@tikhomir,
Vous avez tout à fait raison. J’ai enseigné les lettres pendant plus de trente ans (après avoir fait un bac math. élem.), et j’ai toujours trouvé bien meilleurs, y compris en lettres, les élèves des sections scientifiques. Les « littéraires », ça n’existe pas ; ou plutôt, ce sont les élèves qui sont incapables de s’intéresser aux mathématiques et à qui on prête par charité des dispositions purement imaginaires. Ces malheureux pâtissent d’une infirmité assez grave, mais qui ne serait peut-être pas totalement incurable si on n’avait pas pris l’habitude funeste de la légitimer en considérant que la nature a créé d’un côté les « matheux » et d’un autre côté des « littéraires ». Et on se plaît à reproduire depuis maintenant des siècles l’imbécile distinction pondue par Pascal entre l’esprit de finesse et l’esprit de géométrie.
Les qualités intellectuelles qu’il faut pour écrire ou comprendre les oeuvres littéraires, et a fortiori les oeuvres philosophiques, sont bien les mêmes qui sont indispensables pour faire des mathématiques. Il y a certes des écrivains et des penseurs fumeux, mais les plus grandes oeuvres sont toujours d’une rigueur rationnelle qui ne le cède en rien à celle des démonstrations mathématiques. Par conséquent, c’est seulement après le bac - et un bac de type C - que les élèves devraient pouvoir s’orienter vers les lettres. Un élève « nul en math. » et qui se complaît dans sa pathologie ne devrait jamais pouvoir être bachelier. Rappelons-nous l’avertissement voulu par Platon à l’entrée de l’Académie : nul n’entre ici s’il n’est géomètre.