@matsada,
Le phénomène que vous évoquez a été très bien décrit par des gens comme Emmanuel Halperin, Shmuel Trigano ou encore Taguieff. Le cas le plus abominable est sans conteste celui du pauvre Shlomo Sand, qui va jusqu’à nier l’existence d’un peuple juif et prétendre que les vrais Juifs sont les Palestiniens. Le bonhomme, cependant, continue d’enseigner en Israël, il n’a pas du tout été inquiété. J’imagine qu’un Palestinien qui nierait l’existence du peuple palestinien, lequel ne date pourtant que des lendemains de la guerre des six jours, aurait été immédiatement pendu. C’est ainsi du moins qu’on doit procéder dans toute démocratie. En Palestine, par exemple, on n’hésite pas à condamner à mort un pauvre bougre qui a vendu des biens à des Juifs. Le fait qu’on tolère un Shlomo Sand en Israël prouve bien que ce n’est pas du tout un état démocratique.
Le fait est, comme le fait remarquer Taguieff, que tout le monde n’a pas nécessairement un tempérament héroïque ou la capacité intellectuelle de s’opposer dans les conflits d’idées. Beaucoup de Juifs, en France, font le mauvais calcul de croire qu’en se désolidarisant d’Israël on les tolèrera beaucoup mieux et j’en ai même rencontré un par hasard une fois qui, promenant son chien, était venu me parler du paysage que j’étais en train de photographier. Je ne sais plus comment, parlant du jardin où nous étions puis de l’éducation nationale, j’en étais venu à lui parler des difficultés que rencontraient des collègues juifs dans les banlieues. Moi aussi je suis juif, m’avait-il dit, mais ça ne m’empêche pas d’être très antisioniste ! Et de me conseiller là-dessus de lire Sand. J’avais failli en avaler ma pipe.