Je voudrais rajouter une chose, qui me semble importante à dire, Ariane : ta peur (et ta haine) du FN et de son électorat est tout aussi irrationnelle que la peur (et la haine) de l’étranger que manifeste une partie de cet électorat FN.
Le bon sens, l’esprit de politeia, serait de comprendre que ces deux peurs, apparemment antagonistes, ne sont que des variantes d’une seule et même peur, celle de l’injustice sociale. Les uns projettent cette peur de l’injustice sociale sur l’étranger, tandis que les autres la projette sur la figure du fasciste / raciste. Et on peut facilement voir que dans les deux « camps », les mêmes excès, les mêmes extrémismes se manifestent.
Pourtant, on peut être radical (celui qui recherche la cause des problèmes à leur racine) sans être extrémiste. C’est quoi la différence entre le radicalisme et l’extrémisme ? C’est la manière dont on formule le problème et dont on propose des solutions. Les militants du FN se trompent quand ils désignent l’étranger comme la cause de ses problèmes, car ce n’est pas une cause, mais une conséquence ; et les militants du FdG se trompent quand ils désignent les « fascistes / racistes » comme étant la grande menace à combattre, car eux aussi ne sont pas la cause, mais une conséquence.
L’immigration est la conséquence du libéralisme débridé et du capitalisme triomphant, pas la cause des inégalités sociales.
Le racisme et la défiance vis-à-vis des étrangers est la conséquence des inégalités sociales qu’entraîne (et que souhaite) le libéralisme débridé et le capitalisme triomphant.
Et le plus tragique, c’est que cette bagarre entre ces deux erreurs de jugement permet à la cause de se perpétuer et de se renforcer, tout en continuant à s’attribuer le rôle des « modérés ».
Quand les moutons se battent entre eux, les loups s’en donnent à cœur-joie ...
Morpheus