@ Esteban
D’accord avec ton commentaire (et la majorité des précédents à l’exception d’un seul, facile à identifier...).
J’héritage hellénisco-romain-judéo-chrétien (plus que le seul héritage chrétien) qui est celui de l’Occident a effectivement permis, après une sécularisation partielle ou totale, l’émergence de l’individualité puisqu’il en était gros. Pour les autres religions, le problème se pose très différemment. Les religions tribalistes (animismes divers), semi-tribalistes (l’Islam entre la tribu et la Oumma), fondées avant tout sur des liens de solidarité et d’appartenance au groupe ou à la collectivité, ce qui rend difficile l’émergence de l’individualisme moderne. Les religions extrême-orientales (bouddhisme, shintoïsme, hindouisme, etc.) posent d’autres problèmes à l’émergence de l’individualisme moderne (trop long à aborder ici, d’autant plus que le religieux se superpose et interfère avec les systèmes hiérarchisés de castes assez rigides qui ont pris une dimension sociologique presque extra-religieuse).
Ce qui est certain, c’est que toutes les sociétés et toutes les religions se trouvent confrontées à l’émergence de l’individualisme moderne, alors que celui-ci est une création de l’Occident chrétien. D’où d’importants chocs culturels, qui n’ont pas fini de faire des ravages à l’intérieur de chaque civilisation et entre civilisations.
La notion d’individualité est elle une illusion comme le disait un intervenant précédent ? Je serais assez d’accord mais je préciserais qu’il s’agit d’une illusion réaliste, en ce sens que quand un être accède au statut d’individualité, il ressent un véritable sentiment de libération, qui se traduisent dans les faits par des décisions personnelles qui lui paraissent autonomes. Voilà pour le réalisme. Mais l’illusion demeure : l’être « individualisé » moderne reste surdéterminé et conditionné dans ses comportements, qu’il croit « libres », par les règles inmplicites de ses groupes d’appartenance. C’est ainsi que des troupeaux d’« individualistes » se précipitent dans les temples de la consommation en poussant des caddies quand autrefois ils se pressaient dans les églises.
Je ne sais vraiment pas comment nous allons renouer ce lien dangereusement distendu entre l’individuel et le collectif. Il faudrait pour cela qu’un maximum d’entre nous transforme son individualisme moutonnier en individuation personnalisée. Nous n’en prenons pas le chemin...
J’ajouterai qu’étant agnostique, je ne souhaite pas le retour des religions. Mais étant donné le besoin de croyance irrationnelle et le besoin de participation collective inhérents à la nature humaine il y a fort à parier qu’elles reviendront, soit sous leurs formes antérieures (dictatures théocratiques sur les conscicnes), soit sous de nouvelles formes que nous ne pouvons même pas imaginer actuellement tant nous sommes tous dans cette phase de transition majeure dans l’histoire de l’Humanité.
Pour l’instant c’est le foot, la télé et les hypermarchés.