Le plus simple est de lire un panel de textes de théoriciens communistes
de diverses tendances (des plus avant-gardistes aux plus libertaires) :
vous verrez des courants très divers qui ont cependant un point commun :
ils définissent la société communiste comme une société collectiviste
c’est à dire une société dans laquelle les travailleurs sont
propriétaires de leurs moyens de production et où les modalités de la
distribution sont décidées collectivement (ce qui distingue la variante
communiste des autres formes collectivistes, c’est que ceux qui se
disent communistes sont pour que les modalités de la distribution soient
fonction des « besoins », une formule abstraite qui peut évidemment
donner lieu à des formes différentes selon les choix des individus :
consommation libre, bons de travail, etc.).
Comme tout système collectiviste, le communisme implique
l’auto-organisation des travailleurs et l’absence de toute autorité
extérieure (donc de tout gouvernement), il est donc éminément
démocratique : les décisions concernant la production (produire quoi ?
combien ? comment ?) et la distribution des produits du travail
collectif sont alors prises en assemblées générales au sein de
l’entreprise par démocratie directe. Les différentes entreprises d’une
même localité peuvent intégrer une fédération d’industrie ou une
fédération locale, elle-même intégrée dans une fédération régionale, et
ainsi de suite.
Ce que j’appelle « assemblée générale » et « fédération » a pu avoir des
appellations différentes (soviets, conseils, assemblées populaires ;
syndicats d’industrie, etc.) mais la chose est la même.
Les principes communistes ont été pratiqués à plusieurs reprises dans
l’histoire contemporaine mais à chaque fois ces sociétés ont été
liquidées par des forces réactionnaires :
Espagne 1936-1939 (liquidé par les franquistes)
Russie, 1917 (liquidé par les bolchéviques)
Hongrie, 1956 (liquidé par les bolchéviques)
Allemagne, 1918 (liquidé par les « socio »-« démocrates »)
etc.
Il est facile de comprendre que le fonctionnement des dictatures soit
disant communistes n’a rien de commun avec les exemples que j’ai cité :
dans ces dictatures les moyens de productions appartiennent à l’Etat et
non aux travailleurs.
Etatisation ne signifie sûrement pas collectivisation.
Lénine l’avait bien compris, lui qui n’avait aucun scrupule à le dire
et qui appelait le système tyrannique qu’il avait instauré du
« capitalisme d’Etat ».
Une société communiste est donc par définition extrêmement démocratique.
Là où le bât blesse c’est sur la question des « moyens » : à ce niveau
là, les communistes se sont déchirés dès le milieu du 19e s entre les
partisans d’un élitisme révolutionnaire (des vrais faux révolutionnaires
en quelque sorte dont les léninistes sont de véritables caricatures) et
ceux qui pensaient que "l’émancipation des travailleurs doit être
l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes".
Attention quand même : les divers courants qui se sont développés à
partir des théories marxiennes ne sont pas tous à mettre dans le même
sac.
Pourquoi imputer aux conseillistes (anti-bolchéviques par excellence),
les agissements et les idées éxécrables des marxistes-léninistes ?
Les premiers revendiquaient une véritable autonomie ouvrière tandis que
les seconds avaient développé toute une théorie selon laquelle la masse
des gens étant trop stupide (c’était pas dit comme cela mais bon en
clair c’est ça), il fallait une avant-garde éclairée composée
d’intellectuels, une gentille élite (sic) de révolutionnaires
professionnels en gros, pour mener à bien la Révolution. Plutôt qu’à la
« dictature du prolétariat » (terme au demeurant jamais clairement défini
qui désignait dans l’esprit de Marx la période suivant la "dictature de
la bourgeoisie" -> travail =/= capital), on est donc passé en URSS, à
la dictature sur le prolétariat.
Lire « Que faire ? » de Lénine (1905) est très instructif à ce niveau, on
se rend compte que le marxisme-léninisme était dès le départ un ensemble
de théories totalement contre-révolutionnaires.
A l’époque où Lénine écrivaient cela, de nombreux communistes (Rosa
Luxembourg en tête mais surtout les anarcho-communistes évidemment)
mettaient en garde contre les dérives bien prévisibles auxquelles
devaient forcément mener l’application de ces théries avant-gardistes.
Après avoir vidé les soviets de leurs substance, les léninistes ont en
effet liquidé toute aspiration révolutionnaire (rf. Kronstadt, 1921).
10/05 21:24 - Chuck Maurice
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09/05 14:54 - tf1Goupie
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