Je crois avoir trouvé une sorte de clé qui éclaire la façon de penser d’une bonne partie des intervenants de ce débat, et qui met à jour une sorte de paradoxe :
Ils aiment l’Animal quand ils voient l’Homme en lui, ils détestent l’Homme quand ils voient l’Animal en lui.
Je m’explique.
- Certain(e)s ci-dessus ont écrit que des animaux pouvaient être leur ami, que les animaux pouvaient risquer leur vie pour sauver l’un des leurs, qu’ils pouvaient se laisser mourir de tristesse, et qu’à ce titre, nous devons respecter leur vie. En quelque sorte, ce raisonnement consiste à dire que les animaux sont tellement humains qu’il est criminel de les tuer, comme il est criminel de tuer un humain.
- D’un autre côté, l’animalité dans l’homme les répugne. Il a été écrit plus haut que les hommes se reproduisaient « comme des lapins », ce qui est dangereux pour les autres formes de vie, et il semble (j’interprète un peu, mais je ne crois pas trahir la pensée de ces intervenants) que la corrida représente le lieu où l’homme libère ses pulsions bestiales, animales, desquelles nous devrions nous affranchir pour garantir la dignité qui devrait être inhérente à la condition humaine.
On a l’impression que, pour certain(e)s, la seule façon de supporter l’existence des animaux est de leur renier leur animalité, en leur prêtant des sentiments humains. Et que la seule façon de supporter l’existence de l’humanité est de la priver de son animalité. En somme, cet « amour des bêtes » relève d’une double haine : la haine de l’animalité réelle, et la haine de l’humanité qui a préservé une part de son animalité ; c’est donc avant tout une haine de l’animal et un éloge de l’humanité pure. Les « amis des bêtes » (auto-proclamés, alors que la notion d’amitié requiert une réciprocité) idéalisent la classe animale en projetant sur elle les caractéristiques de leur « humanité idéale » : absence de violence, absence de cruauté, des sentiments uniquement altruistes,...
A méditer, calmement et honnêtement, je crois.
Et à débattre, calmement et honnêtement aussi.