• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Dalva

sur Injures de rue : la réaction d'Oser le féminisme


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Dalva 9 août 2012 00:55

Moi, ce qui m’étonne c’est que cette affaire sorte seulement aujourd’hui et qu’elle fasse un tel barouf, comme si le problème datait d’aujourd’hui, comme s’il était bruxellois, comme si on n’en avait jamais entendu parler.

Eh bien, je n’ai que l’échelle de ma propre vie, mais je suis prête à parier que de plus vieilles que moi pourraient témoigner de la même manière.

J’ai 60 ans et j’ai toujours vécu en ville. Ce harcèlement quotidien, c’est la vie de tous les jours : pas des choses « graves », mais une pression constante, un parasitage, une pollution de notre espace vital, on peut comparer ça aux mouches que l’on chasse d’un revers de main et qui reviennent se poser au même endroit. Et ce, quelle que soit la façon dont vous vous habillez, quelle que soit votre attitude, quelle que soit votre humeur, quelles que soient les pensées qui vous habitent. 

Ca ne s’arrête que passée la cinquantaine, peu à peu vous devenez transparente, et un jour, vous vous dites : tiens ! on ne m’emmerde plus dans la rue.

Certains hommes ici vont supposer que ce n’est pas flatteur (car ils se figurent que c’est à prendre comme une flatterie). Eh bien, non, c’est un soulagement. Enfin tranquille…

Parmi de nombreux souvenirs, il y en a un qui m’a fait comprendre un jour que ça n’avait rien à voir avec moi : au printemps, temps frisquet, crève carabinée, humeur de dogue, plutôt emmitouflée, un type m’a suivie et emmerdée pendent un bon quart d’heure, bien que je l’aie envoyé promener : insistance, insistance, insistance.

Une autre fois, toujours pas de décolleté, toujours pas de mini-jupe, la nuit, j’aimais marcher, un autre m’a suivie de Montparnasse à Gare de Lyon. 

Le problème, c’est qu’ils insistent, qu’ils vous collent et que c’est répétitif et non exceptionnel. D’où l’impression de généralisation : il ne s’agit pas de tous les hommes, mais pour chaque femme, c’est une situation constante.


Dans les yeux de ces hommes, je ne me sentais rien d’autre qu’une pâtisserie dans une vitrine. Une femme sans collier (sans compagnon) est juste bonne à consommer pour ceux qui s’en sentent l’appétit.


Et non, ça n’a rien à voir non plus avec la vulnérabilité. Je ne suis ni peureuse ni timide et j’ai la langue bien pendue. L’homme qui agit ainsi ne voit qu’une femelle, il se fout de votre personnalité.


Et non, ce n’est pas non plus de la drague, on n’est pas débiles, on sait faire la différence.


Je suis désolée que les jeunes femmes doivent encore se farcir ça.


Et Hommelibre est à côté de la plaque, car il ne se représente pas son pendant : Femmelibre.

 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès