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Commentaire de easy

sur De Soler, d'Onfray et de leurs détracteurs. Sur le monothéisme


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easy easy 11 juillet 2012 00:09

Jusqu’à Alexandre, les Grecs étaient casaniers (si la guerre de Troie a vraiment existé, ils l’auront menée à 500 bornes puis seront rentrés dans leurs pénates)
Etant casaniers, ne concevant pas de pays plus grand que la Saine et Marne, les multiples républiques grecques avaient des dieux tout aussi casaniers. Ces païens ont probablement été ceux qui auront le plus domicilié ou situé leurs dieux, les actions de leurs dieux.
 Il existe d’autres paganismes où il y a aussi plein d’histoires homériques mais sans aucune précision géographique. Les attachements aux lieux, par le biais de rochers, de sources, d’arbres, etc. est alors un principe commun au paganisme grec -puis romain- et à l’animisme.

Les Romains d’avant l’empire, étaient eux aussi des casaniers et longtemps après Alexandre.

Avant Alexandre, Grecs et Romains étaient casaniers pendant que d’autres païens, peut-être sous l’influence de Mithra, tels les Perses et les Egyptiens, s’ils avaient eux aussi des dieux multiples, ces derniers n’étaient cependant ni logés, ni mariés, en rien engagés ou attachés sinon par leur spécialité et par leur permanence.
Par exemple, quand on divinise le Nil, on ne verse pas dans l’universel. Mais quand on divinise le soleil et la lune, ce que ne faisaient ni les Grecs ni les Romains, on voit forcément les choses de façon plus universelle « Notre est partout aussi important, tous les hommes du Monde l’adorent probablement autant que nous » 

Et il se trouve que Perses et Egyptiens qui furent les premiers à avoir des dieux universels (ciel, terre, lune, soleil) furent aussi les premiers de notre région à ne pas être casaniers, à avoir des empires de 4000 km d’envergure. (je ne compte pas les Parthes qui ont jailli après Alexandre) 

Que les Grecs aient connu le concept d’universalité et l’aient appliqué par exemple en géométrie, en arithmétique, en musique, certainement. Mais concernant leurs dieux, je crois qu’ils ne les considéraient pas comme étant universels et ne se sont jamais attachés à les retrouver chez leurs voisins quand ils sortaient éventuellement de Grèce.



A moins que les Romains viennent vraiment de Troie, Alexandre serait le premier Grec à être allé très loin en grand équipage, en déménageant donc (beaucoup de philosophes avaient arpenté la Méditerranée mais en solitaires, en se faisant discrets)
Or, quand il s’est retrouvé chez les Perses et aux abords de l’Inde, jamais il n’a imposé son panthéon maison. Au contraire, il a toujours accepté les panthéons locaux et il est allé très loin dans l’ouverture (que permet toujours le paganisme) puisque qu’il a poussé 4000 de ses hommes à épouser des Perses à la manière perse. Manière de montrer que même vainqueurs, conquérant, ils s’adaptaient sans rien mépriser ni imposer d’autre que leur autorité politique, même pas économique car il n’a jamais obligé les régions conquises à verser un impôt à la Macédoine.

Une fois l’empire d’Alexandre constitué, ses diadoques ayant régné et formé ce qu’on a appelé la période hellénistique, quels dieux ont-ils mis en place dans leurs satrapies ? Des dieux grecs ? Non, des dieux locaux. (Alexandre s’étant fait désigner pharaon d’Egypte et descendant du dieu Amon qui est tout à fait égyptien). Après trois siècles de Ptolémée, on parlait certes le grec en Egypte mais les dieux de l’époque antérieure étaient toujours honorés.

Après Alexandre, les Romains jusque là casaniers, avec des dieux aussi casaniers, commencèrent à se promener au loin en quand équipage, au point de bouffer les Grecs très facilement (Car à part Alexandre, les autres Grecs en étaient restés à leur home sweet home) 
Et là encore, quand ces conquérant romains se sont retrouvés face à des peuples ayant d’autres dieux, ils n’ont pas bronché. Ils ont très probablement poussé leurs colonisés à adopter les manières romaines mais jamais absolument et chacun a pu continuer d’honorer ses dieux locaux. 

Ni les Grecs, ni les Romains ne considéraient leurs dieux comme étant universels et ils ne tenaient pas du tout à les imposer aux autres. 
Aussi bien entre eux que vis-à-vis des étrangers, ils n’ont jamais imposé leurs croyances et se sont au contraire laissé bouffer par les monothéismes (à la belle résistance de Julien l’apostat près) 

La dureté des Romains vis-à-vis des chrétiens donne l’impression qu’ils tenaient à ce que les gens croient à leur panthéon mais c’est là une présentation toute chrétienne. Les romains n’avaient rien à cirer de la présence de gens croyant au « poisson » dans cette Rome où il y avait déjà plus de 500 divinités d’honorées par des citoyens, des pérégrins et esclaves venus de tous les coins de l’empire. Ce que les romains n’ont pas supporté c’est le caractère très autoritaire, dictatorial du dieu chrétien alors qu’aucun autre dieu au monde, même le soleil d’Akhenaton, même Ahura Mazda, n’imposaient de lois civiles aux hommes. 

C’est assez extraordinaire mais on ne le réalise pas et c’est bien dommage : En dehors du dieu des abrahamistes, aucun autre dieu au monde n’a ou ne revendique de pouvoir sur les hommes. Ni en intervention au présent, ni en juge.
 
Le dieu des abrahamistes est le seul à vouloir non seulement une promiscuité avec lui mais une promiscuité absolue et avec lui seul. A part leurs avatars en Staline et autres Mao, il n’y a pas eu de politiciens plus absolutistes et paranoïaques que les Pères des monothéismes.
C’est cela l’universalisme religieux. 


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