Moi aussi Herbe
S’il y a un message que j’aimerais faire passer aux frangins depuis le fond de ma mine, c’est qu’il serait infiniment plus intéressant pour l’Humanité qu’ils participent à notre compréhension des mécanismes psychanalytiques et sociologiques en disséquant leur ouroboros.
Il y a peu de noms de camarades d’école dont je me souvienne. Mais je me souviens de tous les noms des camarades jumeaux. Ils sont remarquables et remarqués
Même les jeunes jumeaux qui n’en rajoutent pas (encore que les parents de jumeaux les habillent quasiment toujours identiquement et pas seulement pour des raisons pratiques) ils provoquent, y compris à leur corps défendant, un effet spécial qui tourne autour du miroir mais aussi autour du principe d’unicité qu’ils contrarient, bien entendu.
C’est que devant des jumeaux, chacun de nous se sent soudain très seul. Chacun de nous se met alors à retisser des liens avec des tiers afin de ressentir davantage cette connivence mise à mal par les jumeaux.
Du coup, les camarades des jumeaux ayant tous besoin de se connecter, ils y parviennent en un éclair et leur coagulation se fait sur le dos des jumeaux : railleries à la clef.
Grandissant dans cette ambiance où automatiquement ils se retrouvent avec des coagulés en face d’eux, les jumeaux sont obsédés par cette problématique et développent des stratégies soit de repli sur eux-mêmes soit de revanche en amplifiant leur effet miroir pour déstabiliser-fasciner leur public. Car les jumeaux ne manquent jamais de remarquer que s’ils s’attirent les moqueries, ils attirent aussi des fascinés-curieux.
Je n’ai pas de jumeau mais étant Eurasien, j’ai une allure un peu étrange. Et j’ai un frère qui a aussi la même allure étrange. Je sens très bien que lorsque nous sommes ensemble, nous déstabilisons les gens bien plus que quand je suis seul en face d’eux.
Par extension, le même phénomène se produit quand je suis entouré de mes enfants qui ont aussi de cette étrangeté.
L’ampleur de ce trouble est proportionnelle à la solitude de l’observateur. Pour être clair, moi + mes enfants devant un Auvergnat pur jus isolé voire déplacé à Paris, ça le déstabilise fortement et moins fortement s’il est entouré de ses copains de village.
La vue de jumeaux crée sur les autres un choc analoque à celui que provoquerait un voyage imposé vers Mars.
Imposé et déséquilibrant pour les observateurs timorés, mais apprécié pour les amateurs de manèges. C’est là que jouent les préférences et que se font les divisions.
Les vrais jumeaux, surtout s’ils augmentent leur effet miroir-ubique, se retrouvent alors avec des gens qui les fuient et des gens qui les approchent fascinés, charmés, par cette étrangeté et curieux de vérifier où pourrait se trouver leur place entre eux deux.
A signaler qu’après Michael Jackson, des millions de personnes se sont mises à regarder vers sa fratrie pour y scruter l’émergence d’un double. Et de cette attente du public, il a effectivement émergé des clones.
Quand Ravi Shankar joue, il épate déjà. Mais maintenant qu’il est accompagné par sa fille Anouschka (Norah Jones préférant tracer sa voie en solo) le public est sur-fasciné.
Je ne fais là qu’effleurer la problématique mais je comprends très bien que les Bogdanov, d’abord exploités par les media, en soient venus à exploiter à leur tour le concept d’univers parallèles et la mise en abyme. Du coup, quand ils parlent à ce public qu’ils fascinent, ils ne pratiquent surtout pas la langue neutre des vrais scientifiques. Ils multiplient les qualificatifs ou expression à effet dramaturgique alors qu’un scientifique n’en emploie jamais. Il ne peuvent pas sortir de la théâtralisation. Il leur faut tout le temps épater en racontant qu’il a existé de la lumière beaucoup plus rapide que la lumière. Et comme ils sont deux à le prétendre, ça semble plus crédible que si un seul le prétendait. Pour emballer leur auditoire ils n’auraient pas vraiment besoin d’ajouter dans leur assertion que « les scientifiques s’accordent à le dire » mais ils le font tout de même tant ils ont le réflexe du miroir multiple. Robert Charroux avait fait de même avant eux.
Ce sort qui est le leur et qui forme paradigme du genre, s’il était étudié, devrait nous aider à mieux comprendre les mécaniques pyschanalytiques qui jouent chez chacun de nous.
La plupart d’entre nous n’avons pas de jumeaux, pas même de frère sinon boudé. Alors quand nous sortons en boîte, nous nous arrangeons pour former un groupe à identité marquée ou remarquable avec des copains. Deux amies iront donc en boîte non pas en se déguisant en inverses (l’une démontant les artifices de l’autre) mais en se déguisant selon une même panoplie.
L’effet que produisent deux drag queen marchant ensemble sur les Champs est énorme. Et la gay pride est à 100% costumée en ce sens.
Chez Michou, il y a sur scène des travelos et il y a Michou qui, dans la salle, par son allure intermédiaire, sert de medium. L’ensemble, public en tenue de ville + Michou en costume bleu électrique et lunettes roses + les travestis, ça forme, dans cet espace clos, un ensemble parfait pour passer un moment cathartique où, en dépit des convenances ou interdits, une communication se produit en toute transgression et décontraction, voire innocence.
Je pense que tous ces phénomènes, y compris les effets Milgram, Asch, etc. sont à étudier selon une vision s’efforçant à les mettre en relation et perspective.
18/05 12:50 - igor bogdanoff
17/05 22:43 - igor bogdanoff
Bonsoir Ursulin, Voici quelques réponses à vos questions... « ...En parlant de travail, ou en (...)
17/05 00:02 - igor bogdanoff
Zarma, Même si -selon vos dires- vous n’interviendrez plus sur ce forum, je suis (...)
16/05 20:24 - easy
Zarma, J’espère que le milieu scientifique, celui qui a appris d’abord la (...)
16/05 19:49 - Zarma
16/05 19:46 - Zarma
Messieurs Bogdanoff, - D’abord vous reconnaissez implicitement que vous vous êtes (...)
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