@ Bouliq
Je vous fais cette réponse tout à fait en aparté de l’article de Morice, tant c’est hors de son sujet.
"le Maroc qui était un état indépendant ... a été saucissonné entre l’Espagne et la France.« 
C’est incontestable. (Conférence de Madrid de 1880 ici, Abd al-Hafid ici sultan du Maroc de 1908 à son abdication le 12 août 1912, opposé aux accords d’Algésiras ici, le »coup d’Agadir«  ici ... etc.). Ces épisodes historiques sont assez méconnus chez nous en France. Mais pour ne pas s’attarder dessus, je dirais que beaucoup de nations ont connu des épisodes analogues, et beaucoup d’entre eux ont, (pour caricaturer) leur »Alsace-Lorraine« .

Concernant Nadia Yassine, je ne la perçois pas comme anti-monarchiste, je veux dire qu’elle n’appelle absolument pas à la sédition. Il m’a semblé à l’écouter, à la lire, qu’elle prend tout à fait en compte ce qu’a produit l’histoire depuis les Ommeyades et que le fond de sa pensée, pour ce que j’en connais, est hautement pacifique et se cherche au plan politique constructif et démocratique. Par ailleurs, il ne faut pas faire de fixation sur le mot roi, sultans, califes, tsars, empereurs, pharaons, schahs, grands mogols... tenaient approximativement le même rôle politique avec grosso-modo autant de pouvoirs. Je ne fais pas moi-même de fixation sur la monarchie (il en reste quelques-unes ici en Europe), tout est question de tempérance, vertu ô combien cardinale dont dépendent toutes les autres. Le bon roi (gouverneur), existe, au moins dans l’idéal au sens mythique, Il est grec en évoquant Ulysse, ou hébreu comme Salomon, ... l’un et l’autre ayant eu leur micro-royaume, ce qui ne diminue en rien la métaphore inspirée par l’aède ou par faveur divine qui devrait guider l’homme politique. Il s’est produit dans l’histoire, des rois qui ont parfois approché cette sagesse légendaire. Du moins ont-ils essayé de le faire. L’organisation républicaine (autre organisation politique non dépourvue de »pouvoirs" - dictatures parfois -) a résolu (en théorie, et en partie) la faiblesse que les pouvoirs ne tenaient que dans une seule main.
La question est humaine avant tout. Si les hommes se rebellent parfois, ce n’est pas au fond sur les hommes qu’ils se rebellent , fut-il l’homme-roi, c’est contre l’iniquité, l’injustice ... qu’ils le font. Là est le moteur de leurs révoltes. Les royaumes n’ont pas le monopole des révolutions, les républiques ont les leurs.
Il est plus sage que le monde évolue vers cette équité, cette justice ... même si cela prend plus de temps, plutôt que de recommencer avec des méthodes révolutionnaires révolues dont nous savons toute la violence et le nombre de blessures qu’elles ont infligées et laissées en héritage.
Bien à vous et au Maroc. Merci pour l’échange.