@ M. Lecomte,
Sur le site d’Arsinoe figure la charte de l’association. Celle-ci détaille « les valeurs fortes » de l’association en trois points :
1. Résilience
2. Attitude de non-jugement (des agresseurs, éventuels conjoints de ceux-ci, et victimes confondus)
3. Le pardon libérateur.
http://www.arsinoe.org/index.php?sec=01_01
Sur le pardon, on peut y lire :
" Alors la paix intérieure mais aussi la paix en relation aux autres pourront advenir.
Il y aura alors peut être pardon, source de réelle liberté.«
Si ce n’est pas prôner le pardon, je ne vois pas ce que c’est.
Que l’on précise que la victime est libre de pardonner ou pas (encore heureux !) ne change rien au fait que celui-ci est présenté comme la meilleure issue possible, la libération ultime.
Puisque vous savez de quoi vous parlez et que vous connaissez bien Arsinoe, peut-être pouvez-vous éclairer le lecteur sur la deuxième »valeur forte« de l’association, celle qui invite à ne pas juger l’agresseur.
»Si l’acte est bien évidemment condamnable, qu’en est-il de l’Homme ?« nous dit Arsinoe.
Quelle meilleure définition de la déresponsabilisation que cette idée que l’on peut condamner des actes mais pas la personne qui les a commis ?
Pour se reconstruire, les victimes d’inceste sont invitées à s’abstenir de juger leur agresseur incestueux pour ses actes ?
Et pourquoi cette majuscule à homme, au fait ? S’agit-il d’insuffler un peu de grandeur d’âme à l’agresseur incestueux ?
»Adopter une attitude de non-jugement permet de ne pas seulement « réduire » l’homme à son acte « déviant ».«
Son acte »déviant« ... étrange façon de désigner les crimes d’inceste. Difficile de ne pas y voir une volonté de minimisation de la gravité des atteintes. Rappelons que le plus souvent, il s’agit d’années de viols et/ou d’agressions sur un enfant ou un adolescent, commis dans un climat délétère et de terreur. Certainement pas d’un acte déviant.
Et quelle est exactement cette »réduction" dont il faudrait s’abstenir ? De quoi peut-il bien s’agir sinon de chercher à amener au pardon et à la réconciliation ?
Je ne cacherai pas que je vois énormément de naïveté dans tout ce préchi précha... en faisant preuve de bonne volonté pour ne pas y voir carrément su cynisme.
A Arsinoe, on semble que les agresseurs incestueux sont beaucoup plus souvent de grands pervers dépourvus d’empathie — mais très bons comédiens — que de pauvres névrosés prêts à se sentir contrits de remords en écoutant leur victime détailler ses souffrances.
Je ne dis pas que ceux-ci seraient tous fondamentalement incapables de s’amender et qu’il serait inutile d’essayer de les y amener. Je sais seulement qu’un type qui a violé ses enfants pendant dix ans en riant de leur terreur est capable de fondre en larmes en demandant pardon à ses victimes, et trouver ça tordant de voir un parterre de psys croire qu’il éprouve un remords sincère. Aussi, je m’interroge : quelles sont les méthodes d’évaluation mises en place pour juger de la sincérité d’un pervers qui dit regretter ses actes ?