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Commentaire de taktak

sur Le nationalisme a-t-il un avenir international ?


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taktak 14 juin 2012 10:55

Encore un article qui oppose brutalement défense de la Nation et internationalisme à tord. Confondant ainsi la défense de la souveraineté de la Nation avec la Xénophobie.
Il s’agit là d’un raisonnement à mon avis simpliste, qui ne tient pas compte de la définition tout en dynamique de la Nation et de ce qu’est l’Internationalisme. On y retrouve là les antiennes de la pensée gauchiste et trotskiste, idéaliste, niant -et c’est un fait- l’existence de peuples différents.

Il n’est pas raisonnable de nier le fait qu’il existe des peuples distincts résultats de la géographie et de l’histoire qui forgent les différences culturelles. On ne peut donc affirmer de façon idéaliste et fausse que la classe ouvrière est uniforme donc une et anationale. De même que la classe capitaliste (preuve en est que l’impérialisme chinois ne s’entend pas avec l’impérialisme américain).

A mon avis, le principal défaut de cette réflexion c’est de ne pas correctement définir ce que l’on appelle la Nation et de ce fait de confondre défense de la souveraineté de la Nation avec le nationalisme au sens xénophobe ou l’impérialiste du terme.
Comme très bien expliqué par Maurice, le concept de Nation, c’est l’idée qu’un peuple adhère à un contrat social et se reconnaît une communauté de destin. Cette conscience se fait sur la base de faits matériels qui sont notamment les événements historiques et tout ce qui constitue la culture des peuples. Par exemple, c’est en faisant la révolution française et en s’affirmant comme citoyen que les sujets du Roi de France s’affirment comme Nation. A partir de ce moment, il ne s’agit plus d’un concept de la nation, mais il y a une existance réelle de la Nation.
Effectivement, la Nation ne coïncide pas forcément avec une classe sociale, et donc des contradictions sociales l’animent. Il se peut donc, et c’est historiquement très majoritaire, que ce qui soit affirmé comme la volonté, l’expression de la souveraineté de la Nation et donc du peuple, ne soit que celle d’une fraction de celle-ci. La guerre de 14 est bien une volonté des bourgeoisie nationale et non de la Nation dans sa totalité. Pour donner un exemple, c’est sous prétexte de défense de la Nation, que les versaillais écrasent la Commune avec la bénédiction d’un occupant étranger. On voit là que le nationalisme bourgeois et xénophobe n’est pas une défense de la Nation puisqu’il n’hésite pas à sacrifier l’indépendance et la souveraineté de la Nation. C’est exactement la même chose avec la collaboration : plutôt Hitler que le front populaire (en l’occurrence l’expression de la souveraineté de la Nation).
Cependant, à certains moment de l’histoire l’intérêt de la Nation coïncide majoritairement avec l’intérêt de classe d’un peuple. La Nation est alors le lieu (comme fait remarqué par d’autres avant dans la discussion) naturel de l’expression de la classe ouvrière. C’est le cas lors de luttes d’indépendance coloniales ou de libération des impérialismes. Les guerres d’indépendances chinoise, vietnamienne, algérienne, la révolution cubaine ou bolivarienne... L’analyse montre que dans ce cas l’exploiteur est extérieur à la Nation, la ligne d’affrontement de classe coïncide alors avec l’aspiration à l’indépendance nationale.

C’est également le cas des peuples européens aujourd’hui. Avec la remondialisation capitalistes, au niveau européen les exploiteurs placent leurs pouvoirs dans un outil qui se place au dessus des peuples : l’Union Européenne et sa monnaie gérée par une banque centrale sous leur contrôle. Cela leur permet d’échapper à des Etats dont les peuples, les Nations donc, ont mis en place par leurs luttes sociales des instruments de limitations de l’exploitation capitaliste (redistribution, service public, droit du travail...). Les travailleurs y sont structurés socialement et politiquement dans un cadre national, où disposant d’une culture commune sont fortement conscient de leur destin commun (à défaut d’avoir conscience de faire parti d’une même classe sociale). Dans ce cas précis, la Nation coïncide exactement avec la classe ouvrière de chaque peuple (au sens culturel et historique du mot).Défendre la souveraineté de la Nation, c’est donc à la fois permettre à la classe ouvrière de lutter, mais également de gagner.

Etre internationaliste, comme le mot l’indique, ce n’est pas être anti-Nation, mais de reconnaître que les différentes classes ouvrières nationales conduisent des luttes similaires, dans un contexte culturel souvent différent, contre leurs classes dominantes. Elles ont donc un interet commun à s’unir. Cela ne signifie en aucun cas qu’il faut donc nier ou combattre l’existence des Nations. Bien au contraire. l’internationalisme c’est bien l’alliance des classes ouvrières nationales, sans négation de leur souveraineté propres liées aux différences culturelle, socio-économique, historique qui existent réellement, pour combattre une même classe dominante qui n’a pas besoin de prendre conscience de son existence pour défendre naturellement son intérêt de classe puisqu’il lui suffit de perpétuer l’ordre et les principes établis.
C’est bien la Nation Grecque, en l’absence de Nation européenne, qui affronte seule sa bourgeoisie nationale qui fait le choix de supprimer la souveraineté de la Nation au profit du pouvoir de l’UE, c’est à dire de la classe capitaliste européenne, pour mettre en œuvre l’austérité nécessaire au renforcement de l’exploitation de la classe ouvrière grecque.


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