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Commentaire de Gelezinis Vilkas

sur Retour sur les législatives : la victoire de la fausse gauche


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Gelezinis Vilkas Gelezinis Vilkas 30 juin 2012 21:03

1ère erreur grossière : La Révolution est à l’origine de l’idée de Nation comme « réunion fraternelle de tous les français ». La nation est donc, à la base, une idée de gauche.

Là encore vous faites dans le gallocentrisme, qui est de considérer qu’un mot change de sens selon l’usage idéologique qui en est fait. C’est là où l’étymologie ramène aux faits. Est « nation » le regroupement de ceux de même naissance (« natio » en latin vient de la racine indo-européenne [oups, un gros mot pour vous, j’imagine] *gen-), même si cela ne plaît pas aux universalistes qui prennent la France pour autre chose que ce qu’elle est d’abord, à savoir un pays européen.

Du grand n’importe quoi... Les guerres de la Révolution étaient des guerres entre l’europe et la France

Là encore, c’est une relecture purement « nationaliste » de la révolution française. Il est un fait qu’elle a démarré en France, après d’autres soulèvements qui ont échoué dans d’autres pays européens (et notamment les Pays-Bas), et qui n’ont réussi auparavant qu’en Amérique. Valmy, qui n’est qu’une victoire sans combat, symbolise le virage chauvin de la révolution, annonçant ensuite la terreur (qui consiste à chercher les partisans d’une action étrangère, même imaginaires). Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que Déat, dans un sens positif selon lui, ait cherché à présenter la révolution française comme un ancêtre du national-socialisme.

Bien sûr, je ne suis pas étonné qu’un collabo européiste veuille ressortir de la naphtaline des vernacularités désuètes, diviser pour mieux régner...

Là encore, l’expression employée est significative. On pourrait vous rétorquer que votre vision des identités régionales n’est pas très éloignée de celle de Franco, qui tenta de briser les nationalistes catalans et basques. Ce mépris à l’égard de cultures régionales, parfois très anciennes, et dont le rattachement à la France a été fait par des mariages entre princes ou des accords entre rois (comme le rattachement de la Bretagne ou de la Corse), est assez emblématique d’une vision totalitaire. Ce que vous dites de l’identité régionale, c’est ce que disaient de l’identité ukrainienne les dirigeants soviétiques. On a vu au final que ces identités ont triomphé d’un régime qui voulait les nier.

L’unité jacobine est bien réelle, elle découle des principes d’égalité et de fraternité, elle fut concrétisée grâce à des services publics comme l’école républicaine, les identités régionales ne relèvent que du folklore.

Le matraquage n’est pas une politique. Et au nom de valeurs estimables comme l’égalité ou la fraternité, que n’a-t’on commis comme horreurs.

vous réclamez cette abjection que l’on nomme identité ethnique,

Je vous explique ce qu’est une nation. Je ne vous oblige en rien à considérer la nation comme une bonne idée, mais c’est ce qu’elle est. Je n’y peux rien mais l’expression « identité nationale » se traduit littéralement par « homogénéité ethnique » si on la transcrit en grec. En effet, le latin « idem » a pour équivalent le grec « homoios », et le latin « natio » a pour équivalent le grec « ethnos » (le mot « république » se traduisant d’ailleurs par « démocratie » [dimokratia]). Ce n’est pas moi qui ici me revendique d’une « nation », puisque je me revendique de l’Europe, je ne prétends aucunement défendre une « identité nationale » française que je considère davantage comme une illusion fondée sur des contes pour enfants (Clovis créant la France, Jeanne d’Arc…).

On est français parce nos parents sont français et / ou parce qu’on est né et qu’on a grandi sur le sol français

Vous évoquez là deux définitions contradictoires, qui sont le ius sanguinis (français parce que né de parents français) et le ius soli (français parce que né sur le sol français). Ce dernier était en vigueur du temps de la monarchie, alors que c’est la première république finissante qui instaure la première règle, conforme aux républiques de l’antiquité et notamment à la démocratie athénienne. Jusqu’en 1889, c’est la première expression, et uniquement elle, qui était en vigueur en France. C’est aussi sous l’influence française que l’Italie et l’Allemagne l’adoptèrent (ainsi que la Grèce moderne et les démocraties scandinaves). Le ius soli absolu est appliqué aux Etats-Unis, qui sont de fait sous un régime oligarchique.

C’est ce qui fait que la France est universelle, elle est ouverte à ceux qui respectent ses valeurs républicaines

Il n’y a pas en soi de « valeurs républicaines », mantra bien connu, appris et récité comme dans des madrasas. La France est une république parce qu’elle n’est pas une monarchie, parce qu’elle est faite de citoyens et non de sujets, mais les valeurs républicaines, ce sont ce que les citoyens français (ou européens) veulent avoir comme valeurs. C’est le principe même du « pouvoir du peuple », choisir son destin et se libérer de tout principe, religieux ou laïc, qui entraverait cette liberté élémentaire. Ce que vous venez de dire définit un empire, non une république. Cela correspond parfaitement à la vision universaliste de la « nation » américaine mais aussi à celle de l’empire romain sur le déclin, du temps du dominat. C’est le principe de Caracalla en 212, contre lequel j’oppose le principe de Périclès. Que fait Caracalla ? Il ouvre la citoyenneté romaine à tous les hommes libres présents dans l’empire, une façon de mettre en œuvre ce que prône actuellement le PS. Je doute en vérité que cette idée soit si populaire.

Si ça vous déplaît, personne ne vous retient ici.

Le droit des indigènes sur leur sol me paraît un principe intangible. C’est pour cette raison, parfaitement justifiée, qu’on dénonce aujourd’hui le massacre des amérindiens ou des aborigènes, tout comme le colonialisme. Or, il semble vous échapper que les Européens sont en Europe indigènes, donc légitimes chez eux selon ce bon principe qu’on reconnaît à tous. En tant qu’européen, sur mon sol natal, qui est aussi celui de mes ancêtres, je n’accepte pas qu’on se permette de dicter ma conduite ou de me nier mes droits sous prétexte que je ne partage pas l’idéologie totalitaire dominante. Cela me fait penser au régime soviétique qui déplaca les Tchétchènes et Ingouches loin de chez eux dans des conditions intolérables, ceux-ci ne pouvant retourner sur leur terre qu’en 1956. Il apparaît donc qu’un européen enraciné, soucieux de préserver sa culture, sa civilisation, et ô mot infâme son « identité », vous est par sa nature même insupportable. Et dans le ton de votre réponse, j’ai vu juste. Je laisse le lectorat d’Agoravox se faire sa propre idée.

L’europe est l’anti-nation par excellence, elle a été créée de façon totalement artificielle

Par votre définition, vous venez pourtant de donner de la France cette définition.

Les USA redoutent bien plus une France seule qu’intégrée au « machin » auto-bloquant.

« La France seule », ce vieux slogan maurrassien. Vous me rappelez là davantage le jeune Chevènement, lorsqu’il était encore à « Patrie et Progrès ».

La France n’a pas dilapidé d’énergie en Afrique !

Et si ! Le bilan colonial était déplorable, à tous niveaux, et pas seulement au niveau moral. Economiquement c’était un suicide. La « gauche » qui a défendu la colonisation était aussi celle qui parlait de « races supérieures », à l’instar de Ferry. C’est Clémenceau, le socialiste Clémenceau, qui s’opposa à cette erreur monumentale, dont nous payons aujourd’hui encore les conséquences. Si Bismarck a encouragé la France à coloniser l’Afrique, c’est qu’il avait bien compris qu’elle y perdrait son âme, son temps et son argent. Tout ce qui n’était pas investi en France, pour améliorer le sort des ouvriers ou pour se préparer militairement, était perdu. Si De Gaulle a voulu se séparer de l’empire colonial, qu’il qualifia à juste titre de « boulet économique », ce n’était pas sans raison.

De plus, il aurait été bien plus judicieux de continuer à occuper la Ruhr pour éviter le réarmement allemand

Au contraire, l’occupation mesquine de la Ruhr a alimenté un nationalisme allemand de revanche, et c’est cet évènement qui permettra un des premiers succès du nazisme.

Enfin, c’est vous qui faites du lyssenkisme en s’acharnant à vouloir voir des races qui n’existent désespérément pas.

C’est vous qui avez introduit le sujet et ce pour asséner vos « vérités ». Il me semble vous avoir répondu d’une manière plutôt subtile, indiquant que le fait même de développer un projet politique en s’appuyant sur des théories scientifiques était plutôt dangereux et inquiétant.

Les scientifiques, qu’ils soient généticiens, anthopologues ou ethnologues s’accordent, avec des arguments différents, sur l’arbitraire de la définition de races au sein de l’espèce humaine.

Mais je n’ai jamais parlé de « races » que je sache. J’ai même dit que le terme, et la notion adjacente, était totalement inadapté et facteur de confusion. Je me suis borné à indiquer que les généticiens s’accordent sur l’existence de zones régionales homogènes, que le tableau des allèles de Luigi Cavalli-Sforza s’accorde parfaitement avec cette théorie, que cette théorie recoupe par ailleurs les découvertes paléo-anthropologiques les plus récentes renforçant la théorie multirégionale de l’apparition de l’homme moderne, et que cela ne démontre pas l’existence de « races humaines » car nous ne sommes pas en effet des animaux d’élevage, mais de subdivisions au sein de l’espèce humaine, correspondant à des sous-espèces comme ils en existent au sein de toutes les espèces mammifères sauvages et sans que cet état de fait ne postule en aucune manière une quelconque hiérarchisation, démarche fondamentalement inepte. C’est donc tout à fait différent. Je n’aurais pas, de mon propre chef, abordé ce genre de thématique sans intérêt si vous n’aviez pas en premier lieu introduit le sujet, qui semble donc vous tenir particulièrement à cœur, de la plus mauvaise des manières possibles, à savoir l’énoncé d’une théorie présentée comme une vérité, alors que le doute est essentiel lorsqu’on s’appuie sur un raisonnement scientifique.

et pire, à la démographie catastrophique

Cette forme d’europhobie que vous défendez là est particulièrement pernicieuse. Je ne vois pas en quoi déseuropéaniser la France, à tous points de vue si on vous lit bien, serait un remède à la dénatalité.

Par contre, surtout, ne venez pas dire que vous êtes de gauche

Mais non seulement je le suis mais je peux même affirmer que vous semblez profondément méconnaître ce qu’est la gauche authentique. Et on revient ainsi au sujet de l’article, à savoir la fausse « gauche ». Qu’elle se prétende européiste ou qu’elle s’affirmer europhobe, en vérité, elle défend les mêmes obsessions anti-républicaines.

Quand on défend l’europe et l’identité ethnique, on est pas de gauche, ou alors c’est une imposture. Au mieux, vous êtes ... social-nationaliste.

Tiens, l’expression chère à Dominique Reynié. Elle désignait chez lui le « non de gauche », lorsqu’il était l’expression d’une europhobie. On se souviendra longtemps du propos méprisant de Mélenchon à l’égard des Polonais et des Lituaniens. Vous aurez du mal à me présenter comme un « europhobe », je le crains.

Les Afrikaners ont comme vous fait l’erreur de croire que leur identité était « européenne » et résidait dans leur apparence

Soyez donc heureux, le projet d’expatriation des agriculteurs boers est en bonne marche. On a pu se souvenir des « vertus » d’une telle politique en songeant à la situation du Zimbabwe voisin.

Résultat, ils vont disparaître, en retour de bâton de leurs erreurs. Bon débarras.

J’apprécie beaucoup votre humanisme, qui est très plaisant à lire (sic). Ceci dit, si les sud-africains ne veulent plus d’eux, l’Europe leur ouvre tendrement ses bras (l’Ukraine leur a récemment proposé de venir faire profiter ce pays de leur savoir faire).

Sur ces bonnes paroles, je vous salue.

 


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