Dans mon enfance, j’avais trouvé logique que deux personnes de deux ethnies aient des difficultés à s’exprimer correctement et que chacun soit tolérant en s’efforçant de s’en tenir à la recherche du fond. Les occasions de se tordre de rire ou de s’offusquer étaient très nombreuses tant un phonème dans une langue pouvait signifier autre chose dans une autre langue.
Mais chacun sachant cette situation, chacun était tolérant sans y penser et cela depuis 3000 ans.
Ca se passait dans un pays plus petit que la France où il y avait 54 langues et 25 écritures et où à part les Français, personne n’y faisait d’histoire pour une faute d’orthographe..
Vers 1650, des jésuites vraiment courageux dans tous les sens du terme, avaient entrepris soit d’inventer des écritures là où il n’y en avait pas, soit de réinventer des écritures en caractères latins plus lisibles aux occidentaux
En dépit de l’importance qu’ont prises ces langues réécrites en caractères latins, leur partie orale n’a pas trop bougé sinon en raison de l’apport des mots nouveaux du genre cravate, productivisme, orthographe, guillotine...
L’oralité était essentielle. La perte de la connaissance de la lecture des caractères anciens n’avait d’incidence que sur le plan de l’accès aux archives de l’Histoire. A part cette perte objective ainsi que la vexation et schizophrénie culturelle que la latinisation impliquait, le changement d’écriture ne posait guère de problème au quotidien.
Le mot oiseau qui s’écrivait hier d’une manière, s’écrit aujourd’hui d’une toute autre manière. Cette nouvelle manière d’écrire ayant été pondue ab nihilo (pas de racines culturelles antiques, pas d’étymologie), elle était sans orthographe alambiquée. Comme quoi les jésuites savaient faire simple et n’avaient pas l’esprit tordu.
Ces néoécritures étaient de l’esperanto avant l’heure et même de l’hyper espéranto car totalement dénué de racine ou « plus grand dénominateur orthographique commun ».
On se mit à écrire « comme ça se prononce »
Et comme à l’oral il n’y avait déjà pas de genre masculin / féminin (mais d’autres genres) et que quand il y avait des genres, ils s’entendaient directement dans le mot - « KJHSIKJ » étant du genre vivant parce qu’on le sait et « JKJJKJ » étant du genre minéral parce qu’on le sait - il n’était d’aucun intérêt d’accorder les autres mots à ce genre.
Non seulement il n’y a pas d’accord sur les genres car c’est inutile, mais il n’y a pas besoin d’accord sur singulier / pluriel car ça ne sert à rien non plus.
Et pour faire bonne mesure, s’il existe bien une manière de faire comprendre à quel temps on conjugue ce qu’on dit, il n’existe pas de conjugaison du verbe. Au point que même le mot « infinitif » n’a pas de sens car il faut d’autres temps pour qu’il en ait un.
Ce sont donc des latinistes dotés d’une langue très compliquée et maniérée, bourrée de références antiques, qui ont imposé à des gens dont certains vivaient nus, une écriture très simple où il n’est pas possible de faire des fautes d’orthographe.
Mais tout en imposant à ces naturiens une nouvelle écriture très simple, les colonisateurs, les rentabilistes, les exploiteurs, les ont obligés à parler, lire et écrire également le français. L’indigène se retrouvant alors peinard d’orthographe quand il écrivait dans sa langue mais constamment pris à défaut, humilié et infériorisé quand il parlait ou écrivait en français.
Par ailleurs, je vous offre deux éléments à mettre en perspective
Antoine de Rivarol (1784), « ce qui n’est pas clair n’est pas français » ou « Dégagée de tous les protocoles que la bassesse invente pour la vanité et le pouvoir, elle en est plus faite pour la conversation, lien des hommes et charme de tous les âges, et puisqu’il faut le dire, elle est de toutes les langues la seule qui ait une probité attachée à son génie. Sûre, sociale, raisonnable, ce n’est plus la langue française, c’est la langue humaine. »
François Damiens, quoique valet, lors de son procès et avant d’être soumis aux pires perversions de ses juges, leur répondait en conjugant parfaitement l’imparfait du subjonctif.
Pour revenir au plus près de votre propos de modérateur orthographiste, je dis que dans les sujets proposés par les agoranautes, s’il y a énormément de reprise ou de C/C, il y a quasiment toujours une ou plusieurs questions de fond qui sont sinon explicitement posées, du moins qui s’offrent à nous de les examiner.
Or il est difficile de débattre des fonds de sujets, de tous les fonds (Croissance ? Décroissance ? Prison ? Peine de mort ? Nucléaire ? Vaccination ?...)
Nul ne peut en tous cas trancher absolument sur les fonds. Nul ne peut donc s’autoriser absolument sur les fonds.
Il reste alors à ceux qui ne se sentent pas la force de débattre d’un fond, de s’en prendre à une faute de forme. Là, ils peuvent se poser en policier irréfragable.
04/07 14:15 - Sulpicia
Plus il y a de fautes, moins les gens sont crédibles tout simplement...
02/07 23:25 - Mimmo D.DN
Pas d’orthophoniste pour les illettrés su web2 ;) Écrits incohérents, surenchères (...)
02/07 10:29 - Pale Rider
Je ne connais personne à AgoraVox, et j’ignore absolument s’il y a d’autres (...)
30/06 17:58 - Blartex
Intelle : "A mon avis c’est certainement dû à l’origine au désintérêt des écoliers (...)
30/06 17:16 - Blartex
« Qui ne dit mot qu’on sent ». Contrairement à l’argent, le mot a une odeur. « Je (...)
30/06 15:17 - Sulpicia
Il n’a pas totalement tort. Ouvrir un livre ou un dictionnaire de temps en temps ne fait (...)
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