à part un statut de ministre tant désiré. Il y avait, parait-il "joué sa peau" (sans même en avertir ses proches). Il est aujourd'hui d'ailleurs tellement persuadé des chances de son champion de transgression qu'il s'est fait porter pâle, ces derniers jours, dans l'éventualité de faire partie ou non d'un éventuel nouveau gouvernement. Celui qui avait rejoint l'illusionniste ne se fait plus d'illusions depuis des mois sur les chances du premier de rester au pouvoir... pour un second mandat, ce que G.W. Bush avait réussi à faire... en trichant, il est vrai (*).
Le chapitre dont j'ai extrait ce texte s'intitule "Nicolas Sarkozy ou le clone de Bush", et débute par une dénonciation virulente du conservatisme du candidat de 2007, similaire à celui de G.W.Bush en 2000.
Nicolas Sarkozy, le conservateur
..."Mais plus encore qu’aux Américains, il s’identifie au conservatisme de G.W.Bush. Il a analysé ce qui s’est passé aux Etats-Unis avant la victoire de George Bush. Il a compris que le libéralisme seul ne lui permettrait pas de gagner l’élection présidentielle et qu’il fallait y ajouter, comme G.W. Bush l’avait fait en 2004, d’autres dimensions : mêler la famille et la sécurité à la religion et au nationalisme. En ce sens, il apparaît clairement comme l’héritier du président des Etats-Unis : même style, même discours moral, même credo conservateur". Ce mélange de libéralisme économique et d'intrusion du religieux dans la vie de la République, on y a eu droit à plusieurs reprises, avec des signes de croix ostentatoires chez un président, une première en République, la visite du pape avec le grotesque Bigard accroché à ses basques, ou plus récemment une visite très encadrée au Velay, territoire qu'affectionne particulièrement Patrick Buisson, conseiller présidentiel, qui aime lui les grandes familles royales et l'église façon traditionnaliste, en bon extrême-droitiste qu'il est. Le 8 décembre 2009, alors que le sinistre débat sur l'identité nationale battait son plein, Nicolas Sarkozy tenait à rappeler "ses" principes : "chrétien, juif ou musulman, homme de foi, quelle que soit sa foi, croyant, quelle que soit sa croyance, chacun doit savoir se garder de toute ostentation et de toute provocation". L'homme n'en était pas à sa première contradiction.
Un même style
"Dans les deux cas,on retrouve un même discours populiste, une même croyance enthousiaste, quasi caricaturale, dans les vertus du changement (l’action prime sur l’objectif), un même héros moderne qui serait l’entrepreneur individualiste, un même discours sur la réussite, la promotion sociale ignorant les inégalités sociales. Comme Bush, Nicolas Sarkozy a une vision binaire du monde. Comme lui, il utilise les mêmes méthodes de propagande : l’instrumentalisation de la peur, le populisme, un discours basé sur un nombre très réduit d’idées simples mais martelées. Comme pour lui enfin, le verbe tient lieu d’action et l’exonère de toute responsabilité dans l’efficacité des politiques conduites". Cette vision binaire des choses et du monde, cette simplification abusive constante, on y a eu droit en effet pendant cinq ans. Le "terrorisme" ne pouvait qu'être chez lui "islamiste" (pour l'attentat de Karachi, pour lequel il est spécialement concerné, on sait que ce n'était pas le cas !), et quand un adversaire politique disait qu'il allait réduire la part de nucléaire dans les dépenses énergétiques, ça devenait dans sa bouche "vouloir s'éclairer à la bougie comme le veulent les écologistes". Au café du coin, Sarkozy le populiste est le roi de la tournée générale, c'est sûr !!! Les formules à l'emporte-pièce qui auront émaillé le quinquennat peuvent tenir sur une bibliothèque complète de stupidités, décorées de fautes de français affligeantes. Un spécialiste, analysant ses formulations, aura cette remarque typique : "c'est un président comme on en trouve aux Etats-Unis. Le voir faire une faute, ça désacralise l'orthographe. Je vois trop de gens complexés ! ». Le bistrot et la Princesse de Clèves ne font pas bon ménage, ça aussi on l'a appris en cinq ans.
Un même discours moral d’essence essentiellement religieuse
"G.W.Bush défend le retour de la religion dans la politique. Le Président américain a été en effet très influencé par l’argumentation de Marvin Olasky (sorti du néant par Newt Gingrich !) selon laquelle les organisations religieuses sont plus aptes à résoudre le problème de la pauvreté que la bureaucratie sociale parce qu’elles visent à changer les gens plutôt qu’à leur donner de l’argent. Cette idéologie l’a conduit,par exemple, à supprimer les fonds dispensés aux ONG pratiquant l’avortement dans d’autres pays et à réorienter le tiers des fonds destinés à la prévention du sida dans les pays en voie de développement vers l’éducation à l’abstinence. On retrouve « cette inspiration » chez Nicolas Sarkozy. A l’instar des conservateurs américains,son discours moral est désormais d’essence religieuse comme le révèle son livre "La République, les religions, l’espérance" : la morale ne peut être que religieuse, les valeurs républicaines sont réduites à « l’ordre public ». Il oublie que les Français ne sont pas les Américains :aux Etats-Unis,98% des habitants croient en Dieu,contre 76% des Britanniques, 62% des Français et 52% des Suédois. Mais la religion est chez nous une affaire privée. Et c’est cela qui est « sacré »…" Lors de son ultime meeting, il ressortira de son répertoire (usé) les phrases qu'affectionne tant son (coûteux) mentor Patrick Buisson : telle celle sur "le long manteau de cathédrales et d'églises sur le territoire". Oubliant au passage que son âme damnée a surtout laissé une trace livresque avec un ouvrage sur l'usage des bordels et autres lieux de plaisirs sous l'occupation. Lors de la sortie de son livre, il avait asséné, lui l'ancien ministe des cultes "parce que je me sens profondément républicain, j'essaie d'être équitable pour éviter les humiliations et les frustrations qui nourrissent l'extrémisme. Je voudrais éviter que les musulmans subissent ce que les catholiques, les protestants, les juifs ont subi. Faut-il une nouvelle guerre de religion ? Dans la République, les hommes sont égaux en droits et en devoirs". Cinq ans après, lors de sa campagne électorale, il s'en prenait à ces mêmes mulsulmans en lançant des invectives via ses ministres (tel Guéant) sur la viande hallal dans les cantines, les horaires de piscine ; le voile intégral et cet "étranger-musulman" surgit au beau milieu du débat présidentiel ! C'était la suite logique d'une autre saillie à l'emporte-pièce du candidat Sarkozy, auteur, rappelons-le du sidérant "musulman d'apparence"... (**) "La religion et l'espérance" de Nicolas Sarkozy s'affiche résolument et ostensiblement de préférence comme catholique !
Une même tentative de redéfinition du crédo conservateur
"Nicolas Sarkozy est en fait le relais en France de l’idéologie de George Bush. Il défend les mêmes orientations politiques : la réduction des libertés au nom de la sécurité, l’accroissement de la répression policière, l’exaltation du patriotisme au risque du nationalisme, le communautarisme et la discrimination positive, l’ultralibéralisme économique et le retour de la religion dans la politique. La droite américaine retient les trois credos habituels de la droite anglo-saxonne : la méfiance à l’égard des pouvoirs de l’Etat, la préférence pour la liberté par rapport à l’égalité et le nationalisme".
La méfiance à l’égard des pouvoirs de l’Etat.
"Pour beaucoup d’Américains (et tout particulièrement les conservateurs), veiller à ce que l’Etat dispose d’un pouvoir réduit constitue un principe fondamental : le pouvoir appartient à l’individu et non à l’Etat. Il appartient d’abord à l’individu, puis aux communautés locales,aux Etats fédérés et enfin seulement à l’Etat fédéral. C’est pourquoi les Etats-Unis sont avec la Suisse les deux seuls pays à organiser très couramment des référendums." Cette question d'avoir recours aux référendums, déjà perçue par Besson et ses accolytes en 2007 est revenue comme un boomerang dans cette campagne 2012, preuve que l'individu reste fidèle à sa politique conservatrice et qu'il est surtout incapable d'en dévier, cinq ans après. « Je crois que la meilleure façon de surmonter des blocages dans notre société, c'est de s'adresser directement au peuple français » dit-il « Il faut engager un changement profond de notre organisation, une forme de révolution. Je propose de créer un nouveau système dans lequel l'indemnisation ne sera pas une allocation que l'on touche passivement, mais la rémunération que le service public de l'emploi versera à chaque demandeur d'emploi en contrepartie de la formation qu'il devra suivre. Passé un délai de quelques mois, toute personne au chômage sans perspective sérieuse de reprise d'emploi devra choisir une formation qualifiante. A l'issue de cette formation, qui sera obligatoire, le chômeur sera tenu d'accepter la première offre d'emploi correspondant au métier pour lequel il aura été nouvellement formé » place-t-il insidieusement dans le Figaro, lors du lancement de sa campagne où il se présente... avec un de ses tics et tocs habituels ; celui de faire tourner son alliance autour de son doigt.
"Cela explique également que seuls 29% des Américains reconnaissent à l’Etat la responsabilité d’aider les pauvres (ce taux est,même au Royaume-Uni, deux fois plus élevé). Le héros moderne du conservateur américain n’est pas le châtelain paternaliste mais le rude individualiste sans attache : le chef d’entreprise qui construit un empire puissant à partir de rien. Depuis son accession à la présidence, G.W.Bush a baissé les impôts en 2001, 2002 et 2003, au profit essentiellement des plus fortunés… Les conservateurs favorisent une privatisation partielle du système de sécurité sociale américain (retraite,assurance chômage) et détournent ainsi le produit des cotisations obligatoires vers les marchés financiers. Cette politique de privatisation s’accompagne du développement massif d’une épargne privée défiscalisée et favorise donc massivement les Américains les plus riches, ceux qui constituent le noyau dur de l’électorat républicain. Au fondement de cette politique,on retrouve le credo selon lequel la propriété privée et l’épargne individuelle constituent la meilleure,et la plus légitime,source de sécurité pour chacun. Ce que G.W.Bush a appelé l’ère de la possession (« Era of Ownership »). Dans la même ligne, Nicolas Sarkozy, bien qu’il se prétende pragmatique en matière économique, est profondément méfiant vis-à-vis de l’Etat. Ecoutons-le le 7 septembre 2005 lors de la convention de l’UMP sur le nouveau modèle français : « Première urgence : faire souffler un vent de dynamisme sur la vie des entreprises et des affaires. Levons les interdictions inutiles, simplifions les démarches, créons de la mobilité entre trop de statuts ou de secteurs qui s’ignorent ».Le héraut du libéralisme économique en France, Alain Madelin, n’aurait pas dit mieux" ajoute Besson.
"Comme il aurait d’ailleurs approuvé la suite du discours du ministre-candidat : « Cessons de punir la détention du patrimoine, alors que tant de Français font des efforts pour transmettre à leurs enfants un capital ; cessons de punir la réussite en taxant excessivement le fruit des investissements à risque alors que nous consacrons tant d’argent pour orienter l’épargne vers de tels placements ; supprimons les droits de succession et de donation pour les patrimoines petits et moyens, parce qu’il n’est pas supportable pour des parents de penser que leurs enfants devront vendre une partie deleurs biens pour payer ces droits ». Après avoir réduit le poids de l’impôt sur le revenu, Nicolas Sarkozy veut désormais s’attaquer aux impôts frappant le patrimoine. Il le fait via l’imposition sur les successions (et non pas seulement des « petites et moyennes »), il le fera ensuite via l’impôt de solidarité sur la fortune !" Le patrimoine, sujet d'intérêt pour Nicolas Sarkozy, comme celui d'une de ses connaissances : Liliane Bettencourt, et son île de Sarros, dans les Seychelles, par exemple. "L'île mystérieuse" selon Paris-Match !
La préférence pour la liberté par rapport à l’égalité.
"C’est la suite logique de la défiance vis-à-vis de l’Etat.Seules comptent les libertés économiques, elles apporteront le bien-être aux populations. C’est la reprise du rêve américain selon lequel chacun peu passer de la misère à la richesse : les plus motivés et les plus talentueux s’élèveront jusqu’au sommet, les autres échoueront. Rien ne caractérise mieux l’approche américaine que sa tolérance à l’inégalité. Pour la plupart, les Américains associent la réussite au mérite et non à la chance ou aux origines sociales. Chacun est maître de son destin.Telle est l’idéologie sous jacente à la conception sarkozienne de promotion de la valeur travail." On sait à quoi aboutira cette pensée ultra-libérale chez Sarkozy : à un slogan, martelé des centaines de fois en campagne 2007. Le fameux résumé "travailler plus pour gagner plus". Quatre ans après la mise en place de la loi TEPA, la défiscalisation des heures supplémentaires, produit phare du système, qui avait été adoptée dès le mois d'août 2007, cette oi TEPA, analysée, est sévèrement critiquée : son effet a été loin de correspondre avec ce qui avait été annoncé. Pour la CGT, le slogan de départ n'est plus à propos non plus :pour le syndicat, "le candidat du « travailler plus pour gagner plus » est devenu le Président du chômage de masse" disait-il en mars dernier encore.
Le nationalisme.
En 2007 déjà l'équipe de Besson avait vu juste avec un autre concept sarkozien, celui du nationalisme exacerbé réapparu en toute fin de campagne 2012 : "six Américains sur dix pensent que la culture américaine est supérieure aux autres cultures. Ils ne sont en France que trois à penser la même chose pour la culture française, et quatre en Grande-Bretagne et en Allemagne. C’est cette veine nationaliste que reprend désormais Nicolas Sarkozy". Un nationalisme mis en place par Guéant, bien téléguidé en l'occasion avec son concept flou de "civilisation supérieure", celle avec laquelle Samuel Huntington entraînait tout le monde vers le "choc des civilisations", cette vue de l'esprit qui permettait un blanc seing aux pires interventions extérieures. Besson fixant cette notion à une date précise : "par exemple dans son discours du 23 avril 2006 : « Là encore, nous en avons plus qu’assez de devoir en permanence avoir le sentiment de s’excuser d’être Français. D’ailleurs, si certains se sentent gênés d’être en France, je le dis avec un sourire mais aussi avec fermeté, qu’ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu’ils n’aiment pas ». Enchaînant dans la même veine le 2 mai suivant à l’Assemblée nationale pour être sûr d’être bien compris : « On en a plus qu’assez d’avoir le sentiment d’être obligé de s’excuser d’être Français ». Ces propos font écho à ceux prononcés par deux de ses rivaux à l’élection présidentielle : Jean-Marie Le Pen, président du Front National, qui dans les années 1980 déclarait déjà « La France, aimez-la où quittez-la », et Philippe deVilliers, président du mouvement pour la France,dont les affiches proclament « La France, tu l’aimes ou tu la quittes »".
Qu'on ne découvre donc pas aujourd'hui les accointances entre le sarkozsyme et le fond du panier de l'extrême droite : les racines sont bien les mêmes depuis longtemps ! Entre 2006 et 2012, Sarkozy avait bien utilisé la même pensée, tout en ayant l'outrecuidance de le nier en direct, à la télévision !!! Les slogans de Sarkozy 2012 sont en effet directement inspirés de ceux des campagnes de De Villiers ! Des slogans dignes de figurer dans la chanson de Kamini, qui voit en 2012 son village, Marly-Gomont, voter en masse pour... Marine LePen !
L'auteur subtil de la chanson phare de l'antiracisme expliquant l'influence pernicieuse de ces cinq dernières années en France ; là où des coins qui n'ont jamais vu un seul arabe votent pourtant LePen : "Ben ça ne m’étonne pas. Déjà, il y a 5 ou 10 ans c’était pareil ! Il y a toujours eu un électorat d’extrême-droite. Dans les petits coins comme ça, où les gens sont habitués à regarder des chaînes de télévision, où on leur dit « attention les arabes, les cités, les quartiers », les gens votent FN même s’ils ne connaissent pas ces quartiers et n’y sont jamais allés. Il y a beaucoup de personnes âgées, ils bloquent sur ce qu’on dit aux infos. Les seuls noirs qu’ils ont côtoyé dans leurs vies c’est nous ! Ma famille quoi !" Dix ans de droite laxiste avec les idées de l'extrême droite, ça laisse des traces, en effet ! Dix années de propagande sécuritaire, ça finit par porter ses fruits ! Dix années de JP Pernaut débitant son chapelet de peurs ordinaires également ! Pour la peine, on réécoute le petit chef-d'œuvre de dérision, ici-même. L'antisarkozysme, version hilarante et.... plutôt vacharde. Les français, tous des veaux, avait dit un jour le Général De Gaulle : comme à Marly-Gomont, donc.
Les deux ne s’y sont pas trompés :
En 2007 ; l'équipe du PS qui avait observé Sarkozy avait perçu beaucoup de choses déjà, y compris l'inévitable conflit larvé qui l'attendait avec le FN. Sarkozy pouvait certes tenter de réaliser le hold-up des voix frontistes ; mais il ne pourrait le faire qu'une seule fois, nous avaient-ils prévenus : « On peut aller à la chasse aux voix du Front National et perdre sa place, a déclaré Le Pen, on gagne une voix du FN et on en perd trois à son bénéfice ». "Le second s’est félicité de la « villierisation » des esprits et a exclu un éventuel ralliement à M.Sarkozy au second tour de l’élection présidentielle. On voit mal en effet pourquoi les électeurs du FN préféreraient soudainement Nicolas Sarkozy alors qu’ils ont déjà entendu des dizaines de fois Jean-Marie Le Pen proférer de tels propos. En fait, sous sa fausse bonne idée (reprendre les voix du Front national), les propos de Nicolas Sarkozy renvoient à une période que l’on croyait révolue, celle où la droite républicaine n’était pas au clair avec l’extrême droite." C'était particulièrement bien vu, en 2007, ce rappel des pires moments de la droite française, qui ont resurgit en 2012 de la même manière, avec les slogans pétainistes sur le "vrai travail", notamment. Une idée de... Nicolas Sarkozy (sous l'influence de l'infâme Patrick Buisson), qu'il niera le lendemain pour finir par le reconnaître le surlendemain. Cela est réapparu sous forme de lapsus chez son ministre Gérard Longuet, le ministre façon "Jurassic Park" qui avait en son temps rédigé le premier programme économique du Front National (***° : "nous", a-t-il dit hier en parlant du parti de Marine LePen. Nicolas Sarkozy ayant déclaré le 25 avril que le LePenisme était "compatable avec la République", plus rien ne pouvait empêcher certains de le revendiquer.
"La droite américaine ajoute à ces credos traditionnels de la droite anglo-saxonne trois autres caractères plus novateurs auxquels Nicolas Sarkozy tente de coller. Cette droite se veut en premier lieu plus optimiste et se différencie du scepticisme de la droite classique à l’égard du progrès. Elle veut en fait s’approprier la foi dans le progrès et l’avenir qui est l’un des déterminants essentiels de la gauche. Cette stratégie des néo-conservateurs américains est très visible chez Nicolas Sarkozy.On le voit ainsi faire l’éloge du volontarisme politique à Nîmes le 9 mai 2006 : « Il n’y a pas de fatalité au déclin, il y a seulement les ravages de l’immobilisme.(…) Ce soir, je suis venu vous dire que les choses peuvent changer,que les choses vont changer. Parce que nous allons ensemble construire le chemin qui fera entrer la France de toujours dans le monde de demain ». Mais attention, cet optimisme a toutefois un prix : le retour au pouvoir de l’idéologie libérale, la toute puissance du marché !"... Et quand les fameux marchés s'effondrent, c'est toute une idéologie libérale qui part avec l'eau du bain. Mais là, Nicolas nous sort une autre martingale dont il a le secret : "ce n'est pas de ma faute, c'est la faute à la crise"... affirme-t-il sans sourire devant l'homme de "Combien ça coûte, JP Pernaut, resté sur le coup... plutôt dubitatif.
Cette droite se veut en deuxième lieu plus égalitaire.
Il y a donc bien continuité chez Sarkozy. Les idées de 2012, y compris les plus nauséabondes ne datent pas d'hier, chez lui. "C’est à ce titre d’ailleurs que Nicolas Sarkozy revendique la rupture avec le modèle européen. Le 5 septembre 2005, à la Baule, il se dit « convaincu que l’on ne peut pas continuer à commenter les inégalités, il faut les réduire si l’on ne veut pas créer les conditions d’un drame pour la France dans les 20 ou 30 années qui viennent ». Comme aux Etats-Unis,ce discours sur la lutte contre les inégalités n’a qu’un objet :celui de séduire les couches populaires pour les arrimer à la droite conservatrice. Il connaîtra ensuite le même destin :celui des promesses vite oubliées car qui oserait prétendre que les inégalités se sont réduites sous la direction de G.W.Bush ?" Tout est bon pour draguer et tenter de séduire un électorat ouvrier censé voter LePen en masse (ce qui est encore loin d'être prouvé !). En visite en 2012 chez Seb en Isère, il affirmera son "amour" pour les usines, qu'il est bien entendu le seul à venir visiter, selon lui : « c'est merveilleux, merveilleux. Moi, j'aime les usines. Personne ne vient les voir, ils me laissent tout seul ». En Argentine, Juan Peron tenait exactement les mêmes propos !
Cette droite se veut en dernier lieu moins élitiste et plus populiste.
Un popuiisme que ne renierait pas Peron, flanqué d'Evita comme Sarkozy de Carla. "Le populisme égalitaire s’agrège alors à la religion civique, au patriotisme et à la religion tout court pour « équilibrer » dans l’inconscient collectif la croyance dans les vertus du marché et la méfiance à l’égard des administrations étatiques. C’est manifestement dans ce registre que Nicolas Sarkozy en fait le plus. Sa stratégie : trouver des boucs émissaires qui lui permettent sur un coup médiatique de capitaliser de futurs suffrages. Il se pose en défenseur du peuple face aux étrangers, tous assimilés hâtivement à des délinquants en situation irrégulière. Il faut nettoyer la cité au Kärcher et la débarrasser de la racaille pour restaurer l’ordre public." La manipulation de l'insécurité, le domaine ou Nicolas Sarkozy est passé roi pendant ses cinq années, en prenant modèle sur G.W.Bush pour créer un Homeland Security à la française, que j'ai dénoncé très tôt ici-même (dès le 16 mai 2007 !).
"Autres cibles de choix : les chômeurs et les Rmistes, tous assimilés à des profiteurs face à la France qui se lève pour aller travailler. La technique est désormais bien rôdée : décrypter les études qualitatives des instituts de sondages pour déterminer ce qu’attendent les Français, se prévaloir ensuite d’un fait divers et leur faire entendre ce qu’ils voulaient justement entendre, par le peuple pour faire peuple et enfin prétendre qu’il est populaire et non populiste puisque « être populiste, c’est considérer que la majorité a raison parce qu’elle est la majorité ». Or qu’a-t il fait sinon organiser le rendement de son populisme et sa mise en scène et faire croire que l’électorat le suit alors qu’il le flatte pour au final pouvoir accéder à la présidence de la République ?
Le rôle d’un leader politique est de dire la vérité au peuple tout en lui redonnant confiance en lui. Nicolas Sarkozy lui dit ce qu’il veut entendre de ses peurs pour qu’il lui donne sa confiance ! Il utilise la vieille recette du populisme qui consiste à flatter le peuple et à dénoncer l’incurie des élites".
Lors de cette dernière campagne, cela culminera avec la notion de "vrai travail", sorti encore une fois de la veine pétainiste, mais aussi avec des attaques répétées contre ses fameuses "élites" et les "corps intermédiaires". "Nicolas Sarkozy a redit vouloir mener "une campagne de vérité". Il s'en est de nouveau pris aux "élites", qui se sont octroyées des rémunérations défiant le "sens commun", et aux "corps intermédiaires" - partis, syndicats, groupes d'intérêts, etc. - accusés de confisquer la parole des Français. "Ce ne sont pas les Français qui sont rétifs aux réformes mais les corps intermédiaires qui n'aiment rien tant que l'immobilisme", a déclaré le chef de l'Etat, qui a de nouveau défendu sa proposition de référendums sur des sujets de société. Nicolas Sarkozy a dit vouloir être le "candidat du peuple" et non celui d'une "petite élite contre le peuple".
A voir le salaire d'un Henri Proglio (au départ été prévu 2 millions d'euros par an - 1,6 million de la part d'EDF et 450 000 euros de la part de Veolia), l'élite choisi par Nicolas Sarkozy qui avait même tenté de négocier double rémunération, on peut se dire que c'était se moquer du monde, que d'oser tenir ce genre de propos. Se moquer du monde, car il avait déjà menacé de faire la même chose cinq ans auparavant : "comme candidat de la République à Toulon, le 7 février 2007, il nous disait : « Cela ne peut plus durer, le patron voyou, cela ne peut pas durer et rester impuni, les parachutes en or pour celui qui échoue, les stock-options, réservés à quelques uns ». En avril 2007 à Bercy comme président de la République et en septembre 2008 aussi : « Je n’hésite pas à dire que les modes de rémunérations des dirigeants et des opérateurs doivent être désormais encadrés, il y a trop d’abus, il y a eu trop de scandales ! ».
Sans oublier la phrase "culte" retrouvée par Olivier Bonnet : une phrase prononcée le 19 avril 2007 lors du meeting de Marseille. « Si je suis élu président de la République, je ferai voter dès l’été 2007 une loi qui interdira la pratique détestable des golden parachutes, parce que c’est contraire aux valeurs qui sont les miennes ». Aux réunions de l'hôtel Bristol, en compagnie de "l'insoupçonnable" Eric Woerth, c'est étrange, il ne semble pas que le candidat de 2012 ait jamais fait la moindre allusion à cela... pas plus qu'aux liens avec ses vieux amis du GUD, dont un, le fameux "Gérard" qui avait lui aussi un drôle d'avis sur le salaire du patron d'EDF...
En 2007, donc, le rapport au vitriol établi par le PS sous la houlette de celui qui allait se retrouver chez Nicolas Sarkozy établissait le portrait inquiétant d'un homme dont pas un trait n'a changé depuis. La différence, c'est qu'il y a cinq ans, les gens pouvaient encore croire que la barque avait été trop chargée par l'opposition. Après cinq années d'exercice, il faut bien se rendre compte à l'évidence : tout ce qu'avait écrit Besson était vrai, hélas. Nicolas Sarkozy ne changera jamais plus, quoi qu'il arrive. Donné perdant, le 6 mai, il recommencera ailleurs à bonimenter, ce VRP qui se sera pris pendant cinq longues années pour un président d'une république qui n'avait rien fait pour mériter ça, pourtant. Sauf d'avoir trop écouté ses discours mensongers ponctués de forces mouvements d'épaules et de moulinets de bras : sa gestuelle et ses grimaces non plus, n'ont pas changé d'un iota. Seul son costume a été retaillé, depuis. Le pire ayant été son comportement lors de l'enterrement de soldats, là où il s'est montré en dessous de tout, je pense. Jamais président n'avait paru si peu investi de son rôle. Jamais un homme politique de tel rang n'avait paru aussi à côté de ses pompes dans un tel moment. Ce jour-là, pour tout vous dire, j'ai eu honte de mon président. Dix morts, dix cercueils, pour entendre rire ainsi ? Ce jour-là, le 25 août 2008, pour moi, aura été celui de trop pour lui. Depuis ce jour-là, j'attends qu'il parte.
(*) Nicolas Sarkozy, à la question qu'est ce qui vous différencie de G.W.Bush avait eu une étonnante tirade, avant même d'être élu : "plusieurs journalistes français ayant accompagné le ministre del’Intérieur aux Etats-Unis en septembre 2006 ont raconté l’anecdote suivante. On demande à Nicolas Sarkozy en quoi il se différencie de George Bush. La réponse fuse, mélange d’humour à l’américaine,de fausse modestie et de provocation : « Il a été élu deux fois Président. Moi pas » .Il s’agit certes d’une boutade. Révélatrice, cependant. Spontanément, Nicolas Sarkozy ne voit rien qui le distingue de George Bush. Sauf que l’un a gagné deux fois une élection présidentielle. Et l’autre pas. Pas encore ? Nous voilà prévenus…" avait souligné Eric Besson... celui qui a choisi un autre destin que celui qui l'attendait en qualité de rédacteur de cette charge au vitriol contre le candidat de 2007. Deux infamies, celle de Nicolas Sarkozy acceptant d'héberger dans son ministère, et pas n'importe où (celui de l'identité nationale, justement !) celui qui venait de le traîner dans la boue, et celle du traître à son parti acceptant de déserter en échange d'un maroquin. S'il y a bien quelque chose pour caractériser le sarkozysme, c'est bien ce type de descente dans les bas-fonds de l'âme humaine. Un portefeuille, le résumé de la vision politique d'un Sarkozy, attirant à lui comme un aimant les gens avides de pouvoir. Et non ceux prêts à donner corps et âme pour la République.
(**) concept foireux qui lui vaudra de beaux détournements d'affiche électorale !
(***) Un programme qui avait ainsi été analysé : "ce programme n'a rien de rassurant pour qui prend la peine de le lire. En ce qui concerne le monde du travail : la retraite à 60 ans ainsi que la retraite par répartition seraient supprimées. Les fascistes prévoient aussi l'abandon de toutes les libertés syndicales ( droit de grève... ) et de la cinquième semaine de congés payés. Pour les chômeurs, tout ce que pense le FN à propos d'eux se résume à la déclaration de Roger Holeindre lors des manifs de chômeur de janvier 1998 : " Cette racaille de manifestants, faux chômeurs et vrais pédés ". Par contre, le FN se montre bien plus sympathique avec les chefs d'entreprises en leur accordant une liberté totale de licenciement... Passons maintenant aux impôts. Le Pen prévoit de baisser progressivement l'impôt sur le revenu et sur les sociétés afin qu'il arrive à 0 petit à petit. Bien, mais que prévoit-il pour remplacer l'argent que rapportait ces impôts ? Une augmentation de la TVA bien sûr ! Pour que les personnes aux revenus les plus modestes trinquent encore plus que maintenant. Et notre système social, qu'en est-il ? Hé bien, suppression totale de la sécurité sociale. Quoi, vous voulez vous faire rembourser vos frais médicaux ? Souscrivez à une assurance médicale privée. Vous n'en avez pas les moyens ? Bah crevez ! Pour l'éducation, une révision totale des programmes est prévue, en particulier pour l'histoire ainsi que pour la philosophie. Par exemple, on ne critiquera plus le colonialisme, les barbaries françaises, on oubliera consciencieusement l'enseignement des droits de l'Homme et l'antiracisme sera considéré comme un endoctrinement politique... De plus, le principe de la sélection naturelle sera bel est bien présent : les meilleurs pourront obtenir une éducation, les autres : au rebut. Ce programme qui flatte les petits patrons, aiguiserait les haines et aggraverait les inégalités en particulier pour les petits revenus qui souffriraient énormément d'une TVA forte... Avec la " préférence nationale " seules les familles " françaises de souche " toucheront les allocations familiales, tous ou presque tous les étrangers seront expulsés sans ménagement ( ce qui aurait pour conséquence grave d'empirer la crise économique car ces étrangers jouent un rôle important dans l'économie française )... Et enfin, est-ce vraiment utile de rappeler que le régime frontiste serait autoritaire, ultra-libéral, dans lequel les flics et les militaires feraient la loi, ce qui laisserait la part belle aux bavures et abus en tout genres. Alors, c'est ça que tu veux citoyen ?" : étonnant, non ? Très étonnant oui, cette similitude parfaite entre les idées économiques et politiques de Sarkozy ou de son grand ami éjecté Brice, et celle du Front National de 1972, dans lequel baignait jusqu'au coup le rappelé du jour !
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