Friedrich Engels et l’Algérie française !
Voici ce qu’écrivait, en 1848, dans un journal anglais, celui qui, ami de Karl Marx, allait devenir le père et le pape du communisme :
Ce texte est extrait d’un artic1e écrit par Engels quand il était correspondant à Paris pour le journal anglais Nothern Star, vol. XI, 20 janvier 1848, n° 535, p. 7.
« En somme, à notre avis, c’est très heureux que ce chef arabe (Abd-el-Kader) ait été capturé. La lutte des bédouins était sans espoir et bien que la manière brutale avec laquelle les soldats comme Bugeaux ont mené la guerre soit très blâmable, la conquête de l’Algérie est un fait important
et heureux pour le progrès de la civilisation.
Les pirateries des états barbaresques, jamais combattues par le gouvernement anglais tant que leurs bateaux n’étaient pas molestés, ne pouvaient être supprimées que par la conquête de l’un de ces états. Et la conquête de l’Algérie a déjà obligé les beys de Tunis et Tripoli et même l’empereur du Maroc à prendre la route de la civilisation. Ils étaient obligés de trouver d’autres emplois pour leurs peuples que la piraterie et d’autres méthodes pour remplir leurs coffres que le tribut payé par les petits états d’Europe.
Si nous pouvons regretter que la liberté des bédouins du désert ait été détruite, nous ne devons pas oublier que ces mêmes bédouins étaient une
nation de voleurs dont les moyens de vie principaux étaient de faire des razzias contre leurs voisins ou contre les villages paisibles, prenant ce
qu’ils trouvaient, tuant ceux qui résistaient et vendant les prisonniers comme esclaves.
Toutes ces nations de barbares libres paraissent très fières, nobles et glorieuses vues de loin, mais approchez seulement et vous trouverez que,
comme les nations plus civilisées, elles sont motivées par le désir de gain et emploient seulement des moyens plus rudes et plus cruels.
Et après tout, le bourgeois moderne avec sa civilisation, son industrie, son ordre, ses « lumières » relatives, est préférable au seigneur féodal ou au
voleur maraudeur, avec la société barbare à laquelle ils appartiennent. »