Le gros
problème, c’est que, presque à tous les coups, l’indigence du style et de la
forme est le support d’une pensée tout aussi indigente. Ce qui me permet de
dire, au passage que, non, il ne faut pas poster un article à la va-vite sans
se relire. AgoraVox n’est pas un chat
sur lequel s’exprimeraient des chiens (ha ! ha ! ha !) mais une
sorte de revue virtuelle pour journalistes autoproclamés. Je ne suis pas contre
cette démocratisation-là, sous réserve que chacun ait une exigence de qualité.
D’ailleurs, certains sites comme Nouvel
Obs.com ont filtré l’accès aux réflexions des lecteurs qui devenaient un
véritable dépotoir de café du commerce, voire une tribune du FN. Si rien n’est
fait, AgoraVox finira par crever du même phénomène.
Jean-Claude
Guillebaud a écrit que, dans les banlieues, l’indigence du langage engendre de
la frustration, et donc de la violence. La langue étant le support de la
pensée, un langage défectueux engendre une pensée atrophiée. Mais on peut y
remédier.
…Ce qui me
ramène à Memona Hintermann… et à Camus, méprisé par Sartre et consorts parce
que c’était un petit miséreux d’Alger devenu écrivain dans la cour des grands
intellos germanopratins, uniquement par la voie de la simple école
républicaine. On comprend pourquoi, recevant son prix Nobel, Camus a rendu
hommage à son instituteur Louis Germain (Camus était donc ludovicogermain),
sans qui il n’y aurait pas eu de Camus, pas même de pensée camusienne.