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Commentaire de dégueuloir

sur Homme providentiel : la France de 2007 a-t-elle besoin d'un capitaine ou d'une prophétesse ?


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dégueuloir (---.---.83.237) 29 janvier 2007 00:56

Nicolas Sarkozy a été ministre du budget, porte-parole du gouvernement et de la communication en même temps. La découpe se fait comme ceci :

Mars 1993 - janvier 1995, Ministre du budget, Porte-parole du gouvernement, puis chargé, à titre provisoire, d’exercer les fonctions du ministre de la communication (gouvernement Balladur).

Janvier - mai 1995, Ministre du budget, chargé d’exercer les fonctions du ministre de la communication (gouvernement Balladur)

Le budget : « Mon premier jouet... »

L’ex-ministre de l’Intérieur doit en effet une bonne part de sa place en politique à son passage au ministère du Budget, dans le gouvernement d’Edouard Balladur, de 1993 à 1995. A l’époque placé sous la férule - légère - d’Edmond Alphandéry, ministre centriste de l’Economie, il avait laissé un souvenir plus que mitigé. Quand Nicolas Sarkozy prit les rênes du ministère du Budget en avril 1993, il n’avait « pas la moindre idée de la manière dont fonctionnait Bercy, ni même de ce qu’était le budget de l’Etat », confie un de ses proches de l’époque. Mais ce poste de grand argentier de l’Etat, le jeune maire de Neuilly le voulait plus que tout autre : le Budget, c’est la meilleure école pour qui veut se bâtir une stature nationale. C’est là qu’on apprivoise les arcanes de l’Etat. Mais, très vite, les mauvaises nouvelles s’accumulent et le verdict est sans appel : la France connaît sa pire récession depuis la Libération. La croissance, estimée quelques mois plus tôt à 2,5 % du PIB, est en fait sévèrement négative (- 1,3 %), le déficit public (48 milliards d’euros) est deux fois supérieur à celui attendu et la dette s’envole à 375 milliards...

Toujours les mêmes recettes : « D’abord on dit que l’on va faire plaisir à tout le monde... »

Nicolas Sarkozy se lance alors dans une politique mixte, de l’offre et de la demande, pour redonner du souffle à l’appareil productif tout en soutenant la consommation, totalement asphyxiée. Une politique de la demande De l’allégement des charges sur les bas salaires des entreprises à la suppression de décalage de remboursement de la TVA, en passant par une réforme fiscale, le relèvement de la contribution sociale généralisée (CSG) et la « balladurette » (prime de mise à la casse des véhicules anciens) ou d’une prime de rentrée scolaire pour les familles dans le besoin, tout le monde y trouve peu ou prou son compte. A l’été 1994, Nicolas Sarkozy semble avoir gagné son pari. La confiance revient, la croissance flirte de nouveau avec les 2 %, le chômage se stabilise à 11,2 % de la population active et le déficit budgétaire est en recul de 4 milliards d’euros. « Les voies du redressement sont tracées et les Français n’ont aucune raison d’être inquiets pour l’avenir », affirme le ministre du Budget, sûr de lui, en plein mois d’août.

Résultat : en 1995, le déficit budgétaire avait augmenté de 500 millions d’euros, la Sécurité sociale avait replongé dans le rouge, et la dette publique, augmenté d’un tiers, à près de 500 milliards d’euros. Soit une aggravation en valeur, inégalée depuis, de 32 % en deux ans.

Toujours les mêmes effets : « J’m’en fous, quelqu’un d’autre nettoiera derrière moi ... »

A son départ, le budget de l’Etat affichait le plus fort déficit de la Vème République. Héritant du bébé, en 1995, Alain Juppé avait jugé le bilan « calamiteux ». Et avait dû corriger le tir par une médecine de cheval en augmentant les prélèvements obligatoires de 17 milliards d’euros. L’erreur de Nicolas Sarkozy est d’avoir financé sa politique pendant deux ans par de l’endettement, et de ne pas avoir commencé à tailler dans les dépenses, comme il s’y était engagé. Les 16 milliards d’euros de recettes de privatisations ont servi à payer les dépenses courantes et non, comme c’était la règle, à résorber la dette. Toujours la même attitude : « Je déteste ceux qui me contredisent car j’ai toujours raison ... »

Alain Juppé est depuis toujours l’ennemi juré de Nicolas Sarkozy alors qu’il est aussi, ou plutôt puisqu’il est aussi, le chouchou de Jacques Chirac.

Sarkozy préfère voir l’autre côté des choses : « Lorsque j’étais ministre du Budget, se souvenait-il en janvier, nous avons allégé l’impôt sur le revenu de 19 milliards de francs en 1994. ». Nicolas Sarkozy, dont le frère Guillaume est vice-président du Medef, pourrait se révéler plus proche des demandes patronales que Francis Mer, lui-même ex-grand industriel.

Bravo Monsieur Sarkozy. S’endetter pour financer une politique irresponsable, voilà pour un premier poste ministériel, un coup de maître. Vos allègements d’impôts n’ont été que de la poudre aux yeux, une supplique pour de la popularité, mais dans les faits, vous savez très bien que :

- ce ne sont pas des réformes globales de la fiscalité,

- il s’agit d’annoncer la baisse du seul impôt sur le revenu, accentuant de ce fait le particularisme fiscal de la France concernant ce prélèvement fiscal,

- « in fine » la baisse et la réforme profitent plus aux riches qu’aux classes moyennes.

L’augmentation, à l’instigation de M. Sarkozy, du plafond des frais d’emploi d’un salarié à domicile à 90.000 F à compter des revenus de 1995, ouvre droit à une économie d’impôt maximale de 45.000 F et permet le paradoxe suivant : un contribuable ayant 45.000 F d’impôt à payer sera non imposable alors que sa femme de ménage payée au SMIC paiera, elle, de l’impôt si elle est célibataire et qu’elle n’a aucune réduction d’impôt. Cette mesure a permis à certains contribuables d’échapper au taux marginal à 56,8%.

Pour couronner le tout, la baisse n’aura pas été de 19 Milliards mais de 14 Milliards. Bah ! ce n’est rien de plus que quelques 5 Milliards.


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