• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de lerenard

sur Lire « L'impérialisme stade suprême du capitalisme » de Lénine


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

lerenard lerenard 9 mai 2012 11:28

Le plus simple est de lire un panel de textes de théoriciens communistes de diverses tendances (des plus avant-gardistes aux plus libertaires) : vous verrez des courants très divers qui ont cependant un point commun : ils définissent la société communiste comme une société collectiviste c’est à dire une société dans laquelle les travailleurs sont propriétaires de leurs moyens de production et où les modalités de la distribution sont décidées collectivement (ce qui distingue la variante communiste des autres formes collectivistes, c’est que ceux qui se disent communistes sont pour que les modalités de la distribution soient fonction des « besoins », une formule abstraite qui peut évidemment donner lieu à des formes différentes selon les choix des individus : consommation libre, bons de travail, etc.).

Comme tout système collectiviste, le communisme implique l’auto-organisation des travailleurs et l’absence de toute autorité extérieure (donc de tout gouvernement), il est donc éminément démocratique : les décisions concernant la production (produire quoi ? combien ? comment ?) et la distribution des produits du travail collectif sont alors prises en assemblées générales au sein de l’entreprise par démocratie directe. Les différentes entreprises d’une même localité peuvent intégrer une fédération d’industrie ou une fédération locale, elle-même intégrée dans une fédération régionale, et ainsi de suite.
Ce que j’appelle « assemblée générale » et « fédération » a pu avoir des appellations différentes (soviets, conseils, assemblées populaires ; syndicats d’industrie, etc.) mais la chose est la même.

Les principes communistes ont été pratiqués à plusieurs reprises dans l’histoire contemporaine mais à chaque fois ces sociétés ont été liquidées par des forces réactionnaires :
Espagne 1936-1939 (liquidé par les franquistes)
Russie, 1917 (liquidé par les bolchéviques)
Hongrie, 1956 (liquidé par les bolchéviques)
Allemagne, 1918 (liquidé par les « socio »-« démocrates »)
etc.

Il est facile de comprendre que le fonctionnement des dictatures soit disant communistes n’a rien de commun avec les exemples que j’ai cité : dans ces dictatures les moyens de productions appartiennent à l’Etat et non aux travailleurs.
Etatisation ne signifie sûrement pas collectivisation.
Lénine l’avait bien compris, lui qui n’avait aucun scrupule à le dire et qui appelait le système tyrannique qu’il avait instauré du « capitalisme d’Etat ».

Une société communiste est donc par définition extrêmement démocratique. Là où le bât blesse c’est sur la question des « moyens » : à ce niveau là, les communistes se sont déchirés dès le milieu du 19e s entre les partisans d’un élitisme révolutionnaire (des vrais faux révolutionnaires en quelque sorte dont les léninistes sont de véritables caricatures) et ceux qui pensaient que "l’émancipation des travailleurs doit être l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes".
Attention quand même : les divers courants qui se sont développés à partir des théories marxiennes ne sont pas tous à mettre dans le même sac.
Pourquoi imputer aux conseillistes (anti-bolchéviques par excellence), les agissements et les idées éxécrables des marxistes-léninistes ?
Les premiers revendiquaient une véritable autonomie ouvrière tandis que les seconds avaient développé toute une théorie selon laquelle la masse des gens étant trop stupide (c’était pas dit comme cela mais bon en clair c’est ça), il fallait une avant-garde éclairée composée d’intellectuels, une gentille élite (sic) de révolutionnaires professionnels en gros, pour mener à bien la Révolution. Plutôt qu’à la « dictature du prolétariat » (terme au demeurant jamais clairement défini qui désignait dans l’esprit de Marx la période suivant la "dictature de la bourgeoisie" -> travail =/= capital), on est donc passé en URSS, à la dictature sur le prolétariat.

Lire « Que faire ? » de Lénine (1905) est très instructif à ce niveau, on se rend compte que le marxisme-léninisme était dès le départ un ensemble de théories totalement contre-révolutionnaires.
A l’époque où Lénine écrivaient cela, de nombreux communistes (Rosa Luxembourg en tête mais surtout les anarcho-communistes évidemment) mettaient en garde contre les dérives bien prévisibles auxquelles devaient forcément mener l’application de ces théries avant-gardistes.
Après avoir vidé les soviets de leurs substance, les léninistes ont en effet liquidé toute aspiration révolutionnaire (rf. Kronstadt, 1921).


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès