On a tendance à réduire la laïcité à la séparation des Eglises et de l’Etat
qui en est sans doute le pilier le plus visible, mais en réalité, la laïcité est
l’application au lien social du principe d’égalité dont elle est le rempart.
D’ailleurs, dans l’article 1er de la Constitution, se croisent la définition de
notre République à travers ses attributs : "La France est une République
indivisible, laïque, démocratique et sociale« ... avec le principe d’égalité
»Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction
d’origine, de race, ou de religion". Le principe d’égalité porte le bien
commun au-dessus des différences, des religions, des sexes, ce que ne supportent pas ceux qui mettent
leur croyance au-dessus de la loi commune, des libertés et des droits
individuels rendus inaliénables à aucun corps intermédiaire par excellence aux
Eglises. Il est un fait qu’un courant croissant parmi les musulmans de France
s’affirme en faveur de la remise en cause du principe d’égalité car il s’oppose
à une conception de la religion qui entend mettre le coran au-dessus de la Constitution,
qui rejette l’égalité entre les musulmans et les autres, entre homme-femme (sourate IV verset 36 et suivants), comme les Frères musulmans n’ont cessé partout pendant les révolutions arabes
de le clamer et commencent à vouloir l’imposer maintenant arrivés au pouvoir. C’est-le refus de tout mélange au-delà de la communauté de
croyance, qui enferme, auto-exclut, communautarise. Un poison pour nos valeurs
collectives et la République fraternelle, celle du mélange, parce qu’elle nous
fait être avant tout des égaux en amont des différences identitaires des uns ou
des autres, qu’elle protège d’ailleurs d’autant mieux les unes envers les autres : puisque la liberté de
conscience et le libre exercice des cultes sont garantis par la loi (article 2 de loi de
séparation des Eglises et de l’Etat de décembre 1905). Il est aussi un fait que les autres Eglises catholique ou protestante voient-là un cheval de Troie pour réencadrer par la religion la société. Faire respecter la
laïcité dans la Fonction publique est dans ce contexte une cause fondamentale, avec ses services publics qui, si on donnait aux droits communautaires la
préférence sur le principe d’égalité, seraient effacés du décor, avec notre
modèle social étroitement adossé à ce principe. Ce séminaire était donc tout à
fait primordial et une étape dans l’action autour d’un plus vaste enjeu, entre promotion de la laïcité et défense d’un modèle de société au niveau de protection sociale unique qui repose sur le principe constitutionnel d’égalité. La laïcité est résolument le symbole même du combat pour l’émancipation de tous,
du peuple, celui du progrès et de la liberté ! Merci Monsieur Chalot !
Lien avec la publication du HCI-CNAM à laquelle l’article fait référence : http://www.laiq2012.net/HCIGC.html / « Modèle social français et laïcité »