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Commentaire de Frédéric B

sur Puis-je encore travailler ?


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Frédéric B Frédéric B 23 juillet 2012 10:49

Bonjour,

vous n’êtes absolument pas « méchant », vous êtes un lecteur attentif ! Tous ces « je moi mon ma » pullulent dans mon billet car je pars d’une réflexion personnelle sur là où j’en suis dans ma vie. Cette question que je me pose concerne, à priori, tout le monde puisque le travail est un élément socle de nos sociétés ; toutefois, je ne peux éviter de centrer les effets qu’induisent le travail sur ma petite personne : fruits de mes expériences et de mes analyses. Concernant l’individualisme que vous relevez dans le billet, je dirai qu’il serait profondément démagogique de croire que l’être humain ne vit pas avant tout pour lui même. Toute pensée, tout acte ont un point de départ et un point d’arrivée communs : l’individu. Tant mieux si les velléités de cette pensée ou de cet acte sont pour le « bien » commun. Dommage si c’est l’inverse. Et c’est plutôt l’inverse, notamment, en ce qui concerne le sujet de ce billet : le travail.

Quant à l’évolution de l’espèce humaine et à son histoire, elles nous permettent aujourd’hui de vivre dans un confort douillet. Certes, notre quotidien est bien plus tendre que celui de nos ancêtres des cavernes (enfin nous le supposons, nous n’y étions pas). Mais à quel prix pour certains d’entre nous. Je n’ose me projeter dans la vie d’un homme qui a participé à la construction des premiers chemins de fer. Ou dans celle de l’homme qui ramasse nos fruits d’été en Espagne. Ou dans celle de l’homme qui fabrique nos chemises dans des pays lointains. Que dire des pêcheurs-esclaves, en Thaïlande qui fournissent nos tables en poisson et qui travaillent quasiment 24H/24H sans voir un morceau de terre pendant des mois voire des années (cf un article dans un courrier international n°1129 du 21 au 27 juin 2012) Et la liste est longue. De mon point de vue individualiste, je me demande pourquoi d’autres individus devraient se sacrifier pour mon confort individualiste. Serai-je plus méritant, plus apte à être dorloter que certains autres ? Je ne le pense pas.

Ici, en France, malgré les nombreux droits acquis, le travail semble être devenu une contrainte qui ne joue plus un rôle d’accomplissement de soi. Nombreux sont ceux qui souffrent au travail et attendent comme une gloriole jours de RTT et autres congés annuels. Parce que trop souvent, le lieu de travail nie l’individu. Il est important de ne pas se tromper d’individualisme. Si l’individu se sent bien dans ses baskets alors il se sentira mieux avec les autres. Le bien être collectif part, à mon sens, du bien être de l’individu. C’est un autre débat.

Et le mot travail, je l’ai toujours associé au mot « passion » (comme vous l’exprimez dans votre réponse). Sans cette énergie c’est l’ennui. Je suis encore jeune, j’ai moins de 40 ans, j’ai déjà beaucoup travaillé auprès des autres (anciennement travailleur social) et je sais ce qu’engendrent les souffrances individuelles chez mes congénères et les conséquences désastreuses sur le plan collectif de l’accumulation de ces souffrances individuelles qui ne sont au final que des blessures narcissiques.

Dans mon billet, je ne prône donc pas l’individualisme que la société semble vouloir nous imposer à savoir un individualisme accompli par sa capacité à produire et à consommer (une individualité erronée puisque évaluée à partir de critères matériels et de classifications sociales) mais un individualisme plus affiné, plus complexe, plus âpre à acquérir et conquérir puisque concentré sur les valeurs intrinsèques de la personne.

Vous employez le terme « sacrifice » et, là, je ne suis pas d’accord avec vous. Pourquoi le travail doit être un sacrifice ? Ne pouvons nous pas envisager des sociétés sans sacrifices ? Le sacrifice est une offrande que l’on fait à une divinité ; pensez-vous que les entreprises soient des déesses ? Le travail ne doit pas induire une abnégation de soi. Car tôt ou tard, le soi bafoué se rebelle et l’on peut voir ce que produise des « soi » bafoués. De la violence.
Vous abordez « l’animal », voici un billet que j’avais écrit sur mon blog sur l’homme et l’animal : http://manqueraitplusqueca.wordpress.com/2011/10/17/lhomme-est-un-animal-presque-comme-les-autres-et-alors/

Quoi qu’il en soit, merci pour votre réaction.


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