@Maurice,
Je me doutais bien, à propos de la
comparaison entre antisémitisme et antisionisme, que vous me
répondriez ça. Les antisionistes se défendent, effectivement,
d’être antisémites, mais c’est une déclaration d’intention pour
donner le change. Quand on examine les conséquences de cette grande
campagne concertée de délégitimation d’Israël qui est à l’oeuvre
actuellement un peu partout en Europe, peu importe, au vu de des
conséquences désastreuses, que les intentions soient pures ou
criminelles. Ce sont les faits qui importent. J’ai toujours pensé
que l’antisionisme était plus grave. Récemment, je me suis aperçu
que je n’étais pas le seul. C’est aussi l’avis du père de Daniel
Pearl, dont j’ai lu un article, et quand on lit Taguieff ou Tarnero,
on a une excellente analyse des conséquences.
Les gouvernements occidentaux ne sont
pas tous alignés sur la politique israélienne. Le quai d’Orsay est
pro-arabe depuis des lustres, que le gouvernement soit à gauche ou à
droite, au moins depuis la guerre des six jours et le mot malheureux
de De Gaulle à propos du « peuple sûr de lui et dominateur ».
Je ne sais pas trop ce qui se passe en Syrie actuellement, mais je
peux vous assurer que je n’ai pas vu d’un bon oeil l’aventure
Libyenne de la France qui a très bien contribué à déstabiliser
toute une région en y favorisant les islamistes. J’ai été
consterné par le rôle qu’on aura laissé jouer dans tout cela à un
« philosophe » botulien que je ne lis jamais et que je
tiens pour négligeable. J’espère, que la même chose ne
recommencera pas avec la Syrie, sous le prétexte évidemment bidon
de je ne sais quelle intervention humanitaire.
Je découvre, en fait, le propos de BHL, dans la
citation que vous en faites. Je peux esquisser une explication, mais
je ne sais vraiment pas si elle vaut quelque chose. Il doit quand
même très bien se rendre compte, ce botulien, que de l’Egypte à la Tunisie,
grâce aux islamistes, toute la région va connaître rapidement une
sorte d’épouvantable collapsus économique dont elle ne se remettra
pas de sitôt. A côté de cela, Israël moins touché que nous par
la crise se tient encore à un taux de croissance d’à peu près
quatre pour cent. C’est dire qu’il n’y aura bientôt plus aucune
nécessité de négocier avec des voisins qui auront travaillé
eux-mêmes à leur propre anéantissement ; la situation pourrie
actuelle -mais à laquelle ils se sont très bien adaptés – pourra
dès lors se prolonger indéfiniment. Restera le cas plus épineux de
l’Iran. Bien malin qui pourrait dire ce qui va se passer de ce côté-là.
Je ne vois pas ce qu’il y aurait
d’extrémiste dans ma position. L’analyse que je viens de proposer
est évidemment tout à fait cynique, amorale, mais réaliste. C’est
évidemment très loin de la naïveté de ces jeunes Israéliens
pacifistes dont vous me reprochez de me moquer, mais je ne suis pas
du tout pacifiste et je pense que lorsqu’on vous déclare la guerre (et elle est déjà déclarée),
l’honneur revient à ceux qui font face, et certainement pas à ceux
qui se couchent ou qui collaborent.