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Commentaire de easy

sur Les « cathos intégristes » se mobilisent contre François Hollande


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easy easy 13 mai 2012 19:21

A ce qu’on en sait, le Christ n’avait jamais été favorable au principe des frontières fermées.

Mais son Eglise, trop impliquée dans les couronnements des rois et empereurs, ayant ses Etats pontificaux (le quart de l’Italie actuelle), ses armées, s’est trouvée disons obligée de réagir en considérant les frontières et parfois même en les traçant (Traité de tordesillas). Les papes ont souvent déploré les guerres entre seigneurs chrétiens mais ils les ont aussi souvent dressé les uns contre les autres. Et cela même avant Luther, même avant qu’apparaissent des divisions doctrinaires au sein de la chrétienté (Le grand Schisme étant mis à part tant il était spécial).

Ca peut étonner ceux qui ne s’intéressent pas trop à l’Histoire mais en effet, l’Eglise a été, en dépit des indications contraires du Christ, très intéressée par le concept de frontières et d’Etat.

De nos jours, alors que l’Europe reste encore globalement assez porteuse du christianisme remanié par le Vatican, l’Eglise est capable de soutenir des discours nationalistes. Franco-français ici, polono-polonais à Varsovie, austro-autrichien à Vienne, Italo-Italien à Rome...


Tout ça est fort paradoxal mais il faut comprendre que se sentant aux abois, elle fait feu de tous bois et saisit toute planche, même la plus bizarre.


Alors qu’en bon naïf, on pourrait s’attendre à ce qu’elle ressorte comme étant notre ultime organisation morale nous enjoignant de ne pas considérer nos frontières et drapeaux, on la découvre empressée à exciter notre nationalisme.


Pas question pour moi de croire qu’elle veut que nous nous fassions la guerre entre Européens. Mais je crois bien que pour se manifester, pour exister, elle profite de n’importe quel brasier pour y apporter ses bois. Puis, quand nous commencerons à nous foutre dessus, elle viendra nous rappeler à la réconciliation « Voyons mes enfants, on ne doit pas de battrre entre frères ! »
C’est la seule manière qu’elle ait trouvé pour être présente en toutes circonstances.



Mais l’Eglise est-elle bien incitatrice au nationalisme ? Si elle ne dit pas clairement « Soyez nationalistes », elle ne nous enjoint pas à ne pas l’être.

Alors qu’il serait dans la logique du Christ de nous marteler que le nationalisme est une horreur, elle ne prend pas position en ce sens et évite soigneusement de verser dans l’Internationalisme où elle voit l’antre du diable rouge.

N’étant pas internationaliste alors qu’elle devrait l’être, elle est donc nationaliste.



Reste que le sens de nationalisme a un peu changé depuis 1945.
Alors qu’à l’époque, l’ensemble des Blancs faisaient la loi sur le Monde et ne se chamaillaient qu’entre eux (en se massacrant par millions), alors que le nationalisme de l’époque diabolisait, dans chaque pays européen et chrétien, ses voisins tout aussi européens et chrétiens, il ne va plus dans ce sens de nos jours.
Même la Hollande, même la Hongrie, même l’Autriche aujourd’hui, ou la France un de ces quatre, s’ils sont nationalistes, ce n’est plus par considération que leurs voisins sont des diables.
Le nationalisme de nos jours, tient davantage à un isolationnisme protecteur et conservateur. « Chacun chez soi et les poules seront mieux gardées »

C’est un nationalisme moins agressif envers les voisins qu’il ne l’était autrefois. Il y a des revendications d’indépendance régionales intra étatiques mais aucune revendications territoriales nationale n’est soulevée en Europe. Les frontières ne sont pas remises en cause.
Et ce nationalisme nouveau, s’il diabolise quelque chose, c’est une religion, celle des barbus (rejet étendu aux immigrés récents d’une façon générale).
C’est un nationalisme d’expulsion ou de purification intérieure, non de conquête extérieure, non de domination sur quelque autre peuple extérieur.


Ce néo nationalisme européen a toutes ses chances de prospérer et son seul frein c’est le fait de la globalisation, de la dépendance énergétique, de la concurrence avec d’autres très grandes entités nationales, toutes choses qui obligent les Etats européens à s’organiser donc à se serrer les coudes.

Mais là, je suis allé vers des considération très matérialistes.

Or l’Eglise dont il est question ici, reste, en dépit de son matérialisme, suggestive de valeurs morales.


Quelle pourrait être la valeur morale absolue ?
Il me semble qu’elle ne peut que tourner autour d’un principe de fidélité, d’indéfectible fidélité. Cela se passe au-delà de la notion de bien ou de mal.
On s’est engagé ou on est engagé envers une personne ou une entité, on s’y tient quitte à devoir en mourir. Cf le Christ.

(relevons au passage que la grande différence entre sunnites et chiites tient à la question de l’apostasie fictive, celle qu’on est obligé de faire sous la menace. Les premiers n’acceptent aucun cas d’apostasie, les seconds l’admettent sous la pression ou la torture. Cette possibilité que s’offrent ceux qui admettent le faux consentement pose alors de gros problèmes de confiance ou de crédibilité à tous ceux qui voudraient discuter ou négocier avec eux)

C’est probablement autour de la fidélité indéfectible que les européens nationalistes vont le plus coaguler. Mais ce n’est pas simple car dans bien des cas, les points de vue de la masse divergent fortement de ceux de l’individu. Anne Sinclair reste attachée à DSK, Julien Dray aussi mais la masse, toutes les sortes de masses bruyantes réprouvent cet attachement car elles tiennent à leur influence, à leur loi. Elles veulent toutes que DSK se retrouve abandonné de tous.
Ce point de la fidélité indéfectible à une personne s’oppose au pouvoir d’exclusion du groupe et sera donc constamment en débat, même implicite.


Ainsi, le plus monumental débat que pourrait entreprendre l’Eglise, à l’égal de celui de Valladolid, serait de poser la question : est-il chrétien de forcer ou de couvrir d’opprobre quiconque tiendrait à ses attachements, même avec une personne que la masse juge criminelle ?
Ou autrement posée : qu’est-ce qui doit prévaloir pour un individu, son attachement à une personne, à sa famille ou son attachement à l’Etat, au peuple, à une Eglise, à celui du grand groupe qui fait la Loi et qui énonce les condamnations ?



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