REUSSIR ou MOURIR !
« Dans un monde qui change très rapidement, il faut aller vite, être réactif, il faut s’adapter », scandait Villepin le 1er février 2006 devant le Salon des entrepreneurs.
Du matin au soir, le même « flow » se répand sur les ondes et dans la presse, scratché en boucle par les DJ du hardcore social :
« Il faudrait un certain pourcentage de personnel flexible pour pouvoir s’adapter rapidement à la charge », lâche le patron Jean Vaylet dans Le Dauphiné Libéré (07/2002).
« Le droit du travail doit s’adapter à la vitesse et à l’imprévisibilité de l’économie », renchérit dans L’Express (16/2002) le nobliau Geoffroy Roux de Bézieux, président de l’association patronale CROISSANCE PLUS.
Il faut travailler pour avoir un emploi, puis bien bosser pour le garder ou en trouver un autre : cela ne s’appelle pas la sélection naturelle, mais l’exclusion compétitive. La Nature nous a appris que seuls ceux qui savent s’adapter réussissent et perdurent.
Eh oui, il y va de la survie de l’espèce. Au temps des cavernes, il fallait chasser le mammouth pour passer l’hiver. À l’âge de la mondialisation, il faut ramer au jour le jour pour ne pas crever de faim. « Relever le défi », c’est admettre que la voracité économique est un phénomène aussi naturel que la météo des plages.
(En 2005, les entreprises du CAC 40 ont amassé un bénéfice net de 62 milliards d’euros, dont 24 milliards refilés aux actionnaires, soit 50 % de mieux qu’en 2004 - source : Les Échos.)
La faute à qui si le soleil ne brille que pour les gros et s’il appartient aux pauvres de leur éponger le front ? Au demeurant, l’injonction faite à ceux-ci de s’adapter à ceux-là ne date pas d’hier. Vingt ans déjà que médias et politiques martèlent à l’unisson les vertus du darwinisme social. Réussir ou mourir, être précaire ou ne pas être.