Rentré à 40 ans à l’éducation nationale, à un an d’une
retraite d’autant plus souhaitée après la « casse » de ces dernières
années, je ne vois plus chez mes
collègues que lassitude et découragement. En contraste, je trouve votre
dynamisme positif et encourageant !
Je partage pour l’essentiel votre analyse juste et
lucide. Mais, enseignants en milieu rural, le
Rased est resté pour nous à l’état de sigle : les maîtres E et G
concentrés sur la ville voisine et ses quartiers en difficulté, n’ont eu ni le temps
ni les moyens de se décentrer d’un état d’urgence permanent. Nous avons
heureusement pu bénéficier des éclairages des psychologues scolaires ;
d’autant plus utiles qu’aucun d’entre nous, ni à l’IUFM, ni à l’occasion des
séances de formation annuelle, ne s’est jamais vu proposer la moindre approche
de ce type. Les Rased démantelés, les psys relégués désormais au rôle itinérant
de pompier urgentiste du « mal être à l’école », les enseignants se
voient seuls face à une tache bien trop lourde. La demi-heure quotidienne d’ « Aide Personnalisée » instituée par le
précédent gouvernement était censée permettre à ces spécialistes de la
pédagogie différenciée de faire face à tous les cas de figure. Le résultat ne
pouvait être que le constat d’échec d’un saupoudrage auquel personne n’a jamais
cru. De quoi renforcer encore ce sentiment de dévalorisation des enseignants qui
se sentent pris en étau entre une hiérarchie pesante, inutile et volontariste,
et des parents consuméristes de plus en plus laxistes. Quant aux médias ils dénoncent
une école qui ne joue plus son « rôle d’ascenseur social » et les
titres du style « Ecole, peut mieux faire » commentent des
statistiques qui voient la place de la
France baisser dans les classements internationaux ! Sombre constat que
Les Rased ne suffiraient pas à inverser.
Mais les supprimer est tout le contraire de ce qu’il faut faire, de même que
supprimer la formation des enseignants est incompréhensible,
injustifiable !
Finalement, il me semble que le mal être à l’école n’est
que le reflet du profond mal être d’une société qui ne veut pas se remettre en
question, le retour en miroir d’une image dont elle se passerait bien. L’école
du quartier ghetto en difficulté pourra
et devra toujours « mieux faire » ; elle sera toujours une
« école en difficulté ». L’école irait très bien s’il n’y avait pas
de quartier ghetto. En attendant, elle est un parfait « bouc
émissaire ». Constat plutôt sombre, mais qui ne se veut pas
démobilisateur : dans ces conditions difficiles, il me semble que l’école a,
plus que jamais, besoin de psys, de maitres E ou G formés, et d’enseignants guidés et soutenus. Ne baissez pas les bras !