Vous savez, quand on fait le compte, notre « monde humain » de la pensée pouvant s’exprimer en mot est, disons, très commun à tous les hommes, y compris ce délicieux jardin que vous aviez, finalement, statistiquement, des chances de trouver (ce qui plaît aux uns, dans son souvenir, plaît aux autres). Comme disait un éminent statisticien : ce qui advient est probable.
Il m’est arrivé de « guetter » les subterfuges de notre cerveau (qui ne contient que ce qu’on y a mis) et ce que j’ai trouvé est que c’était bien souvent un souvenir qui avait une réalité, et qui se reproduisait. Notre « monde intérieur » est relativement petit et assez partagé. Ce joli jardin ne serait pas venu à l’esprit d’une tribu indigène de la forêt amazonienne.
Ce qui est vraiment important dans le débat actuel sur la psychanalyse. (ne dit-on pas qu’on va voir « son sorcier » ?)
Certain ont découvert un subterfuge : que je traduis ainsi : avant de « faire dans le symbolique », on commence par ce qui s’est vraiment passé. Je me souviens d’un témoignage d’une jeune femme racontant que sa mère psychiatre et/ou psychanalyste interprétait ce qu’elle lui racontait de ce que « lui faisait son père » (visiblement des actes délibérés ou pervers) comme des désirs de la part de sa fille et non une réalité.
D’autres témoignages sont encore plus stupéfiant comme cet enfant dépérissant après un déménagement et dont les parents, psychiatres/psychologues, pensaient qu’il s’agissait d’une difficulté d’adaptation. Ce n’est que plus tard qu’ils ont découvert que, proche du lit de l’enfant se trouvait un vieux robinet de gaz qui fuyait...
Or, il est certain, comme le pensent des thérapeutes plus ancrés dans la réalité, que les traumatismes de l’enfance, notamment les coups, mais également les maladies, ont bien eu lieu, n’ont en soi, aucun sens, aucun sens à donner et que certains psychanalystes voudraient les faire passer pour de simples « désirs ».
Enfin, le phénomène connu par tous, du « déjà vu », que j’ai également guetté, n’est autre que du « déjà vu » dans la réalité.
L’alchimie de notre cerveau est telle, et tellement méconnue que nous savons qu’un monde réel beaucoup plus vaste peut s’ouvrir, à condition de tenir fermement la barre du navire, car il est également capable de délirer.
L’exemple le plus concret est celui du « parole contre parole ». Si, par exemple, un jugement s’appuie sur la parole du menteur, celui-ci peut dire que l’autre délire s’il semble de bonne foi et son discours, se tenir. C’est comme ça que certaines (toutes ?) dictatures enferment les intellectuels dans des hôpitaux psychiatriques, plutôt que dans des prisons.