Minus et Ben
j’ai oublié d’approfondir mon analyse. voici le complément . Il s’agit de l’intervention de MADAME Royal pour la remise de son prix hier.
Prix international de la Fondation Marisa Bellisario le 1er juin 2012 à Rome (Teatro delle Vittorie)
Message vidéo de Ségolène Royal, Présidente de la Région Poitou-Charentes, ancienne candidate à l’élection présidentielle
Madame la Présidente de la Fondation Marisa Bellisario,
Mesdames, Messieurs,
Grazie mille !
Merci du fond du cœur pour le grand honneur que vous me faites en me remettant ce prix prestigieux qui, en distinguant chaque année des lauréates italiennes et d’autres pays du monde, encourage toutes les femmes à s’affranchir des « plafonds de verre » qui brident encore leur investissement économique, social, culturel et politique et pousse nos sociétés à s’enrichir davantage de leurs contributions.
J’aurais été très heureuse d’être des vôtres pour cette belle cérémonie au Teatro delle Vittorie.
Mais les exigences de la campagne législative française (qui, je l’espère et m’y consacre ardemment, donnera dans deux semaines au Président de la République la majorité nécessaire pour accomplir ce changement dont mon pays a besoin) me retiennent en France.
Je vous remercie de l’avoir compris et d’avoir accepté que M. l’Ambassadeur de France me représente auprès de vous.
Je tiens toutefois à vous dire plus que ma gratitude : ma fierté de recevoir cette « Mela d’Oro » qui fait vivre la mémoire et l’exemple d’une femme exceptionnelle, Marisa Bellisario, qui fut pionnière dans des domaines et en un temps où l’égalité entre les hommes et les femmes apparaissait plus incongrue qu’aujourd’hui (où pourtant il reste encore bien du chemin à parcourir).
Chef d’entreprise visionnaire, volontaire et talentueuse, Marisa Bellisario a raconté avec humour les préjugés machistes qu’elle dut affronter comme « donna e top manager ».
« Per une donna, è piu difficile ma – ajoutait-elle – è piu divertente » (« pour une femme, c’est plus difficile mais c’est plus amusant »).
Sa force fut de garder foi en elle, en ses compétences, en sa capacité de travail et d’administrer superbement la preuve non seulement de son talent mais aussi de ce potentiel des femmes auquel elle croyait profondément.
Je veux, disait-elle, que mon parcours donne confiance à celles, plus jeunes, qui entrent dans le monde du travail et qu’elle les incite à ne s’interdire aucune carrière, aucune responsabilité.
C’est le message de ce prix qui porte aujourd’hui son nom.
Ce message est, de nos jours, plus actuel que jamais.
Nos nations et notre Europe, ébranlées par une crise financière, économique, sociale, écologique mais aussi démocratique et morale, n’ont jamais eu autant besoin des femmes, de toutes les femmes, pour inventer et mettre en place un nouveau modèle de croissance et de justice sociale.
Car la parité n’est pas qu’une question d’équité : c’est aussi une question d’efficacité.
Dans un monde en quête de repères et de règles, où les rapports de forces se transforment mais où la pauvreté, les répressions et les guerres continuent de tuer tous les jours et de priver d’avenir des centaines de millions de familles, sous toutes les latitudes, aucune solution durable, dans quelque domaine que ce soit, ne pourra se passer des femmes, de leur courage, de leur énergie, de leur inventivité, de leur ténacité.
Une très grande dame italienne qui fut une de vos lauréates, symbole de l’excellence scientifique et de la cause des femmes, Rita Levi Montalcini, a écrit que la tâche qui incombe aujourd’hui aux femmes est la plus difficile : « être des bâtisseuses de paix ».
La paix, ajoutait-elle, n’est pas seulement l’absence de guerre : « elle doit être travaillée et construite » car « la paix, c’est l’égalité et la fraternité », qui supposent ce que j’appelle un ordre juste dans tous les domaines de la vie humaine.
Pour remettre les choses dans le bon ordre : la finance au service de l’économie et l’économie au service du progrès humain, pour relever le défi de la révolution écologique et de la croissance verte, pour rendre l’action politique à sa finalité première : le service de l’intérêt général, pour que les droits et les devoirs s’équilibrent, pour que le respect dû à chacun et à chacune l’emporte sur l’égoïsme prédateur et la loi du plus fort, il faut des femmes debout et un partage paritaire du pouvoir d’agir.
Merci, encore une fois, de l’honneur que vous me faites car il s’adresse à toutes celles, de plus en plus nombreuses, qui entendent exercer dans notre monde commun la plénitude de leurs responsabilités professionnelles, familiales et civiques.
Voilà. bonne lecture et bon week end pour approfondir les grandes qualités, internationalement reconnues, de Ségolène Royal.