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Commentaire de Onecinikiou

sur Les votes des députés du Front National à l'Assemblée nationale de 1986 à 1988


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Onecinikiou 13 juin 2012 03:48

@ mmarvinbear,

« Quid de l’explosion de la dette que le passage au Franc provoquera ? »

Votre problème est très facile à cerner car vous réfléchissez dans l’absolu, sans prendre aucun compte du contexte monétaire environnant qui sera alors surdéterminant.

Soit deux solutions les plus probables en cas de sortie, concertée ou non, de l’euro :

1/ Vous réintroduisez le franc unilatéralement sans passer par un système monétaire intégré (type SME+) instaurant l’Euro comme monnaie non plus unique mais commune, vous convertissez alors votre dette à la valeur d’un franc pour un euro en opérant un contrôle des change momentané, puis vous laissez flotter votre monnaie qui subira, selon nos cassandres, une dévalorisation par rapport à un euro qui sans doute, et selon toute vraisemblance, n’existera déjà plus ou sera en passe de disparaître (mais admettons). Soyez logique : QUI serait amené à subir cette dévalorisation, l’emprunteur ou le créancier ?

2/ Vous sortez de manière concertée et conjointement à vos partenaires, gardant l’euro comme monnaie de réserve mondiale dans un système monétaire intégré et avec le statut de monnaie commune.

Etant acquis que chaque monnaie nouvellement recrée, appartenant aux différents Etats-membres de l’ex-eurozone, s’appréciera l’une vis à vis des autres afin de refléter de façon optimale la compétitivité de leurs appareils productifs respectifs ; que d’autre part la France se situe certainement - selon ce critère - dans la fourchette haute sinon a minima médiane comparativement à l’ensemble de ses partenaires avec qui elle a partie liée au sein de ladite zone ; qu’enfin la valeur de l’euro sur le marché des change internationaux, en tant donc que monnaie commune, reflètera nécessairement le niveau de compétitivité moyenne de l’ensemble monétaire sur lequel il s’applique ; comment pouvez-vous alors soutenir que la France aurait un connaitre une explosion de son endettement puisque, selon ce postulat, son taux de change serait approximativement équivalent sinon strictement paritaire avec celui de l’euro monnaie commune ?

Dans les deux cas votre raisonnement tendancieusement catastrophiste est caduc.

« Quid de l’explosion du coût des matières premières dont le pays est dépourvu ? »

Vous raisonnez là encore hors contexte. Refermez les frontières en bridant le libre-échange mondial c’est à coup sûr provoquer dans un premier temps une récession d’ampleur planétaire (laquelle nous sommes de toute façon condamnés, sauf à continuer d’opérer une véritable fuite en avant par un phénomène de cavalerie type pyramide de Ponzi, mais qui ne serait qu’un sursit) dont les émergents – Chine en tête, qui doit chaque année accueillir 15 millions de nouveaux entrants sur le marché du travail – auraient à subir un sévère contrecoups., et qui est la contrepartie impérieuse et nécessaire de notre sursaut et je dirai même de notre survie. Qui peut croire dans ces conditions de récession généralisée que les matières premières, en particulier les hydrocarbures, connaitraient une explosion de leurs coûts ?

Vous oubliez également de préciser que notre pays, et même notre continent, sont autosuffisants d’un point de vue alimentaire, ce qui est appréciable et qui est loin d’être le cas pour tout le monde sur notre planète (la Chine est importatrice nette de riz par exemple). Comme vous faites abstraction, commode et je l’entends, de la remarque qui concernait la structure du prix des hydrocarbures importés sur notre territoire, et qui comme rappelé précédemment, met en parfaite évidence que la part majoritaire est constituée principalement de taxes nationales diverses et variées. Ce qui, le cas échéant, limite d’autant la volatilité des coûts.

« Pensez-vous envoyer l’armée au Moyen Orient pour prendre de force les puits de pétrole ? »

Le jeu bien compris de l’offre et de la demande se suffira à lui-même dans un premier temps. Dans un second temps, et vous n’avez pas tout à fait tord, la géopolitique et le temps long de l’histoire reprendront leurs « droits » légitimes, fussent-ils illégaux au regard du droit international ou de la saine « morale » universaliste.

« Quid de l’inflation, qui ruinera les ménages encore plus rapidement, si le gouvernement fait marcher la planche à billets ? »

Argumentation fallacieuse qui est exactement, à la conjonction près, celle usitée généralement par les détenteurs de capitaux et leurs affiliés. Vous avez dit paradoxe ?

Outre qu’il a été démontré dans mon intervention précédente – chiffres officiels à l’appui – qu’une inflation même importante (10% en moyenne sur plus de dix ans) ne rime non seulement pas avec une baisse systématique du pouvoir d’achat, mais qu’au contraire elle peut s’accompagner sous certaines conditions (indexions des salaires notamment) d’une hausse simultanée et soutenue du pouvoir d’achat ;

« Pensez-vous que les marchés étrangers ne réagiront pas en poussant le Franc à la baisse, à la dévaluation ? »

Non ils n’auront aucun avantage à le faire effectivement puisque cela reviendrait à jouer contre leurs intérêts, dans la mesure où il a été dit en introduction de mon propos que notre dette anciennement libellée euro aurait été préalablement convertie en franc. Or savez-vous qui détient la dette négociable de l’Etat français à plus 65% ? Précisément les mêmes en capacité de spéculer et qui n’auront par conséquent aucun intérêt à le faire.

« Plus la masse monétaire est disponible, moins elle a de valeur. »

C’est indéniablement vrai. Exception faite qu’on ne constate pas obligatoirement et dans tous les cas de hausse généralisée des prix. Théoriquement l’un et l’autre des phénomènes peuvent tout à fait être décorrélés, par exemple en cas de période de concentration accentuée du Capital, et concomitamment d’une (très) mauvaise optimisation de l’allocation des ressources.

« Une première année d’économie le sait. »

Rassurez-vous, je ne crois pas être à mon désavantage dans notre petite discussion.

« Le FN a adopté une théorie économique en s’imaginant que l’économie française est seule au monde, telle une île sur l’océan. Ce n’est pas la réalité des choses et c ’est pourquoi le lepénisme économique est voué à l’échec. »

Vous vous méprenez : c’est parce que le lepénisme comme vous dites à parfaitement bien intégré l’idée que nous sommes vulnérables dans la mondialisation, en l’état actuel du rapport de force mondialiste, que précisément il adopte - et adapte, gage de survivabilité - son corps de doctrine aux évènements qui s’imposent à nous. Et dont on ne peut pas exactement lui faire endosser la responsabilité, lui qui n’a jamais été au pouvoir. A contrario sans doute de beaucoup de gens que vous soutenez...

« Bah non, avez vous oublié que la majeure partie de nos bien d’équipement sont IMPORTÉS ? Dévaluer renchérira leur valeur et creusera la dette. »

Vous limitez vos raisonnements à un simple et vulgaire économisme, sans vouloir comprendre que le destin d’une nation prospère et de la défense de son statut de puissance passera nécessairement par une refonte de notre modèle de développement libéral actuellement à l’oeuvre - et je dirai même : schumpeterien - qui nous condamne en creusant notre perte, bilan désastreux de ces trente dernières années (c’est à dire depuis l’avènement de la mondialisation économique sous couvert de néolibéralisme) faisant foi. Selon cette vision stratégique et de civilisation, l’un des buts fondamentaux est donc, à terme, de relocaliser la production en particulier industrielle, et qui est l’un des attributs de l’indépendance (autonomie de décision), de la souveraineté, et donc in fine de la puissance. 

« Je l’ai déja dit : il faudrait des années, voir des décennies avant de pouvoir rapatrier toute la production qui se fait à l’étranger. »

Qui a dit le contraire ? Quand bien même : cette relocalisation est non pas souhaitable, mais nécessaire.

« C’est précisément cette spéculation qui a forcé les dévaluations successives des années 50 et 60, le pays évitant la banqueroute en créant un Nouveau Franc par un jeu d’écriture comptable et en déplaçant la virgule de deux rangs ! »

Et bien oui, et alors, cela ne s’est-il pas fait à notre plus grand bénéfice ? Je le crois.

D’autre part vous oubliez encore certainement une chose, c’est que dans la perspective d’une réappropriation de l’outil de création monétaire, d’une fin programmée de l’indépendance de la Banque de France, vous réintroduisez également la notion que celle-ci puisse prêter en dernier ressort à qui de droit, à tout hasard le Trésor (quand dans l’état actuel des statuts de la BCE et du traité de Lisbonne cela est purement interdit, bien que contourné désormais). Cela équivaut non pas à un casus belli à l’encontre des marchés financiers, mais bien de facto à un éteignoir à velléités. Comme le prouve magistralement le calme plat qui règne sur les marchés obligataires des Etats-Unis et du Royaume-Uni, et dont les taux de refinancement sont parmi les plus bas au monde non pas malgré mais bien grâce à ce facteur parfaitement bien intégré par tous les opérateurs financiers et autres agents économiques.

« Si vous aviez un minimum de connaissances en économie, vous sauriez que l’inflation, même modeste, a pour effet pervers de RENCHÉRIR les exportations et de FAVORISER les importations. »

Arrêtez de vouloir faussement révolutionner la science économique et parallèlement feindre de ne pas comprendre a minima les raisonnements de vos contradicteurs. Puisque l’on vous dit que le but est de dévaluer, DONC de regagner en compétitivité, cela aura pour effet (vérifier de Ricardo à Keynes) de relocaliser la production et de limiter d’autant, puisqu’il y aura à terme MOINS d’importations, l’effet néfaste que vous susmentionnez. Capito ?

« Et inutile de compter sur une augmentation des taxes douanières. Vous ne réussirez qu’ à pousser les pays étrangers à remettre en place des barrières contre NOS produits exportés. »

Parce que ces barrières n’existent pas à l’heure actuelle à notre encontre ? N’y a-t-il pas  dors et déjà de taxes très importantes sur les véhicules importés en Corée du Sud, de quotas d’exportation de Terres rares en Chine ? De raison d’Etat concernant les marchés militaires aux Etats-Unis ?! Non vraiment, il faut être aliéné à l’idéologie dominante auto-légitimatrice pour assener de telles fabulations.

Renversement remarquable de perspective sur la concurrence distordue par F. Lordon, la vôtre en l’occurrence :

http://blog.mondediplo.net/2009-02-17-La-menace-protectionniste-ce-concept-vide-de-sens

« D’où une baisse des ventes, et une nouvelle dégradation de la balance commerciale. Avec son corollaire : chômage et fermetures d’usines. »

Ce qui est drôle et à la fois abscons dans votre logique, c’est que si l’on vous suit : puisque que nous sommes de fait en régime de libre-échange (et que vous condamnez sans procès et de manière inconséquente le protectionnisme, qui serait coupable de tous les maux), alors nous aurions du connaître une période de prospérité, de croissance économique, de faible taux de chômage, et une amélioration de notre balance commerciale ? Or c’est simplement et radicalement l’INVERSE que nous constatons ! Voilà qui décrédibilise de façon durable cette vulgate sans pertinence aucune. Sans mauvais jeu de mot : elle est totalement démonétisée.

« Toute action appelle une réaction. C’est un principe physique qui est aussi valable en économie. »

De la part de quelqu’un qui manifestement témoigne avoir renié sa volonté de puissance (et capacité de nuisance) et déjà pour la raison du refus de l’idée même de rapport de force, j’y vois ici l’hommage du vice à la vertu.

« C’est normal que le revenu augmente en période de croissance économique. Et se réduise en période de crise. N’oubliez pas que les années 70 étaient les dernières années des Trente Glorieuses avant que la fin de la reconstruction du pays et les crises pétrolières ne mettent fin à la fête. Comparez ce qui peut l’être, que diable ! »

Diantre, il va falloir nous expliquer alors pourquoi de 2001 à 2008, période à la plus forte croissance que le monde n’ait jamais connu, la zone euro fut celle à la plus faible parmi celui-là ?

Et si je vous suggérais que l’euro est sans aucun doute possible le responsable numéro un de cette situation scabreuse. Qu’il est parfaitement illusoire de penser une seule seconde que nous pourrions d’autant mieux rembourser notre dette et les intérêts y afférant sans croissance (ou avec une croissance atone, soit celle que nous avons connu ces dix dernières années), comme de résorber notre chômage (Loi d’Okun), que cela vous inspirerait-il donc, je serais curieux de le lire ?


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