"Les profs [...] doivent-ils
perdre leur sens critique, et ne pas s’interroger sur les pratiques,
même inconscientes, qui privilégient l’intérêt sur les bons élèves, et
marginalisent les mauvais, permettant l’aggravation de cette France à
deux vitesses, où des gens acculturés deviendront de plus en plus
imprévisibles«
@Bakerstreet
Ce sont surtout les »bons élèves« qui pâtissent du système actuel, lequel semble fait pour ceux qui ne peuvent pas apprendre. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, plus les exigences baissent, et moins paraissent motivés ceux qui auraient à faire le plus d »efforts. Beaucoup pensent qu’ils ne sont pas dans un lycée pour étudier, mais pour « avoir » le bac. C’est un droit, et c’est déjà bien assez qu’on les oblige à faire acte de présence. Si vous leur demandez pourquoi ils sont là à ne rien faire, ils vous répondront que c’est parce qu’on les y oblige. Et dans le fond, ils n’ont pas tout à fait tort puisqu’aussi bien, sans rien faire et même en s’ingéniant à perturber les cours, ils finiront par être bacheliers. Ce qu’il faut comprendre, c’est que dans beaucoup d’établissements des banlieues, il y a déjà longtemps que le sens de l’émulation s’est complètement inversé. La suprême élégance, c’est d’être là et de ne rien faire. Dans cet univers, où on ne connaît même plus le sens des mots, le « bouffon » ce n’est plus celui qui fait le clown, mais celui qui s’intéresse honnêtement à son travail et s’efforce de réussir. Il est perçu comme une sorte de lèche-cul et complètement méprisé. Beaucoup font même quelquefois l’objet de brimades. A Henri IV ou à Louis le Grand, ces choses-là ne risquent guère d’arriver, mais interrogez donc les professeurs qui ont enseigné dans les pires lycées du 93 !