"Vous confondez mathématiques et structure rigoureuse:on peut être
rigoureux sans avoir une grande formation en mathématiques ,on peut
construire un plan ,user de sonorités ,de rythmes ...Vous n’allez tout
de même pas affirmer que tous les grands écrivains sont doués en
mathématiques....«
Rosemar,
Je ne confonds rien du tout et je ne suis pas loin d’affirmer fortement l’assertion que vous incriminez. Valéry ne se définissait-il pas lui-même »un amant malheureux de la plus belle des sciences« ? Queneau ou Pérec n’eussent guère aimé qu’on les réduisît à n’être que des littéraires, et je ne parle pas de Roubaud. Et peut-on oublier l’ode aux »mathématiques sévères« du très délirant Lautréamont ?
S’il fallait parler de la rigueur mathématique, il ne serait pas bien difficile d’en esquisser une définition. En revanche, si on veut définir ce qui fait la qualité proprement »littéraire" d’un texte, on peut bien s’abandonner à un exercice d’admiration et faire dans le laudatif, l’intelligence n’y trouvera jamais son compte. Dès lors qu’on veut comprendre quelque chose au fonctionnement de la machine à émouvoir les Bovary, il faut la démonter élément par élément et donc redevenir géomètre. Le grand écrivain n’est pas plus ému, lui, par la littérature qu’il produit que l’acteur étudié par Diderot ne l’est pas les passions qu’il simule. On en revient donc toujours à la raison, à la logique.
Derechef, je le répète : vive les matheux ! Et aux cagniards, les littéraires !