Je vous rejoins tout à fait sur votre dernier message.
Ce que je reproche à des exercices comme ceux de la page vers laquelle vous m’avez renvoyé, c’est qu’ils donnent l’impression de « forcer » le résultat en introduisant des facteurs « anthropiques » et « naturels » un peu artificiels pour coller, sur une période assez courte au demeurant (quelques décennies), à une observation. C’est un biais de modélisation bien connu (y compris en modélisation financière et économique) mais auquel succombent hélas bien des modélisateurs qui sont plus préoccupés d’obtenir ou de vérifier un résultat a priori que de voir objectivement ce que donnent des modèles axiologiquement neutres. Ce genre de méthode ne peut dans tous les cas être aussi satisfaisante que la prise en compte de phénomènes naturels « collant » d’eux-mêmes aux variations cycliques observées.
"cela montre effectivement qu’on
est en pleine découverte des processus et qu’il vaut mieux être prudent,
ce qui n’empêche pas bien sûr d’avoir un avis, encore faut-il lorsqu’on
écrit un article à destination du public être raisonnable sur ses
conclusions.«
Je ne peux que vous approuver là-dessus. On ne peut que constater aujourd’hui l’accumulation de preuves allant dans le sens d’une remise en question nécessaire des modèles actuels reposant principalement sur un effet de serre ; je pense que là-dessus un consensus est en train de naître dans la communauté scientifique (même s’il ne »perce« pas encore tout à fait dans les médias, en tout cas francophones) ; mais il faut rester prudent vis-à-vis de nouvelles théories certes séduisantes mais qui demandent encore à être validées. Il me semble que j’ai fait preuve d’une telle prudence dans mon article en ne faisant que mentionner la théorie de Svenmark comme étant »en cours de validation« , ce qui veut dire qu’il est tout à fait possible qu’elle soit invalidée. Ceci ne m’empêche pas de penser et de dire en toute franchise que, en fonction des éléments en ma possession, je suis intimement persuadé qu’elle est théoriquement beaucoup plus satisfaisante et prometteuse.
Il n’en reste pas moins que, de façon plus philosophique, il me paraît un peu prétentieux de prétendre que l’homme est capable de modifier le climat terrestre de façon significative tout en niant que le soleil puisse le faire tout aussi bien. Je quitte là un peu le domaine scientifique pour exprimer une sensibilité personnelle (je reconnais donc être à partir de ce point - mais seulement de ce point - dans le domaine de la philosophie, et même de l’idéologie) ; mais il me paraît plus modeste et sage de mesurer à quel point nous sommes dépendants de phénomènes naturels qui nous dépassent, plutôt que de nous imaginer que nous en sommes les seuls responsables. En effet, derrière cela, il y a toujours l’idée que nous sommes en mesure de contrôler notre environnement. Dire que c’est notre activité qui perturbe involontairement le climat revient à dire que nous pourrions le contrôler volontairement (et telle est bien l’ultime conclusion des partisans du GIEC : la »géo-ingénierie...« ). Dans cette perspective, défendre la théorie des GES participe selon moi à la même idéologie cartésienne (et même avant cela biblique) que celle qui veut justifier les OGM, le clonage humain, l’eugénisme etc., à savoir celle de la possibilité, et même du »droit", de l’homme à modifier à sa guise son environnement. Je digresse un peu, mais tout ceci renforce ma conviction que la lutte contre le réchauffement climatique est un faux combat, non seulement scientifiquement, mais aussi environnementalement et, plus largement, philosophiquement.