Votre commentaire est un ramassis de clichés, comme c’est souvent le cas lorsque les hommes s’autorisent à donner leur avis sur la prostitution.
Le mouvement abolitionniste n’a pas vocation à interdire la prostitution mais à interdire le contrôle social sur la prostitution (fichages policier, contrôles médicaux, rafles, délits de racolage, maquereaux, réseaux d’exploitation, traite des êtres humains, etc). Ce mouvement, contrairement à ce que vous dites et ce que semble également dire l’auteur de l’article, ne milite pas pour empêcher qu’entre deux adultes consentants, il puisse exister des relations sexuelles tarifées, tout simplement parce que cela est impossible : on ne peut pas mettre un policier dans chaque alcôve, en clair, on ne peut contrôler l’intimité des personnes.
En revanche, ces personnes qui militent pour l’abolition sont généralement des acteurs du terrain, psy, médecins, travailleurs sociaux, éducateurs spécialisés, etc. qui côtoient quotidiennement le public prostitué et en constate chaque jour la dégradation. Parce que oui, la prostitution abîme les personnes qui s’y adonnent : drogue, alcool, troubles psychologiques sévères, dépression, suicides, etc.
La prostitution n’est pas un métier comme un autre. La preuve ? L’année dernière, l’équivalent du Pôle Emploi allemand a proposé à des jeunes femmes de travailler dans des Eros Center, puisque la prostitution là-bas est considérée comme un métier. Vous aimeriez, vous, qu’on propose à votre fille ou à votre femme, ce genre ’d’emploi« ? Que son salaire dépende du nombre de pipes et de sodomies réalisées dans la journée ?
Vous parlez d’éducation des personnes, apprendre à séduire, apprendre à obtenir une vie sexuelle épanouie, etc. Comme si les clients étaient tous des désespérés sexuels, des malheureux et des frustrés ! Les éduquer à quoi ? Combien de fois nous croisons sur les parking des clients avec un siège bébé à l’arrière de la voiture... Des gens bien sous tout rapport, des types qui roulent en Merco et vont s’encanailler avec le public le plus pauvre et le plus déshérité que la France héberge. Plusieurs études sociologiques réalisées aux USA ont montré que la majorité des clients savaient pertinemment que les prostituées qu’ils fréquentaient subissaient de graves violences et des formes sévères d’exploitation. A la question »cela peut-il vous pousser à cesser d’avoir recours à elles ?« , la réponse a été non à 80%. Par contre, en Suède où la pénalisation du client est effective, la fréquentation a baissé de façon conséquente, et la récidive tombe quasiment à zéro vu que les noms des fautifs sont rendus publics. Comme quoi des fois une bonne démonstration vaut mieux qu’un long discours.
Dire que l’interdiction de la prostitution va augmenter les viols est faux et ARCHIFAUX ! Il y a statistiquement plus de viols dans les pays qui autorisent la prostitution que dans ceux qui l’interdisent ! Ce que vous dites en l’occurrence est : la prostitution a une utilité sociale, elle sert de défouloir sexuel aux hommes. C’est le discours que tenaient les hygiénistes du XIXème siècle, c’est dire si ce que vous avancez est totalement RINGARD !
Les maisons closes offrent certes plus de sécurité aux clients mais certainement pas aux prostituées. Il a été démontré il y a quelques mois que les filles de l’Est qui travaillaient dans les Eros Center allemand gagnaient environ 7800 euros par mois mais payaient en moyenne leur »chambre« au tenancier 7200 euros. Elles se font donc un salaire misérable, à moins de passer à des cadences infernales (dix clients par jour pour 20 jours de travail/mois). Tout ça pour quoi, exactement ? Pour permettre à des bons pères de famille de venir se vider les couilles en toute sérénité ? Pour que l’état encaisse de l’argent »parce qu’il faudrait avoir une case en moins pour prôner le contraire" ? Est-ce que vous réalisez seulement l’énormité de ce que vous dites ????